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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 00:30
François Hollande à Istanbul :  extraits du discours au Palais de France

C’est un discours prometteur pour les relations franco-turques que François Hollande a prononcé ce soir au Palais de France.

Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu un chef de l’Etat français parler de façon si favorable au sujet de la Turquie.

Ajout du 29: N'ayant pas réussi à enregistrer le début du discours, je l'emprunte à l'article de Anne Andlauer dans le Petit Journal d'Istanbul, merci, Anne.

Lien vers l'article du petit Journal

http://www.lepetitjournal.com/istanbul/accueil/actualite/176007-discours-a-la-communaute-francaise-francois-hollande-nous-ne-devons-pas-avoir-peur-de-la-turquie

"Ma visite montre une volonté commune, entre la France et la Turquie, d'aller de l'avant. Je suis venu avec sept ministres, des parlementaires à la tête des groupes d'amitié franco-turque au Sénat et à l'Assemblée nationale, le député des Français de l'étranger qui vous représente, des chefs d'entreprise, des intellectuels. Il fallait une délégation qui puisse prendre en compte 22 ans sans visite d'Etat en Turquie d'un président de la République française. Je rappelle que le Général de Gaulle était venu en 1968, puis François Mitterrand en 1992.”

“La Turquie est-elle dans l'Europe ?

Bien sûr que la Turquie est en Europe !

Mais un processus a été ouvert en 2004 sous Jacques Chirac. Dix ans après, des chapitres (de négociations, ndlr) ont été ouverts, d'autres ne l'ont pas été. Cette perspective doit demeurer, sans que l'on puisse encore en déterminer l'issue. Mais il est de la responsabilité de la France de tenir sa parole, c'est-à-dire de permettre que des chapitres s'ouvrent. Nous en avons débloqué un, et j'ai annoncé aux Turcs que nous étions prêts sur deux autres chapitres – l'un concernant la séparation des pouvoirs, l'autre sur l'indépendance de la justice. Les Turcs ont eux-mêmes souhaité que ces chapitres soient ouverts. Chacun sera devant ses responsabilités.”

François Hollande à Istanbul :  extraits du discours au Palais de France

Ma retranscription de la suite du discours : ( j'essaye de transcrire certaines parties du discours mot à mot, s'il y a de petites erreurs, veuillez m'en excuser...)

L’essor de la Turquie

« Il ya toujours des peurs chaque fois que l’on évoque la Turquie en France ; certains d’ailleurs sont assez habiles- le mot habile est peut-être exagéré- malins, pour utiliser ces peurs. Or, je crois que nous ne devons pas avoir peur de la Turquie. Nous devons au contraire lui tendre la main comme elle veut elle-même prendre une part du chemin que nous avons fait en Europe. Pourquoi ? Parce que, d’abord, je l’ai dit, la Turquie a fait des réformes, considérables ces dernières années, vous en avez été témoins, chers compatriotes qui vivez depuis longtemps ici, qui parfois avez la double nationalité ; ces réformes ne sont pas achevées, loin de là, mais la Turquie s’est transformée aussi sur le plan économique, et là, c’est impressionnant pour celles et ceux qui ne viennent en Turquie que pour les vacances, ou ceux qui ne voient la Turquie que de loin ou qui pensent encore que la Turquie, c’était encore un pays en voie de développement. Non, la Turquie, c’est la dix-septième puissance économique du monde, avec un rythme de croissance, qui, à un moment, a pu atteindre les neuf pour cent, et s’il y a un ralentissement, c’est encore quatre pour cent de croissance, observée, constatée, avec des échanges qui ont été multipliés par trois ces dernières années, notamment cette dernière décennie, avec une industrie qui est puissante, notamment dans l’automobile,  et aussi dans le textile, et puis les technologies qui sont devenues ici familières. Je ne parle pas des grands travaux d’infrastructures, des tunnels sous le Bosphore, des ponts, des trains ; alors, nous avons parlé de tout."

 

L’histoire commune

" Et pour parler d’économie, il fallait d’abord parler de politique. C’est ce que nous avons fait, aussi bien avec le Président de la République, Monsieur Gul, qu’avec le premier ministre, Monsieur Erdogan, ou nous avons évoqué bien sur l’histoire, celle qui nous unit,  et nous permet à chaque fois- et nous sommes dans un lieu qui en est le produit, et nous permet d’évoquer la rencontre au XVI siècle entre François Ier et Soliman le Magnifique ; histoire qui  nous unit, dans doute, celle de nos cultures, il y a quelques heures à Galatasaray, c’est  vrai que c’est impressionnant qu’il y ait encore cette université, autrefois lycée, qui maintenant a pris une dimension supplémentaire avec l’université, qu’avait d’ailleurs inauguré François Mitterrand il y a vingt deux ans, mais nous ne pouvons pas en rester là, nous devons regarder ce que politiquement, nous pouvons faire ensemble."

François Hollande à Istanbul :  extraits du discours au Palais de France

Les objectifs communs

"Et, là-dessus, il y a des convergences qui existent sur le plan international. Nous sommes préoccupés par la situation en Syrie mais j’ai reconnu aussi que la Turquie faisait un effort considérable pour accueillir des réfugiés, près de 700000 ; que nous devons la solidarité à l’égard des Turcs qui eux-mêmes en font la démonstration à l’égard des Syriens. Et aujourd’hui, nous avons cette conférence de Genève 2 qui s’enlise, et avec le risque d’une guerre qui peut encore produire son lot de massacres,  d’exactions, sans que les armes chimiques ne soient utilisées puisqu’elles vont être détruites ; il a fallu la pression et la menace pour en arriver là mais il y a d’autres armes qui tuent et qui tuent toujours les mêmes, c'est-à-dire les civils. Et puis, il y a ces risques aussi d’extrémisme, que nous connaissons bien, qui font qu’il peut y avoir aussi des filières djihadistes qui s’organisent et qui peuvent passer par la Turquie. Vous avez vu ces deux jeunes adolescents qui venaient de (...), enfin qu’on a récupérés,  j’en remercie les autorités turques, et qu’on a ramenés, et ça en dit long aussi, sur l’entreprise de manipulation des esprits qui peut conduire des jeunes qui n’ont rien à faire, en Syrie,  Donc, nous avons sur ces points-là des objectifs communs avec nos amis turcs, et sur ce point-là, nous avons avancé aujourd’hui au cours de cette visite d’état."

François Hollande à Istanbul :  extraits du discours au Palais de France

Les relations économiques

"Et après, il y a les relations économiques, qui supposent que l’on soit là aussi clair ; nous devons faire des partenariats, pas simplement avancer nos marchandises. J’ai été moi-même surpris, enfin, j’étais quand même informé, que notre part de marché qui, il y a dix ans en Turquie, était de six pour cent, était tombée, pour les raisons que l’on sait, et qui ne sont pas économiques, était tombée à trois pour cent ; donc, il y a une relance à opérer, c’était très important qu’il y ait ces chefs d’entreprise français qui m’ont accompagné ; nous avons eu des rencontres avec des chefs d’entreprise turcs, et ce forum économique ce matin, qui, je crois, est prometteur, dans des domaines très importants, d’ailleurs, de l’énergie, même nucléaire, puisque le contrat a été signé pour une construction de centrale, mais aussi d’autres sources d’énergie, le gaz, et puis les énergies renouvelables, c’est un domaine essentiel, et nous pouvons partager la technologie, dans le domaine des transports, enfin, je ne vais pas vous faire la liste, des lignes TGV que nous voulons ouvrir avec nos amis turcs ; il y a le domaine de l’agro-alimentaire, où nous devons lever un certaine nombre de barrières ou d’obstacles, et puis, il y a aussi tout ce qui a trait aux nouvelles technologies, que nous devrons mettre en œuvre, et c’est le cas aujourd’hui où nous avons signé un contrat pour les satellites. Voilà, et vous y contribuez, à ces succès possibles. En tout cas, vous représentez, pour certains d’entre vous, nombreux, il y a ici des techniciens, des employés, des cadres d’entreprise, qui se dévouent pour que justement, en restant dans ce nouveau contexte politique, dans ce nouveau climat qui a été ouvert par cette visite d’état, nous puissions, vous puissiez, faire valoir toute la technologie et l’excellence françaises. Et elle serait bien moins possible s’il n’y avait pas aussi des services qui doivent être apportés à la communauté française.

Vous êtes huit mille ressortissants français en Turquie, beaucoup à Istanbul, et je sais que cette communauté, -et l’ambassadeur me l’a rappelé et la consule aussi, et la consule honoraire- ne cesse de grandir, c’est très important ; on peut dire : pourquoi faut-il qu’il y ait tant de français qui vivent à l’extérieur du pays ? Ces Français de l’étranger, vous, vous contribuez au développement de la France, à l’idée de la France, aux produits français, dans tous les domaines, et je sais que vous représentez de nombreux secteurs, mais il faut aussi des services et notamment des établissements scolaires."

Les établissements scolaires

"Chaque fois que je dis « établissements scolaires », il y a toujours une voix qui dit « ah ! », soit un enseignant, soit un parent d’élève, ou les deux à la fois, parce que c'est vrai que vous avez de très beaux établissements,  le lycée Pierre Loti;  je salue aussi ceux qu’on appelle « les Saints », ces établissements de congrégations qui font valoir l’enseignement en français, mais c’est une chance que d’avoir ces établissements de très grande qualité et je salue donc le personnel enseignant, tous les personnels qui s’y dévouent et qui sont exceptionnels, et j‘ai rencontré aussi les enseignants de Galatasaray, qui font un travail remarquable ; et les parents, compte tenu des frais de scolarité que ça représente ; d’où la question des bourses qui est reposée, avec de nouveaux calculs pour faire en sorte que nous puissions offrir à tous ceux qui, français, veulent mettre leurs enfants dans les écoles françaises dans de meilleures conditions, qualité et également, frais ; mais nous avons aussi le devoir d’accueillir des enfants de familles turques ou de familles d’autres nationalités, c’est ce qui va permettre la promotion aussi de la France. Avec cette ambition qui est la nôtre de la francophonie, qui n’est pas simplement une espèce de nostalgie – la langue française doit être parlée-, non, la langue française va être de plus en plus parlée, doit être de plus en plus parlée, parce que c’est un principe aussi de diversité culturelle, et parce que c’est un instrument, également de liberté, d’affirmation de valeurs, ça porte la culture ; ce qui me permet aussi de saluer les Instituts qui permettent de travailler ici, à Istanbul, pour justement la promotion de nos créations, de nos spectacles. Je veux également regarder ce qui se fait ici pour l’archéologie, qui est une grande tradition française, ici, à Istanbul, et plus largement en Orient."

Personnellement, j'ai tenu à remercier François Hollande pour son discours.

Personnellement, j'ai tenu à remercier François Hollande pour son discours.

Extrait de la fin du discours 

« Voilà ce que j’étais venu vous dire, je pense que cette visite est importante, et devra être suivie d’autres, je pense à des visites ministérielles qui vont se succéder, à des visites de délégations d’entreprises, nous devons multiplier les échanges, j’ai également adressé un message aux entrepreneurs turcs, j’ai dit, c’est bien qu'on vienne investir, on va le faire davantage, il y a déjà 450 entreprises françaises ici, donc, il peut y en avoir d’autres, mais ce serait bien que vous veniez, vous aussi, investir en France, parce que vous êtes des grands de l’économie et vous avez vocation à être sur des grands marchés, et notamment les nôtres, y compris par rapport à votre aspiration à venir en Europe. Eh bien, venez investir en France ; je pense que ce message a été entendu. »

Photo réalisée par Nathalie Ritzmann. Au centre, Monsieur Billi, Ambassadeur de France en Turquie.

Photo réalisée par Nathalie Ritzmann. Au centre, Monsieur Billi, Ambassadeur de France en Turquie.

François Hollande a mis du baume au cœur à tous les Français qui comme moi, ont consacré, depuis des décennies, une partie de leur énergie à faire rayonner la culture française en Turquie mais aussi à faire connaître la Turquie en France...

Merci à Nathalie Ritzmann pour toutes les photos...

Merci à Nathalie Ritzmann pour toutes les photos...

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2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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