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3 septembre 2020 4 03 /09 /septembre /2020 14:36

Ma dramatique expérience personnelle : une personne de 90 ans aux urgences

« Ses lunettes ? Il n’y a rien à voir, il n’y a que le plafond à regarder ! »

En ce qui me concerne, c’est en juillet 2020 que j’ai eu la triste occasion de me rendre compte par moi-même que oui, lorsqu’on dépasse un certain âge, on n’est plus soigné avec autant, disons, de conviction…

Le 24 juillet, je me trouvais depuis un mois auprès de ma mère, âgée de 90 ans ; elle s’était réveillée le matin « fatiguée », bien qu’elle soit une personne très dynamique et entièrement autonome. A midi, en marchant, elle se met à avoir « la tête qui tourne », au point de ne plus pouvoir se rendre à sa chambre sans mon aide. J’appelle SOS médecins, j’explique la situation, 90 ans, bref, on me dit qu’il n’y a aucun docteur disponible pour venir ; j’appelle le Samu, même discours. Constatant que les vertiges s’aggravent, je me résous à appeler les pompiers, nos valeureux sauveteurs anges-gardiens, toujours efficaces, et ma mère, dix minutes plus tard, est conduite aux urgences de l’hôpital d’une célèbre station balnéaire de la Côte d’Azur.

J’avais suivi l’ambulance tout en sachant que je ne pourrais entrer dans le service mais je demande au secrétariat si on peut remettre à ma mère ses lunettes car elle a des problèmes de vue.

Réponse de la dame : « Elle n’a pas besoin de ses lunettes, il n’y a rien à voir, il n’y a que le plafond à regarder ! » Je demande comment je pourrai obtenir de ses nouvelles : « Rappelez dans une heure ».

Une heure plus tard, je téléphone, impossible d’obtenir la doctoresse qui s’occupe de ma mère. « Rappelez dans une heure », me dit-on à nouveau. Encore une heure plus tard, je rappelle donc et on me dit : « Il y en a marre que tout le monde appelle pour obtenir des nouvelles de cette dame ! » Je lui rétorque que « tout le monde », c’est moi et que c’est elle qui m’a dit de rappeler une heure plus tard… Le serpent se mord la queue… Ce cirque continue jusqu’à 20h30.

Aux urgences à 90 ans : il est donc si facile de laisser mourir les vieux ?

Vertiges : « Ce n’est qu’une infection urinaire due à son âge ! »

A 20h30, je reçois un coup de fil des Urgences, enfin, c’est la doctoresse qui m’annonce d’une voix triomphale : « Elle est sortante, tout va bien, ce n’est qu’une infection urinaire due à son âge, venez la chercher ». Très étonnée par ce diagnostic pour des vertiges, je pars la chercher ; elle-même est très décontenancée par ce qu’a dit la doctoresse car elle continue à avoir la tête qui tourne. Elle est si fatiguée qu’elle s’endort dans la voiture et que j’ai du mal à la remonter à la maison. Dès notre arrivée, elle se couche et tombe dans un sommeil très profond.

L’AVC : « vous êtes sûre qu’elle n’est pas en train de ronfler ? »

Trois heures plus tard, alors que je travaille à mon ordinateur, j’entends ma mère se lever. Je vais immédiatement voir comment elle se porte et au bout de quelques paroles, elle tombe violemment sur son lit, perd connaissance et sa respiration devient un râle terrible résonnant dans toute la maison. En panique, je rappelle les urgences de l’hôpital, et là, on me dit : « Vous êtes sûre qu’elle ne s’est pas endormie et qu’elle n’est pas en train de ronfler ? »

Dégoûtée, je raccroche et je rappelle vite les anges-gardiens, les pompiers, en leur demandant de bien vouloir conduire cette fois ma mère à l’hôpital où j’avais accouché autrefois de mes deux fils. Le médecin qui les accompagne me fait comprendre au bout d’une demi-heure de tentative de réanimation à la maison, qu’il n’y a plus rien à faire, que c’est sans doute un AVC fatal, que ma mère ne se réveillera pas et que d’ailleurs, on ne la mettra pas en soins intensifs car de toute façon, si elle se réveillait, elle garderait des séquelles neurologiques terribles (décision que j’approuve totalement car ma mère n’aurait pas voulu d’acharnement thérapeutique). Ma mère est décédée trois jours plus tard sans être sortie du coma.

Aux urgences à 90 ans : il est donc si facile de laisser mourir les vieux ?

Alors, la question que je me pose :

Certes, on peut me dire qu’elle avait 90 ans et que son heure était arrivée. Mais lorsqu’elle a été conduite la première fois aux urgences pour vertiges, est-ce que ce n’était pas tout simplement les prémisses de l’AVC qui l’a emportée quelques heures plus tard ? Si elle avait été plus jeune, l’aurait-on renvoyée à la maison avec un diagnostic d’infection urinaire ? Est-ce qu’il n’y avait vraiment « rien à faire », un médicament à administrer, pour empêcher l’AVC ? N’étant pas médecin, je ne peux répondre à ces interrogations. Mais je garderai toujours un doute dans le cœur… Je me pose des questions, je me pose des questions…

 

PS : Au passage, j’en profite pour témoigner toute ma reconnaissance aux pompiers, merci pour votre aide, chers anges-gardiens…

Méditation sur ce qui s’est passé en 2020

Déjà, l’Italie et la France avaient défrayé la chronique internationale lors de la crise du Covid-19 avec la rumeur disant qu’on y laissait mourir les vieux dans les Ehpad, sans même chercher à les soigner ou à les conduire à l’hôpital. Je me trouvais alors confinée à l’étranger et les personnes que je rencontrais me demandaient d’un air soupçonneux : « Est-ce que c’est vrai que chez vous, on ne soigne pas les vieux ? Et même, qu’on les tient enfermés dans les maisons de retraite en interdisant à leur famille d’aller les voir ? » Et tous s’étonnaient : « Quoi, dans un pays aussi démocratique que la France, qui descend dans la rue au moindre mécontentement, personne n’est allé manifester pour sauver ses parents ? Chez nous, où on ne manifeste pas par crainte de la répression, c’est sûr qu’on serait allé enfoncer la porte des maisons de retraite pour sauver nos aînés ! » Ces paroles m'avaient longtemps donné à réfléchir... Maintenant, c'est pire...

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11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 00:58

Basilique byzantine, mosquée ottomane, musée de la république

Edifiée par Justinien en 537, Sainte Sophie ou la "Divine Sagesse" fut, pendant 916 ans, le symbole de l’orthodoxie et resta la plus grande église du monde jusqu’à l’achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.

Convertie en mosquée en 1453 à la conquête de Constantinople par Mehmet le Conquérant, elle devint un musée à l’époque d’Atatürk en 1934. Elle était considérée depuis comme le symbole du pluralisme religieux de la Turquie.

Istanbul : encore un tour  à Sainte-Sophie

La réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman

Le vendredi 10 juillet 2020, le Conseil d’Etat turc a déclaré illégale puis annulé la décision de 1934 qui avait fait de Sainte-Sophie un musée « offert à toute l’humanité ». Un décret présidentiel a suivi pour remettre les clés du musée à la Direction des Affaires religieuses afin de rouvrir le lieu au culte, tout en s’engageant à ce qu’il reste ouvert à la visite pour tous, Turcs ou étrangers, musulmans et non musulmans ; la première prière y aura lieu le vendredi 24 juillet…

Depuis les trois décennies que je vis en Turquie, le sujet de la réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman a été débattu des dizaines de fois, voire utilisé par certains comme argument de campagne électorale destiné aux traditionnalistes, qui d’ailleurs, dès l’annonce de la décision, se sont assemblés devant le musée en criant « les chaînes ont été brisées ! », pour fêter ce qu’ils nomment une « résurrection ».

Istanbul : encore un tour  à Sainte-Sophie

Le destin des mosaïques

Qu’en était-il exactement dans la réalité ? En dépit de son statut officiel de musée, depuis 1991, un emplacement de Sainte-Sophie, qui avait son propre imam, avait été affecté à la prière, dans l’espace jadis réservé au repos du sultan ; et depuis 1996, l’appel à la prière était lancé depuis l’un des quatre minarets.

Mais l’inquiétude des amateurs d’histoire porte désormais sur le destin des célèbres mosaïques, recouvertes de badigeon blanc pendant la transformation en mosquée puis dévoilées et restaurées à grands frais pendant des décennies lors de la période du musée ; les partisans de la reconversion en mosquée disent qu’elles se situent au- dessus des portes d’entrée des vestibules et surtout dans la tribune de l’étage, ce qui ne constitue pas un obstacle à la prière, puisqu’on ne les voit pas. Par contre, que deviendront la Vierge Marie et l’archange saint Michel de l’abside ? Certains proposent de les cacher par des projecteurs de lumière sombre lors de la prière. En ce qui concerne les quatre célèbres séraphins ornant les contreforts, à l’époque ottomane, on avait masqué leur visage avec des cabochons dorés (qui subsistent toujours, seule la face de l’un des quatre a été dévoilée.)

A la Sainte-Sophie de Trabzon, redevenue mosquée en 2013, des panneaux blancs délimitent les espaces réservés à la prière, ce qui permet d'apercevoir les fresques d’origine mais empêche désormais toute vision d’ensemble de l’édifice (Précisons au passage que les habitants de Trabzon, qui avaient milité pour que la Sainte-Sophie de leur ville soit réouverte au culte, ont vite déchanté car désormais, il n'y a plus de touristes... )

Mosaïque de l'entrée sud-ouest de Sainte-Sophie. Constantin présente à la Vierge une maquette de la ville de Constantinople et Justinien lui offre la basilique...

Mosaïque de l'entrée sud-ouest de Sainte-Sophie. Constantin présente à la Vierge une maquette de la ville de Constantinople et Justinien lui offre la basilique...

Détail de la Déisis, dans la galerie supérieure...

Détail de la Déisis, dans la galerie supérieure...

Quel avenir pour Sainte-Sophie ?

 Jusqu’à ce jour, les deux lieux les plus visités de Turquie étaient le palais de Topkapi et Sainte Sophie, avec environ trois millions de visiteurs chacun par an. Sainte-Sophie redevenue mosquée, l’entrée en sera-t-elle gratuite ? La somme rapportée par les billets d’entrée ne manquera-t-elle pas pour entretenir le bâtiment ? Ajoutons cependant que des rumeurs affirment qu'il faut faire la différence entre "ouvrir au culte" et "transformer en mosquée" ; pour le moment, on est encore dans le premier cas de figure, ce qui n'empêche pas de faire payer l'entrée pour la visite... Mais ce ne sont que des suppositions...

L’Unesco, qui avait classé Sainte-Sophie sur la liste du Patrimoine mondial de l'Humanité, s’est déclaré déçu par l’absence de dialogue concernant son changement de statut. Quant aux professionnels du tourisme en Turquie, ils ne dissimulent pas leur désarroi…

 

Istanbul : encore un tour  à Sainte-Sophie

Bon, disons que cette très vieille dame de Sainte-Sophie en a vu d’autres ; la première basilique de l’histoire chrétienne, élevée par l’empereur Constantin en 360 et nommée « Grande Eglise », brûla lors d’un soulèvement populaire. La deuxième, construite par Théodose en 415, disparut aussi dans un incendie en 532, lors de la sédition Nika, qui faillit renverser Justinien. Ce dernier confia alors au physicien Anthémius de Tralles et au mathématicien Isidore de Millet la réalisation de son pharaonique projet. Dix mille ouvriers travaillèrent durant cinq ans à l’édification de l’église actuelle, pour élever un sanctuaire « tel que depuis Adam, il n’y en eut jamais et qu’il n’y en aura jamais plus », doté d’une coupole d’or haute de cinquante-sept mètres symbolisant le passage de la terre au ciel.

En 1204, Sainte-Sophie fut entièrement pillée par les croisés de la Quatrième croisade, qui brisèrent même son autel. En 1453, après la conquête de Constantinople, elle fut convertie en mosquée ; en 1934, elle fut changée en musée… En 2020, elle est rouverte au culte musulman… Personne ne peut prévoir ce qu’il adviendra, dans les siècles à venir, d’un des plus prestigieux monuments de toute la planète…

Un des quatre séraphins aux six ailes sous la coupole...

Un des quatre séraphins aux six ailes sous la coupole...

En me concerne, je n’ai aucune intention d’alimenter les polémiques mais j’étais allée, il y a une dizaine de jours, profiter de Sainte-Sophie vide de touristes (en raison de la crise du Covid-19) et revoir une dernière fois « tel qu’il était » et « tel que je l’aimais », cet édifice exceptionnel dont la beauté UNIQUE au monde consistait justement en le mélange des symboles chrétiens et musulmans …

Istanbul : encore un tour  à Sainte-Sophie
La Vierge Marie de l'abside, la célèbre Théotokos du lieu,  les cartouches ronds et la chaire à prêcher, mélange parfait des deux religions...

La Vierge Marie de l'abside, la célèbre Théotokos du lieu, les cartouches ronds et la chaire à prêcher, mélange parfait des deux religions...

Istanbul : encore un tour  à Sainte-Sophie

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Littérature au Firmament 

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4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 20:28

(Suite des deux journaux du confinement du 25.03.2020  et 28.04.2020)

1 mai-3 mai : trois jours de couvre-feu

Une fois de plus, la ville d’Istanbul a été plongée dans le silence trois jours. Mais il est à noter que certains ont attendu la levée du couvre-feu dimanche à minuit pour s’empresser de sortir et aller manger un « kebab » à une heure du matin ! Ou se sont précipités dans les bus en pleine nuit pour aller « prendre l’air » ! En réalité, ce sont des exceptions car la plupart des gens respectent parfaitement les consignes.

Une rue déserte de mon quartier, d’habitude très animée…

Il a été annoncé que le confinement du week-end se poursuivrait jusqu’à la fin mai. La bonne nouvelle est que le nombre de contaminations quotidiennes diminue : 126045 cas, 3397 morts dont 61 aujourd’hui 3 mai, cependant le nombre de victimes quotidiennes a baissé et celui des guéris est de deux fois et demi supérieur à celui des nouveaux infectés… 

Comme toujours, les Turcs ne sont pas en reste pour concevoir de nouveaux objets en fonction des circonstances : visières, casquettes et chapeaux à visière (1.80 euros la visière)  deviennent, en plus des masques,  les accessoires « in » de la pandémie !

Voilà la tenue des caissiers-caissières, livreurs, pharmaciens etc

5 mai 2020

Une série de mesures de « déconfinement » progressif ont été annoncées hier soir par le gouvernement pour le lundi 11 mai, tout en précisant qu’en cas d’affaiblissement de la vigilance , on retournerait aussitôt à des plus règles plus strictes : réouverture des magasins, des coiffeurs et centres commerciaux à condition de respecter certaines mesures d’hygiène ; levée de l’interdiction des déplacements inter cités pour sept provinces sauf pour Istanbul, Ankara et Izmir  mais le couvre-feu du week-end sera maintenu dans 21 grandes villes ; permission aux 65 ans et plus, qui étaient en confinement total, de sortir le dimanche de 11h à 15h, aux moins de 14 ans de sortir quatre heures le vendredi et aux 14-20 ans, quatre heures le mercredi. Les universités pourront reprendre leur calendrier, en particulier, pour les examens, le 15 juin mais les écoles demeurent fermées jusqu’en septembre.

On se déguise...

9-10 mai : deux jours de couvre-feu

Quand on n’est pas obligé de sortir pour aller travailler, on ne parvient plus à faire la différence entre la semaine et le week-end et on perd la notion du temps. Quelle est la question récurrente du matin : quel jour sommes-nous aujourd’hui ? Car les jours se suivent et se ressemblent ! Je crois que ce qui me manque le plus est de me promener dans la nature ou d’effectuer des visites des quartiers insolites d’Istanbul comme nous le faisions régulièrement avec mon époux.  Cependant, le confinement me pèse moins qu’à d’autres car de toute façon (en dehors de mes heures de travail de professeur de littérature qui me faisaient traverser une partie de la ville) cela fait des années que j’ai l’habitude de me « confiner » pour écrire…

 

11 mai : « déconfinement » partiel mais poursuite des mesures d’hygiène

Les magasins et les coiffeurs ont ouvert aujourd’hui en Turquie comme en France et les grands centres commerciaux, dont la réouverture avait été controversée, ont connu l’affluence dès le matin, avec de longues queues. Le ministre de la santé a mis en garde dès hier soir sur Twitter : Il faut continuer à rester à la maison si on n’est pas obligé de sortir…

D’ailleurs, les mesures sanitaires continuent : les mairies désinfectent rues,  parcs, jardins d’enfants et transports en commun...

Photo Hurriyet

Les coiffeurs ont adopté des mesures sanitaires inédites : réception d’une seule personne à la fois, port du masque et de la visière, désinfection des sièges et des surfaces avant et après le passage de la personne et abandon du brushing pour éviter, en cas de maladie, de propager le virus dans l’air…

Photo Haberturk

Dans la rue, presque tout le monde porte un masque ; les habitants de la Turquie respectent bien les mesures sanitaires et on se sent en sécurité…

16 au 19 mai : quatre jours de couvre-feu pour le 19 mai

La fête nationale du 19 mai se trouvant un mardi, un pont a été décidé du 16 au 19, pas pour partir en vacances mais pour un couvre-feu de quatre jours ! Il fait un temps resplendissant à Istanbul cependant, tout le monde est cloîtré à la maison. De plus, le masque, qui était déjà obligatoire dans les magasins, les transports en commun, les banques, les coiffeurs, devient obligatoire pour sortir dans la rue dans 28 villes de Turquie. Le ministre de la santé avait déjà prononcé plusieurs fois cette phrase : « Désormais, le masque doit faire partie de votre garde-robe » ! Si je me fie à la réactivité et à la créativité habituelle des Turcs, dans pas longtemps, on vendra les robes avec le masque assorti !

Voilà une robe de mariée de circonstance dans une vitrine de mon quartier…

La fête de la jeunesse et des sports est une date importante dans l’histoire de la république turque car Mustafa Kemal, parti en ferry-boat de Bandirma, débarqua à Samsun le 19 mai 1919 pour y commencer la Guerre d’Indépendance turque.

Rappelons qu’à la fin de la Première Guerre mondiale,  l’Empire ottoman, vaincu, perd une grande partie de ses territoires et que des zones d’influence sont attribuées aux Français, aux Italiens, aux Britanniques et aux Grecs, qui occupent une partie de la Turquie. Mustafa Kemal, qui refuse les clauses du traité de Sèvres, devient le leader de la résistance armée en organisant les congrès d’Erzurum et de Sivas stipulant que la Turquie est une et indivisible. En dépit de l’opposition du sultan qui met sa tête à prix, Mustafa Kemal lève une armée pour s’opposer au gouvernement officiel. Peu à peu, de nombreux Turcs se rallient à sa cause et les forces de Mustafa Kemal gagnent la guerre le 11 octobre 1922. Le traité de Sèvres est remplacé en 1923 par celui de Lausanne, qui rend à la Turquie une partie de ses territoires.

Ce soir, tous les  Turcs confinés se sont mis aux fenêtres pour chanter leur hymne national afin de commémorer cette date symbolisant la reconquête de leur indépendance.

23 au 26 mai : quatre jours de couvre-feu pour la Fête du Sucre

Les autorités sanitaires redoutant que la Fête du Sucre, marquant la fin du Ramadan, ne soit l’occasion, comme le veut la tradition, de nombreuses visites familiales et amicales ne permettant pas le respect de la distanciation sociale, un nouveau-couvre-feu a obligé les Turcs à rester à la maison ; seuls les plus de 65 ans, confinés totalement depuis plus de deux mois, ont eu le droit de sortir pendant 8 heures dimanche.

Le 25 mai, le nombre total des contaminations s’élevait à 157814 et celui des victimes depuis le début à 4369 ; mais la bonne nouvelle est que l’épidémie s’est affaiblie. Cependant, le ministre de la santé a précisé qu’il faut continuer à « apprécier la valeur de sa maison » ! Il est donc probable que les moins de 20 ans et les plus de 65 ans vont encore rester confinés un certain temps… Mais précisons que ceux qui doivent sortir en urgence peuvent le faire : ils appellent un numéro, donnent leur nom et le motif de la sortie et arrive sur leur portable un SMS avec l’autorisation de sortie pour le cas où la personne serait contrôlée.

 

Mercredi 28 mai 2020

Je retourne du supermarché à 10h30 ; le magasin est presque vide le matin, seules deux « personnes âgées » se dépêchent de faire des courses en demandant au caissier de faire vite car elles doivent rentrer à la maison le plus rapidement possible sans se faire prendre (interdiction de sortir des plus de 65 ans et risque d'amende de plus de 400 euros) ; et un jeune avec le masque sous le menton… Visiblement, les gens qui ne sont pas obligés de sortir pour aller travailler continuent à rester chez eux.

Au retour, je continue les habitudes prises pendant la pandémie et adoptées ici par la plupart des femmes : laver avec du savon blanc type « savon de Marseille » tout ce qui vient du dehors…  

 

Vendredi 29 mai- dimanche 31 mai : dernier week-end de confinement

Les chanceux du confinement sont les oiseaux qui s’en donnent une fois de plus à cœur joie en chantant à tue-tête dès l’aube ; ou alors chantaient-ils avant mais les bruits de la ville empêchaient de les entendre…

La ville à 5 h du matin, seuls résonnent les chants d'oiseaux...

2 juin 2020 :  retour à la « vie normale »

Après huit week-end de couvre-feu, c’est une nouvelle étape qui s’amorce en Turquie puisque le « retour à la normale » est effectif aujourd’hui, sauf pour les plus de 65 ans et moins de 18 ans, qui restent confinés. Les déplacements à l’intérieur du pays sont désormais libres. Presque tout rouvre, en premier cafés et restaurants, sauf les théâtres, salles de spectacle ou concert (les spectacles en plein air sont néanmoins autorisés).

Les cafetiers et restaurateurs ont pris des mesures d’hygiène : espacement des tables, prise de température à l’entrée, masque et visière pour les serveurs.

Un magasin équipé de bâches, photo Internet

Dès le matin, c’est par un bruit dont on avait perdu l’habitude que s’est manifestée la résurgence de la vie dite « normale » ; alors que je me trouvais dans mon bureau, mon attention a été attirée par la sirène d’une ambulance au maximum du son et par un charivari de coups de klaxons. Un rapide passage à la fenêtre m’a permis de découvrir un embouteillage monstre dans ma rue, vision qu’on avait un peu oublié dans les matins bercés de chants d’oiseaux.

Un camionneur a fait la une des réseaux sociaux en peignant  à l’arrière de son camion une déclaration d'amour très inventive pour sa belle : "J'ai versé de l'eau de Cologne sur ta route, viens dans mes bras et sois mon Corona"…

Une page historique vint de se tourner avec la fin des restrictions d’urgence sanitaire mais le ministre turc de la santé ne cesse de rappeler que le virus est toujours présent et que même si le nombre de malades s’est considérablement affaibli, on doit redoubler de prudence et continuer à appliquer la désinfection des mains, le port du masque et la distanciation sociale. « Si on ne respecte pas les précautions, on risque de retourner au début », a-t-il conclu. Souhaitons que la discipline personnelle soit suffisante pour empêcher un rebond des contaminations…

En espérant que ce troisième volet du journal du confinement à Istanbul soit le dernier…

 

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26 mai 2020 2 26 /05 /mai /2020 11:48

Nos vénérables académiciens ont tranché et nous ont annoncé que le genre du groupe nominal « Covid-19 » devrait être désormais le féminin ! LE Covid-19 mute en LA Covid-19 !

Leur argument : il s’agit d’un acronyme, le genre du mot principal l’emporte et comme on a traduit l’expression de l’anglais « Corinavirus Disease », le mot doit s’accorder avec « maladie » !

Crise du Covid-19 : Bien sûr, il fallait mettre au féminin ce faquin de fléau !

Depuis le début de la pandémie, en France, on a utilisé l’expression au masculin : « LE » Covid-19 ! Et alors qu’on considère généralement que l’usage doit primer, voilà qu’on cherche à modifier l’usage !

Ce relent de misogynie de l’Académie française nous étonne-t-il ? Que nenni !

On se souvient que l’Académie a résisté jusqu’en février 2019 à la féminisation des noms de métiers et des fonctions !

Autrefois, et toujours en grammaire ! le masculin « l’emportait ». En 1647, Vaugelas écrivait : « Le genre masculin étant le plus noble doit prédominer chaque fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble. »  Mais cette fois, c’est le féminin qui l’emporte, parce que, bien sûr, un fléau, ça ne peut être que féminin, comme les cyclones longtemps baptisés avec des prénoms de femmes ou les grandes maladies (certes, les Académiciens ne sont pas aujourd’hui responsables de l’étymologie…)  la peste, la lèpre, la variole, la tuberculose !

Rappelons qu’il n’y a eu que 9 femmes depuis 1980 admises à l’Académie -5 siègent actuellement- sur 40 académiciens ! Ceci explique cela !

Eh bien, chers académiciens, moi, je refuse vos discriminations inavouées et je continuerai à écrire « LE Covid-19 » !

Crise du Covid-19 : Bien sûr, il fallait mettre au féminin ce faquin de fléau !

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23 mai 2020 6 23 /05 /mai /2020 11:52

« Tout le mal des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas rester en repos dans une chambre »… L’ancienne professeure de philosophie de notre lycée me rappelait récemment, dans une correspondance, cette édifiante citation de Blaise Pascal...

En effet, on n’entend ou ne lit plus sur les réseaux sociaux, les médias, que ce leitmotiv : reprendre vite « comme avant », comme avant la période de confinement… Que signifie cette expression ?

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

Restaurer un monde où 26 personnes détiennent autant d’argent que plus que 50 % des habitants de la planète ?

Où chaque jour, en 2020, 21000 personnes meurent de la faim et de ses conséquences et où les Nations Unies prévoient « une pandémie de faim » avant 2021 ?

Où rien qu’en France, 7 milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres de la population qui travailleront au moins pendant 42 ans pour les enrichir encore et sans même parvenir à s’acheter un deux-pièces ?

Où, au nom du profit, on met des hordes de gens au chômage pour faire fabriquer à des milliers de kilomètres des objets à coût réduit ?

Où, pour gagner toujours plus, les industries agroalimentaires nous gavent d’aliments ultra-transformés et cancérigènes ?

Où le tourisme de masse pollue irrémédiablement la planète, vide de leurs habitants des lieux devenus cauchemardesques, massacre les animaux sauvages, détruit les sites archéologiques, historiques et naturels ?

Où la pollution de notre terre par les métaux lourds, les plastiques, la radioactivité, les pesticides et j’en passe, est devenue telle que les écologistes prévoient une fatale élévation de la température terrestre puis une pénurie d’eau dans moins de trente ans ?

Où la morale, la conscience, la fraternité, la solidarité, la citoyenneté, l’humanisme, deviennent des mots anachroniques provoquant les ricanements de certains ? Où la notion d’amour entre deux personnes a été supplantée par celle de  « plan cul » ? Où le cynisme a vaincu l’innocence ?

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

J’arrête là cette liste qui, loin d’être exhaustive, pourrait encore s’allonger des pages et des pages !

Si c’est ça, reprendre comme avant, moi, je ne veux pas et je n’ai envie que de m’exiler au fin fond d’une campagne isolée pour tenter de recréer une société plus humaine !

A l’inverse, et si nous apprenions à méditer sur nous-mêmes, sur nos valeurs, sur ce qui nous rend heureux ou malheureux ?

 

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

Pour être heureux, doit-on se fixer comme objectif suprême d’acheter vite le nouvel objet technologique dont le capitalisme effréné a, de toute façon, programmé l’obsolescence ?

Pour être heureux, doit-on se gaver de nourritures contaminées aux pesticides et de produits animaux issus de bêtes élevées dans des conditions que l’adjectif « barbare » ne suffit pas à qualifier ?

Pour être heureux, a-t-on besoin d’aller voir de près un ours polaire séquestré sur ce qu’on lui a laissé de banquise et se faire un « selfie » avec lui ? Ou voyager au bout du monde dans des îles soi-disant paradisiaques pendant que de pauvres hères aux mains rongées par l’eczéma trient nos déchets de touristes sur l’île d’à côté ?

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

Autant revenir à Pascal et chercher à trouver le bonheur « dans sa chambre », c'est-à-dire en nous-mêmes et autour de nous, par la lecture, la pratique des arts, les relations humaines chaleureuses et les sentiments authentiques !

Je n’ai aucune certitude, je vis dans le doute perpétuel et je ne cherche pas à pontifier. Mais il me semble que si la tragique crise du Covid -19 ne nous laisse comme dessein que de revenir « comme avant », ne nous sert pas à méditer sur les défauts de notre mode de vie du début du XXIe siècle et à changer de société, alors, il ne sera même plus utile de continuer à engraisser le mercantilisme, parce qu’à la prochaine crise, nous tomberons tous, riches ou pauvres,  au fond du précipice !

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5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 12:10

En latin, le mot « derelectio » désignait un abandon complet ; puis, les  philosophes mystiques ont utilisé le mot « déréliction » pour qualifier l’état de ceux qui avaient perdu la grâce divine  et sombraient dans un état de solitude extrême. 

Aujourd’hui, c’est la crise du Covid-19 qui nous plonge dans la déréliction. Car oui, nous sommes seuls et abandonnés ! Il ne nous reste plus que notre conscience morale pour tenter de distinguer le vrai du faux, et, à défaut d’acquérir la moindre certitude, de nous définir chacun une attitude, en notre âme et conscience !

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…

D’abord, ce furent les mensonges de l’état affirmant que la maladie, qui n’était de toute façon qu’une « gripette », n’arriverait pas en France. Puis, sa décision de maintenir les élections à la veille de l’ordre de confinement, au grand dam d’une partie du monde médical. Qui croire ? Que croire ? Ensuite, ce furent les discours intempestifs des politiques et même de certains scientifiques en collusion avec le pouvoir, sur l’inutilité des masques alors que l’exemple du monde entier prouvait le contraire et qu’aujourd’hui, on a tourné casaque. Qui croire ? Que croire ? Pour continuer, ce furent les polémiques incessantes sur l’efficacité, l’utilité ou la nocivité de certains traitements contre le virus, avec le monde scientifique fracturé en deux, entre partisans et adversaires de la Chloroquine. Dans la foulée, alors que la loi juge l’homicide, même involontaire, comme un délit, nous avons  entendu avec effroi certains médecins italiens déclarer sur les ondes que faute de lits de réanimation, ils étaient contraints de choisir les patients à sauver ; après, on a  appris qu’en France, une ordonnance du 29 mars 2020 autorisait à utiliser dans les Ehpad le Ritrovil, un sédatif permettant de mourir sans souffrance, pour les personnes âgées, que, par manque de lits d’hôpitaux, on ne cherchait même pas à tenter de soigner ! Certains ont salué cet efficace soulagement de la douleur, d’autres l’ont affublé du sobriquet d’« euthanasie ». Qui croire ? Que croire ? On nous a convaincus que la France était la cinquième puissance mondiale, possédait une infrastructure médicale enviée par toute la planète et on s’est retrouvé avec une pénurie de matériel,  plus de 25000 morts et même les moqueries de certains pays « en voie de développement » qui s’en sortaient mieux que nous et se sont empressés de nous rappeler que nous sommes de bien piètres donneurs de leçons. Qui croire ? Que croire ? Maintenant, ce sont les débats sur l’opportunité de la réouverture des écoles le 11 mai, entre des pédiatres affirmant que cette mesure s’impose et d’autres médecins prévoyant les affres d’une seconde vague d’infection et l’Apocalypse pour la fin juin. Sans parler de l’arrivée sur le marché de la grande distribution de millions de masques à vendre, alors qu’il n’y a pas si longtemps, même le personnel soignant ne disposait pas de cet accessoire… Qui croire ? Que croire ?

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…

Quand je dis que toutes nos certitudes se sont effondrées, je n’exagère pas. Le vrai, déjà si malmené depuis les deux Guerres mondiales, s’est une fois de plus acoquiné avec le faux. Tout ce à quoi nous avons cru « dur comme fer » s’est révélé bancal, nous voilà désemparés, privés de convictions, rongés de défiance et la parole officielle, dorénavant, n’a pas plus de prix que les élucubrations de certains youtubeurs. 

Désormais, nous sommes seuls face à notre absence de foi et d’espoir,  un doute cruel nous gangrène et beaucoup d’entre nous rêvent de partir s’installer avec quelques proches et « happy few », pour reprendre une expression de Stendhal,  dans un hameau abandonné, avec un stock de bougies, trois chèvres et Les Pensées de Pascal comme unique bibliothèque, pour vivre loin de cette société dénaturée par les mensonges et la cupidité et y refaire une sorte de communauté hippie, loin des institutions et de leurs manipulations !

Que notre lucidité, les intuitions de notre for intérieur et ce qui nous reste d’éthique nous viennent en aide pour définir notre future ligne de conduite !

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…
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15 avril 2020 3 15 /04 /avril /2020 11:33

La crise du Covid-19 remet cruellement les pendules à l’heure ; ce ne sont pas les pays les plus développés qui se révèlent les mieux préparés face à une urgence sanitaire de cette ampleur ! Je n’en prendrais pour exemple que la désormais célèbre pénurie de masques qui touche certains pays européens, mais pas le monde entier, vu que des pays bien plus pauvres que les six premiers de la planète sont devenus les petits chanceux qui  avaient conservé leurs fabriques nationales de masques !

Ce que nous montre la crise, c’est que le discours des philosophes, que l’on rabâche dans les lycées juste pour préparer le Bac, sans vraiment jamais se l’approprier ni en digérer la « substantifique moelle », se révèle d’une amère actualité…

Jean-Jacques Rousseau, un des plus merveilleux auteurs non seulement du XVIIIe mais aussi de la littérature mondiale,  nous mettait en garde il y a plus de deux siècles :

« Le grand devient petit, le riche devient pauvre, le monarque devient sujet : les coups du sort sont-ils si rares que vous puissiez compter d’en être exempt ? »

Cette simple phrase s’applique si bien à la situation actuelle !

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

Nous avons honteusement développé un capitalisme barbare qui exploite les trois-quarts de la population pour que d’autres puissent se déplacer en hélicoptère privé ; selon les économistes, au début de 2019, 26 personnes possédaient autant d’argent que 3.8 milliards des plus pauvres de notre terre. Et chaque jour, d'après les Nations Unies, 25000 personnes meurent de la faim dans le monde ! Toutes les six secondes, un enfant décède de la malnutrition et de ses conséquences ! Cette idéologie dévoyée du rendement a mis au chômage des milliers d’ouvriers et d’ouvrières, faisant fi de leur désespoir et de leur misère, pour aller faire fabriquer nos produits à l’autre bout de la planète. Et cela pour enrichir toujours les mêmes personnes.  

Enfin, pour mettre en œuvre ce dogme de la rentabilité, nous avons honteusement pillé et massacré la nature et ses créatures ; elle prend sa revanche et nous rappelle que nous sommes impuissants face à elle ; tout le monde a pu voir sur les réseaux sociaux le cerf se promenant dans une église en France, les marsouins folâtrant dans les canaux de Venise, l’ours visitant une station de téléphérique et les dauphins s’ébattant dans les eaux du centre-ville en Turquie, les crocodiles vautrés sur les plages touristiques au Mexique…

Photo du journal Hürriyet

Photo du journal Hürriyet

Cela fait des années que les écologistes tirent la sonnette d'alarme et prônent la décroissance en nous rappelant que si nous continuons notre mode de vie actuel, notre avenir sera fait d’incendies géants, d’inondations, de cataclysmes de toutes sortes induits par notre destruction systématique de la nature.

Et voilà que soudain, la décroissance s’impose à nous ! L’économie mondiale est à l’arrêt  pour un virus alors que notre arrogance nous avait fait oublier que cent ans auparavant, vingt millions de personnes avaient perdu la vie dans la pandémie de grippe espagnole… Les pays les plus développés vacillent, le riche devient pauvre, comme le dit Rousseau ! Et l’on a vu aussi que dans les populations sur nourries, certaines personnes sont prêtes à se bagarrer avec leurs congénères pour un simple pain !

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

Alors, demain ?

Si, après qu’on ait réussi à éradiquer le virus, on reprend notre vie « d’avant » comme si de rien n’était, si on continue à n’avoir pour ambition que de remplir nos chariots de supermarché de marchandises cancérigènes aux emballages polluants ou à se procurer des appareils issus des dernières technologies en s’empressant de jeter les autres, devenus démodés ;  si on continue à faire travailler, pour des salaires de misère, ceux qui ont porté la société à bout de bras en période de pandémie pendant que d’autres se hâteront de recommencer à les exploiter ; si l’on se remet à couper les forêts et à polluer toute la planète par les pesticides, les fongicides, les engrais, le transport aérien des marchandises,  si, si si… il n’est pas difficile d’imaginer la suite : la vie au XXI e siècle risque de se changer en cauchemar  pour ceux et celles qui auront survécu à la pandémie. Car la nature n’a pas dit son dernier mot, elle peut élaborer d’autres virus, d’autres catastrophes planétaires voire éradiquer notre espèce en quelques décennies…

Souhaitons que la crise du Covid-19 incite les états à une réflexion réaliste sur l’état de notre monde et à en tirer les conséquences pour métamorphoser la société en retournant aux valeurs fondamentales. Ce ne sera pas chose aisée, les oppresseurs et les grands financiers tenteront de reprendre la main.

L’éthique, nue et timide,  va devoir se frayer un passage dans les broussailles piquantes du lucre…

Souhaitons cependant qu’un nouvel humanisme supplante enfin la mentalité du profit et de la rentabilité à tout prix…

Souhaitons, souhaitons…

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

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9 mars 2020 1 09 /03 /mars /2020 11:54

Un des plus beaux textes de la littérature est sans doute le très célèbre « roseau pensant » de  Blaise Pascal.

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature…. Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour l’écraser »…

Car d’une certaine façon, il a l’art de remettre les pendules à l’heure ;  dans notre civilisation ultra modernisée, mécanisée, technologique, nous avons eu tendance à oublier que nous ne sommes pas les maîtres de la nature et qu’effectivement, la petite « vapeur » d’un virus, pour reprendre la métaphore pascalienne, peut avoir en quelques jours raison de notre civilisation matérialiste, de notre économie, voire de nos vies. On a cru que nos progrès sanitaires nous protégeraient désormais des grands fléaux et on se retrouve avec des médecins italiens manquant d’appareils de ventilation artificielle et devant choisir qui sauver entre un patient de 40 ans et un de 60...

Comment la crise du Covid-19 nous contraint à méditer sur nos modes d’existence…

Sur le plan économique, on se souvient des fameux « plans sociaux » entre les années 1980 et 2005, qui ont mis au chômage des millions d’ouvriers et surtout d’ouvrières ; personne n’a oublié les images tragiques des femmes licenciées à quelques années de la retraite et pleurant à l’entrée des usines qui fermaient. Car à cette époque, il fallait délocaliser là où la main d’œuvre était bon marché, mondialiser pour réaliser de plus grands profits, gagner de l’argent, de plus en plus d’argent, encore plus … quitte à ruiner l’économie de son pays. Aujourd’hui, suite à la pénurie de certaines substances venues de pays lointains, on réalise qu’on a « peut-être » commis une erreur en « délocalisant ». N’a-t-on pas ainsi atteint le comble de l’absurde ? De plus, on vitupère contre les migrants dénués de tout qui se pressent aux portes de l’Europe mais on ne peut même pas imaginer de manquer de pâtes ou de papier toilette, comme le montrent les razzias effectuées par certains dans les supermarchés.

La crise du Covid-19 va nous forcer à remettre en question les valeurs de notre existence ; sans tomber dans les excès de certains sociologues qui jouent les Cassandre en prédisant la fin du capitalisme tout entier, la crise économique qui se profile va faire se poser les questions essentielles. Veut-on encore d’un monde où 2153 personnes possèdent à elles seules autant d’argent que 60% de la population mondiale ? Ou les multinationales pillent les pays pauvres pour enrichir toujours plus un groupe de privilégiés ? Où on prive de travail des familles entières pour économiser quelques sous sur un produit que l’on envoie fabriquer au bout du monde ? Où on détruit systématiquement les merveilles de notre planète sans se soucier de l’héritage empoisonné qu’on lèguera à nos descendants ? Où on est capable de se disputer cruellement dans un supermarché pour du papier toilette ?

Si on en revient encore à Pascal, certes, « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant »… A nous d’exercer notre intelligence et notre humanisme pour savoir dans quel monde nous voulons vivre demain et retrouver un peu d’éthique, au lieu de se vautrer dans le matérialisme et la surconsommation…

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13 février 2020 4 13 /02 /février /2020 10:53
Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu

« Je n’écris pas seulement pour mes lecteurs et lectrices. J’écris pour les disparus, pour ceux qui ont écrit avant moi ; j’écris pour les murs et les pierres, pour la mémoire gravée dans les strates de la ville ; j’écris pour tous les écrivains d’Istanbul ; j’écris pour les amoureux de l’Istanbul de demain… »

La Trilogie d’Istanbul :

Fenêtres d’Istanbul 

Grimoire d’Istanbul 

Secrets d’Istanbul 

 

La Sultane Mahpéri

Sultane Gurdju Soleil du Lion

 

Mes Istamboulines

Janus Istanbul

Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu
Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu

Mes livres sur Internet

http://www.gitayayinlari.com/fr/

Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu
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Editions franco-turques GiTa Yayinlari d’Istanbul

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 15:55

Cela faisait longtemps que je souhaitais rencontrer Monsieur Armand Oliviero, mémoire vivante de Tende, pour lui faire part de mon admiration au sujet de son livre Souvenirs de la Roya, paru en 2012 aux Editions du Cabri.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

En effet, cet extraordinaire livre-album comporte 600 documents et photographies concernant les familles, les activités et les fêtes des villages de Breil-sur-Roya, Saorge, Fontan, La Brigue, Tende et leurs hameaux. 

Photo ancienne de la collection Oliviero

Photo ancienne de la collection Oliviero

Cet ouvrage constitue une œuvre mémorielle unique pour sauvegarder le passé de la Vallée de la Roya, qui était jadis un axe de communication majeur entre la Provence et le Piémont.  Et il permettra aux amoureux de cette belle région parfois injustement oubliée d’en retrouver désormais dans les bibliothèques le souvenir.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Si ce livre a été rendu possible, c’est grâce aux archives et aux collections personnelles de Monsieur Oliviero. Brocanteur à l’origine, il a collecté avec passion durant une quarantaine d’années les souvenirs de la vallée, parvenant à regrouper environ 15000 objets et 10000 documents, qu’il expose dans son Musée d’Art populaire à Tende.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Notons aussi que fin 2017, pour commémorer le soixante-dixième anniversaire du  rattachement de Tende et La Brigue à la France, la ville de Menton a exposé 500 précieux documents de la collection d’Armand Oliviero, dont le travail a été couronné par la Médaille du Département en 2014.  

Photo Nice-Matin de l'Exposition sur le rattachement

C’est donc par une neigeuse journée de janvier 2020 qu’avec mon cousin, nous nous sommes rendus à Tende pour rencontrer ce personnage emblématique de la Roya.

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »
Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

Très sympathique et éloquent, Monsieur Oliviero nous a fait visiter son musée et surtout découvrir  d’anciens documents, photographies d’époque et cartes postales que nous avons examiné plusieurs heures avec le plus grand intérêt.

 

Souhaitons longue et heureuse vie à Monsieur Oliviero et à son œuvre…

Tende : Rencontre avec Armand Oliviero pour ses « Souvenirs de la Roya »

On ne peut que rendre hommage à son travail de collectionneur hors du commun…

Et acheter vite le magnifique livre Souvenirs de la Roya avant qu'il ne soit épuisé...

La carte publicitaire de mon trisaïeul, Francesco Durero (1842.1906), marchand de bois à Tende, que j’ai pu acheter chez Monsieur Oliviero et dont je suis désormais l’heureuse propriétaire…

 

 

PS : Collectionneurs passionnés par la Vallée de la Roya, sachez que Monsieur Oliviero vend une partie de ses documents et cartes postales…

 

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Présentation

  • : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d’Istanbul
  • : Bienvenue sur le blog de Gisèle, écrivaine vivant à Istanbul. Complément du site www.giseleistanbul.com, ce blog est destiné à faire partager, par des articles, reportages, extraits de romans ou autres types de textes, mon amour de la ville d’Istanbul, de la Turquie ou d'ailleurs...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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