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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 12:49

A la recherche du Temps perdu commence dans une chambre où l’on se réveille de bonne heure et se termine sur la chambre du Temps… En effet, la chambre est une sorte de métonymie de l’écriture de Marcel Proust (1871-1922) ; « chapelle mystérieuse », elle occupe une place prépondérante d’un bout à l’autre de l’œuvre.

Reconstitution de la chambre de Proust au Musée Carnavalet

Reconstitution de la chambre de Proust au Musée Carnavalet

Asthmatique dès l’âge de neuf ans, Marcel Proust est un enfant couvé par ses parents ; son père, Adrien Proust, célèbre professeur de médecine, est conseiller du gouvernement pour les épidémies. Pour éviter au petit Marcel les crises d’allergies, on lui interdit les sorties à la campagne mais il effectue des séjours au bord de l’eau, en Normandie, en particulier à Trouville et Cabourg.

Après la mort de ses parents, la santé de Proust se détériore encore et il va s’enfermer pendant quinze ans, pour lutter contre l’asthme mais surtout pour écrire.

Vous pouvez deviner dans quelle détresse je me trouve, écrit Proust à une amie, vous qui m’avez vu les oreilles et le cœur toujours aux écoutes vers la chambre de Maman où sous tous les prétextes je retournais sans cesse l’embrasser, où maintenant je l’ai vue morte, heureux encore d’avoir pu l’embrasser encore. Et maintenant la chambre est vide et mon cœur et ma vie…

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

Obligé de déménager,  il sous-loue à sa tante un appartement au 102, Boulevard Hausmann et s’y installe en 1906. Pour écrire sans être dérangé, il fait tapisser sa chambre de plaques de liège qui amortissent les bruits, n’ouvre pas les volets et ferme hermétiquement les tentures de satin bleu. D’ailleurs, généralement, il vit la nuit et dort le jour, se nourrit peu mais, pratiquant l’automédication, abuse de café, de sédatifs comme le célèbre Véronal de l’époque mais aussi de morphine, alors en vente libre, qu’il s’injecte lui-même pour calmer son asthme.

La pièce est glacée car, malgré sa frilosité,  il refuse que l’on allume le chauffage, redoutant de dessécher l’atmosphère. Cloîtré pour écrire, il se déclare « marié avec son œuvre ».  

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

Moi, l'étrange humain qui, en attendant que la mort le délivre, vit les volets clos, ne sait rien du monde, reste immobile comme un hibou et comme celui-ci ne voit un peu clair que dans les ténèbres. Sodome et Gomorrhe, 1921

Céleste Albaret, la gouvernante mais aussi confidente, qui a partagé les huit dernières années de sa vie, a témoigné en 1970 sur le mode de vie de Proust au moment où il est en pleine élaboration de son œuvre. Il écrit allongé, les genoux relevés, le manuscrit posé sur les genoux, enveloppé dans des couvertures. A côté du lit,  sur une petite table en palissandre, se trouvent son encrier et une quinzaine de porte-plume avec des plumes sergent-major. Il ne sort plus que la nuit, rarement, emmitouflé dans un manteau à col de loutre et doublé de vison, pour aller dîner au Ritz ou partir en quête de brèves aventures amoureuses.

C’est Céleste qui donne à Proust l’idée des fameuses « paperolles », des bouts de papier collés sur le texte quand l’auteur veut effectuer un ajout, et les lui confectionne.

Céleste Albaret dans la chambre de Proust

Céleste Albaret dans la chambre de Proust

En 1919, un nouveau déchirement pour l’écrivain ! Il doit encore déménager, sa tante vendant l’immeuble où il réside, et se séparer cette fois de son mobilier familial. Il s’installe de juin à octobre 1919 dans l’appartement où avait habité l’actrice  Réjane, inspiratrice du personnage de La Berma, rue Laurent-Pichat et ensuite au 44, Rue Hammelin, un « ignoble taudis », à ses dires, où il demeurera jusqu’à sa mort.

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

C’est Céleste qui sera le témoin de la fin de l’œuvre :

Il est arrivé une grande chose cette nuit. C’est une grande nouvelle… Cette nuit, j’ai mis le mot « fin »... Maintenant je peux mourir ... Mon œuvre peut paraître. Je n’aurai pas donné ma vie pour rien...

C’est bien dans une chambre confinée qu’est née en quinze années la « cathédrale » d’ A la recherche du Temps perdu, une des plus grandes  œuvres de la littérature mondiale ...

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

Mon autre blog: Littérature au Firmament

https://giselelitterature.blogspot.com/

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 08:58

En 1912, lorsque Marcel Proust, qui vit dans une quasi claustration depuis trois ans pour écrire, présente à Gallimard le manuscrit du premier volume de sa colossale remontée dans le « temps perdu », c’est, impulsé par André Gide, qui le regrettera, le refus !

14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann

Marcel en est réduit à publier l’année suivante Du Côté de chez Swann, à compte d'auteur, chez Grasset !

Il lui faudra encore attendre jusqu’en 1919 pour voir son talent enfin reconnu par le prix Goncourt décerné au livre A l'ombre des Jeunes filles en fleurs.

14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann

« Il n’y a pas de clés pour les personnages de ce livre, ce serait la déchéance des livres de devenir, si spontanément qu’ils aient été conçus, des romans à clés après coup », affirme Proust.

Bon, on est cependant tenté d’assimiler le narrateur à l’écrivain. Dans La Prisonnière, Proust ne dit-il pas que le narrateur s’appelle « Marcel » :

Dès qu'elle retrouvait la parole elle disait: « Mon » ou « Mon chéri » suivis de l'un ou l'autre de mon nom de baptême, ce qui, en donnant au narrateur le même nom qu'à l'auteur de ce livre, eût fait: « Mon Marcel», « Mon chéri Marcel ».

14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann

Au fait, quel village a servi de modèle à « Combray », un des lieux emblématiques de la Recherche ? Illiers, à côté de Chartres. En hommage à Proust, il porte désormais le nom de « Illiers-Combray. »

Illiers, carte postale copiée sur le site du Pays de Combray

Illiers, carte postale copiée sur le site du Pays de Combray

Comment s’appelle la domestique qui a servi Proust jusqu’à la fin de sa vie, a constitué le modèle de Françoise dans la Recherche et a écrit le livre Monsieur Proust ?

Céleste Albaret.

Céleste Albaret, par Jean Claude Fourneau, en 1957

Céleste Albaret, par Jean Claude Fourneau, en 1957

La Comtesse Greffulhe (1860-1952), photographiée par Nadar, est un des modèles de la duchesse de Guermantes.

14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann

Laure Hayman, célèbre courtisane, la “dame en rose”, un des modèles d’Odette de Crécy.

Laure Hayman en 1882

Laure Hayman en 1882

Charles Haas, amateur d’art, qui inspira le personnage de Charles Swann.

14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann

Savez-vous qui était l'un des écrivains préférés de Proust ?

Réponse sur la photo ci-dessous !

14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann

Si vous aimez lire sur la Turquie, quelques-uns de mes livres ou de ceux que j'ai préfacés (Amazon.fr pour la France) :

14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann
14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann
14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann
14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann
14 novembre 1913 : parution de Du côté de chez Swann
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Présentation

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  • : Bienvenue sur le blog de Gisèle, écrivaine vivant à Istanbul. Complément du site www.giseleistanbul.com, ce blog est destiné à faire partager, par des articles, reportages, extraits de romans ou autres types de textes, mon amour de la ville d’Istanbul, de la Turquie ou d'ailleurs...
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Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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