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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 13:19

 

J’effectue une recherche sur Internet concernant une artiste turque,  je tape en turc sur Google « célèbres femmes turques » (ünlü türk kadinlari), apparaît une liste de sites que je lis un à un.

Et alors, stupéfaction ! A partir de la cinquième ligne, en première page, se détachent les titres suivants : « célèbres femmes turques nues », « images de sexe », « vidéos pornographiques », « vidéos X d’artistes connues » ! Je passe sous silence les citations les plus insultantes !  Il n’y en a pas moins de 58 pages !

Mon sang ne fait qu’un tour ! Ne sommes-nous pas au début du XXI e siècle ? Alors que nos aînées se sont battues pour acquérir des droits, voilà qu’une simple recherche sur Internet me montre soudain que pour certains encore, comme l’avait écrit la regrettée écrivaine turque Duygu Asena, « La femme n’a pas de nom » !

 

  Yayımcı Au Bon Marché, n.546, 1909.

 

Carte postale de 1909, Editeur Au Bon Marché, Istanbul

 

Les mouvements cherchant à améliorer la condition des femmes sont apparus en Turquie vers 1870. Puis, grâce aux réformes d’Atatürk et à l’évolution des lois qui s’en est suivie depuis lors, les femmes turques ont peu à peu acquis le droit à l’autonomie, à l’éducation et au travail.

Mais où en sommes-nous aujourd’hui ?

Aussi bien en Turquie qu’en Europe, les mentalités et les coutumes semblent parfois en régression par rapport aux lois. Car, au moment où l’on pourrait croire que l’émancipation  féminine est enfin un acquis, on entend de plus en plus de discours misogynes voulant remettre la femme dans la servilité, la faire rétrograder dans un statut inférieur et on observe de plus en plus d’images dégradantes du corps féminin, comme celles de ces sites qui voudraient faire croire que si des femmes sont devenues célèbres, c’est parce qu’elles ont prêté leur corps à l’industrie pornographique !

 

Doğu Güzeli, 1906.

Je dirais même que pour faire sensation, la presse télévisée a tendance à donner volontiers la parole à ceux qui remettent en question l’évolution de la condition féminine.

Au mois de mai, en France, toutes les chaînes de télévision n’ont-elles pas diffusé les déclarations d’un homme vantant les mérites de la polygamie ? Il ne s’agissait en réalité que d’un individu marginal mais on l’a plus entendu sur les ondes que s’il avait été un important philosophe ou le porte parole d’une assemblée !

 

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Alors ? Plus que jamais, les femmes doivent maintenir leur vigilance et être ensemble féministes. Etre féministe, ce n’est pas être l’adversaire des hommes. Les hommes sont nos compagnons, nos pères, nos fils, nous les aimons, nous nous complétons, nous ne pouvons pas vivre sans eux. Mais nous nous devons de rester prudentes face aux discours ou aux agissements de ceux qui voudraient nous faire perdre les acquis pour lesquels ont lutté nos grands-mères et nos mères.

 

Ma collection alphabet etiquette VOİLE

Cela me rappelle une triste anecdote survenue en France pendant la Révolution. Suite à la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », la femme de lettres Olympe de Gouges, auteure de la célèbre phrase « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune »,  publia la “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne”. Le résultat ? Elle fut guillotinée et le procureur déclara : « Rappelez-vous l'impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés de femmes, abandonna les soins du ménage pour se mêler de la République et dont la tête est tombée sous le fer vengeur des lois... » 

 

Olympe-de-Gouges3

En Turquie, les femmes ont considérablement changé depuis les années 1980. En particulier celles des classes défavorisées. J’admire particulièrement le courage des femmes d’Anatolie car elles sont capables de soulever des montagnes. Au village, elles assument tout, s’occupent de la maison, des enfants, des champs, des animaux, elles cousent, brodent,  tricotent, savent tout faire, portent un univers à bout de bras. Quand elles s’installent à Istanbul, certaines travaillent sept jours sur sept et se battent comme de petites guerrières pour faire étudier leurs filles. Elles ont compris que la liberté des femmes passe par l’école puis par l’indépendance économique Ces femmes-là, rien ni personne ne pourra les faire retourner en arrière, elles savent désormais qu’elles ont le droit de vivre dignement mais aussi celui d’avoir des aspirations.

Sur le sujet de la discrimination, hommes et femmes ensemble, au lieu de se réjouir du verre à moitié plein, doivent continuer à surveiller le verre à moitié vide !

 (Cet article a été publié en juin 2010, avec quelques légères modifications, dans le Journal La Passerelle.)

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2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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