Tous les gens qui me connaissent savent que j’adore le mauve et le violet. Alors, j’ai profité des vacances pour me livrer à une petite mise en scène de mon univers subjectif et littéraire du parme au pourpre…
« La vérité en un sens est violette »
Philippe Sollers, 2006
Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour,
Franche d'ambition, je me cache sous l'herbe;
Mais si sur votre front je puis me voir un jour,
La plus humble des fleurs sera la plus superbe.
Jean Desmarets de Saint-Sorlin, 1641, madrigal pour La Guirlande de Julie
Rien qu'une touffe de violettes pâles, une touffe de ces fleurs faibles et presque fades… Fleurs parmi les plus insignifiantes et les plus cachées. Infimes. A la limite de la fadeur. Nées de la terre ameublie par les dernières neiges de l'hiver. Et comment, si frêle, peuvent-elles seulement apparaître, sortir de terre, tenir debout ?
Philippe Jaccottet, 1995.
Ô, l’Oméga, rayon violet de ses yeux
Arthur Rimbaud, « Voyelles », 1870
Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller, depuis que j'avais lu la Chartreuse, m'apparaissant compact, lisse, mauve et doux ; si on me parlait d'une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait le plaisir de penser que j'habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui n'avait de rapport avec les demeures d'aucune ville d'Italie, puisque je l'imaginais seulement à l'aide de cette syllabe lourde du nom de Parme, où ne circule aucun air, et de tout ce que je lui avais fait absorber de douceur stendhalienne et du reflet des violettes.
Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913
ELSBETH – La pâle fleur de l’aubépine peut devenir une rose, et un chardon peut devenir un artichaut ; mais une fleur ne peut en devenir une autre : ainsi qu’importe à la nature ? on ne la change pas, on l’embellit ou on la tue. La plus chétive violette mourrait plutôt que de céder si l’on voulait, par des moyens artificiels, altérer sa forme d’une étamine.
FANTASIO : – C’est pourquoi je fais plus de cas d’une violette que d’une fille de roi.
Alfred de Musset, Fantasio, 1834
Votre odeur s’exaspère en l’ombre et dans le soir,
Violettes, ô fleurs douces au désespoir,
Violettes du soir !
Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910
La nuit m’envoie ses violettes
Reçois-les car je te les jette
Le soleil est mort doucement
Comme est mort l’ancien roman
De nos fausses amours passées
Les violettes sont tressées
Si d’or te couronnait le jour
La nuit t’enguirlande à son tour.
Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou, posthume, 1947)
Pour finir dans les senteurs, petite collection d’eaux de violettes, de gauche à droite : eau de violettes Honoré Payan de Grasse, déodorant à la violette de Yardley, violette de l’Artisan parfumeur à Grasse, eau de violette La Tourrettane (Tourettes-sur-Loup), Eau de violettes Berdoues de Toulouse et Violette de Fragonard…
La couverture violette de mon dernier roman, Sultane Gurdju Soleil du Lion, suite de La Sultane Mahpéri, roman historique sur les sultans seldjoukides d'Anatolie...
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