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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 13:20

Si la crise de Coronavirus n’a épargné personne, elle a aussi généré des sources de complications inédites pour les Français de l’étranger résidant hors d’Europe, qui n’en étaient déjà pas exempts. Et voilà que, lorsqu’arrive enfin le moment tant espéré des retrouvailles avec la famille, se dresse devant eux le nouvel épouvantail du Pass sanitaire, qui dès le 1er août, va devenir indispensable pour mener une « vie normale » en France. Certes, le Secrétaire d’Etat chargé du Tourisme et des Français de l’étranger a déclaré se pencher sur le sujet. Mais nous attendons une décision rapide et efficace, sinon, nous serons victimes d’une discrimination de plus !

Car n’oublions pas, que, nous, Français de l’étranger résidant en Turquie, avons déjà subi de nombreuses injustices !

D’abord, ce fut, en janvier 2021, la mesure nous stigmatisant en nous imposant un motif impérieux pour entrer dans notre propre pays ; ensuite, ce fut l’obligation de la quarantaine de dix jours en dépit des deux tests PCR négatifs imposés avant et après le voyage ; en ce qui me concerne, après mon arrivée en France début juin, la gendarmerie est venue me contrôler quatre fois, ce qui a suscité la défiance de mes voisins se demandant à juste titre pourquoi les forces de l’ordre  me rendaient visite un jour sur deux. Et maintenant, nous courons le risque de ne pas obtenir de Pass sanitaire vu que nos vaccins n’ont pas été faits en France ou n’y sont pas homologués !

Serons-nous pénalisés pour avoir été trop obéissants et avoir fait preuve de civisme ? En effet, dès le printemps, il a été conseillé aux Français de l’étranger de se faire vacciner, lorsque c’était possible, dans leur pays de résidence. Pour les résidents en Turquie, dont je fais partie, ce fut donc le vaccin chinois, puisque jusqu’en mai, seuls les soignants bénéficiaient d’autres produits. Or, comme il n’est pas reconnu par la France, nous ne pouvons pas, pour le moment, obtenir de Pass sanitaire. Je me suis rendue dans différents centres de vaccination dans le but, soit de faire valider mes vaccinations soit d’obtenir un rappel me permettant d’accéder à l’incontournable laissez-passer. Mais les médecins concernés, après avoir examiné d’un air suspicieux mon Pass vert, dont ils ont trouvé la forme très esthétique, n’en ont pas moins déclaré le fond nul et non avenu. J’ai ainsi découvert avec stupeur que la condition pour obtenir le sésame était d’avoir été vacciné en France ! Pourtant, est-il utile de rappeler au passage, que beaucoup de Français de l’étranger sont astreints, pour conserver leur sécurité sociale française, à de fortes cotisations, plus élevées que celle de leurs compatriotes ?

Sans Pass sanitaire, nos difficultés de déplacement entre la Turquie et la France risquent encore de s’aggraver et nous tomberons de Charybde en Scylla. Le séjour en France, tant attendu après une longue période d’empêchements, ne risque-il pas de se transformer en cauchemar s’il faut présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures chaque fois que l’on envisage un autre programme que celui de rester cloîtré ? Sans oublier que de nombreux Français de l’étranger profitent de leur séjour en France pour effectuer leurs contrôles médicaux ; or, sauf en cas d’urgence, on ne peut plus entrer dans un hôpital sans Pass sanitaire !

La solution – qui a été proposée par plusieurs associations- semble pourtant facile : réaliser une seule injection de vaccin homologué et donner un Pass à tous ceux et celles dont un test prouve qu’ils ont développé des anticorps grâce à leurs deux vaccins précédents !

Nous espérons donc qu’une décision sera vite prise, sinon, nous serons, une fois de plus, traités comme des citoyens de seconde zone !

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9 février 2021 2 09 /02 /février /2021 17:07

Le 31 janvier 2021, l’Etat français a adopté des mesures discriminatoires pénalisant fortement les Français résidant ou travaillant à l’étranger dans un pays hors de l’Europe. Il leur a interdit d’entrer en France ou d’en sortir sans un motif impérieux dont il a dressé la liste.

Pourquoi cette différence avec les Français résidant un Europe ?

Pour prendre l’avion sur une ligne internationale, il faut désormais pour tous un test PCR négatif ; c’est normal et rassurant.

Mais le test PCR d’un Français résidant au Canada ou à Istanbul est-il différent de celui d’un Français travaillant à Madrid ou à Rome ?

Cette décision injuste laisse pantois ! A une époque où beaucoup de gens s’expatrient pour trouver du travail, où la mobilité professionnelle est de rigueur, les Français de l’étranger ne sont-ils plus des citoyens à part entière ? Les professeurs qui diffusent la culture française dans les lycées français hors d’Europe, les employés qui y font vivre des entreprises françaises, ne participent-ils pas au rayonnement culturel et économique de la France ?  

N’oublions pas enfin que beaucoup de Français de l'étranger payent leurs impôts en France et qu’ils y acquittent aussi, bien souvent, une taxe foncière et une taxe d’habitation de « résidence secondaire » pour leur logement en France. L’Etat ne nous oublie jamais quand il s'agit de nous faire payer !

 

Selon toutes les conventions françaises, européennes, internationales, tout citoyen a un droit absolu à entrer dans son pays !

Cette mesure est donc inique et contraire aux droits de l'homme !

On pourra objecter qu’il existe une liste de motifs impérieux ; mais elle est  trop limitée, elle ne permet d’aller voir ses proches que s’ils sont morts ou à l’article de la mort !

Or, quelles situations de détresse cette révoltante décision risque-t-elle d’engendrer !

N’est-ce pas un droit naturel d’aller voir ses parents, ses frères et sœurs ? Faut-il qu’ils soient mourants pour avoir le droit de leur rendre visite ?

Ou d’aller voir ses enfants ? Les familles dont les enfants étudient en France ne peuvent plus aller les soutenir, les encourager, alors qu’on connaît bien la solitude actuelle et parfois la détresse de certains étudiants privés de cours en présentiel, d’amitiés et parfois seuls depuis des mois dans une chambre…

Sans compter que si les Français de l’étranger hors d’Europe ne peuvent plus se déplacer, des lignes aériennes productives seront supprimées, la faillite des aéroports ne fera que s’accélérer, entraînant la mise au chômage de milliers de personnes…. Car les lignes aériennes, même étrangères, donnent du travail dans les aéroports aux Français de France !

 

Bref, on ne peut qu’espérer que l’Etat français revienne vite sur cette décision arbitraire et scandaleuse qui instaure une ségrégation entre Français de l’étranger en Europe et hors d’Europe, stigmatisant les seconds pour en faire des citoyens de seconde zone !

 

PS : Et à l'instant, les actualités de France 24 m'apprennent que de nombreux Français viennent de partir en vacances à Dubaï ! Alors, pourquoi ces mesures envers les Français résidant hors d'Europe ?

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4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 20:28

(Suite des deux journaux du confinement du 25.03.2020  et 28.04.2020)

1 mai-3 mai : trois jours de couvre-feu

Une fois de plus, la ville d’Istanbul a été plongée dans le silence trois jours. Mais il est à noter que certains ont attendu la levée du couvre-feu dimanche à minuit pour s’empresser de sortir et aller manger un « kebab » à une heure du matin ! Ou se sont précipités dans les bus en pleine nuit pour aller « prendre l’air » ! En réalité, ce sont des exceptions car la plupart des gens respectent parfaitement les consignes.

Une rue déserte de mon quartier, d’habitude très animée…

Il a été annoncé que le confinement du week-end se poursuivrait jusqu’à la fin mai. La bonne nouvelle est que le nombre de contaminations quotidiennes diminue : 126045 cas, 3397 morts dont 61 aujourd’hui 3 mai, cependant le nombre de victimes quotidiennes a baissé et celui des guéris est de deux fois et demi supérieur à celui des nouveaux infectés… 

Comme toujours, les Turcs ne sont pas en reste pour concevoir de nouveaux objets en fonction des circonstances : visières, casquettes et chapeaux à visière (1.80 euros la visière)  deviennent, en plus des masques,  les accessoires « in » de la pandémie !

Voilà la tenue des caissiers-caissières, livreurs, pharmaciens etc

5 mai 2020

Une série de mesures de « déconfinement » progressif ont été annoncées hier soir par le gouvernement pour le lundi 11 mai, tout en précisant qu’en cas d’affaiblissement de la vigilance , on retournerait aussitôt à des plus règles plus strictes : réouverture des magasins, des coiffeurs et centres commerciaux à condition de respecter certaines mesures d’hygiène ; levée de l’interdiction des déplacements inter cités pour sept provinces sauf pour Istanbul, Ankara et Izmir  mais le couvre-feu du week-end sera maintenu dans 21 grandes villes ; permission aux 65 ans et plus, qui étaient en confinement total, de sortir le dimanche de 11h à 15h, aux moins de 14 ans de sortir quatre heures le vendredi et aux 14-20 ans, quatre heures le mercredi. Les universités pourront reprendre leur calendrier, en particulier, pour les examens, le 15 juin mais les écoles demeurent fermées jusqu’en septembre.

On se déguise...

9-10 mai : deux jours de couvre-feu

Quand on n’est pas obligé de sortir pour aller travailler, on ne parvient plus à faire la différence entre la semaine et le week-end et on perd la notion du temps. Quelle est la question récurrente du matin : quel jour sommes-nous aujourd’hui ? Car les jours se suivent et se ressemblent ! Je crois que ce qui me manque le plus est de me promener dans la nature ou d’effectuer des visites des quartiers insolites d’Istanbul comme nous le faisions régulièrement avec mon époux.  Cependant, le confinement me pèse moins qu’à d’autres car de toute façon (en dehors de mes heures de travail de professeur de littérature qui me faisaient traverser une partie de la ville) cela fait des années que j’ai l’habitude de me « confiner » pour écrire…

 

11 mai : « déconfinement » partiel mais poursuite des mesures d’hygiène

Les magasins et les coiffeurs ont ouvert aujourd’hui en Turquie comme en France et les grands centres commerciaux, dont la réouverture avait été controversée, ont connu l’affluence dès le matin, avec de longues queues. Le ministre de la santé a mis en garde dès hier soir sur Twitter : Il faut continuer à rester à la maison si on n’est pas obligé de sortir…

D’ailleurs, les mesures sanitaires continuent : les mairies désinfectent rues,  parcs, jardins d’enfants et transports en commun...

Photo Hurriyet

Les coiffeurs ont adopté des mesures sanitaires inédites : réception d’une seule personne à la fois, port du masque et de la visière, désinfection des sièges et des surfaces avant et après le passage de la personne et abandon du brushing pour éviter, en cas de maladie, de propager le virus dans l’air…

Photo Haberturk

Dans la rue, presque tout le monde porte un masque ; les habitants de la Turquie respectent bien les mesures sanitaires et on se sent en sécurité…

16 au 19 mai : quatre jours de couvre-feu pour le 19 mai

La fête nationale du 19 mai se trouvant un mardi, un pont a été décidé du 16 au 19, pas pour partir en vacances mais pour un couvre-feu de quatre jours ! Il fait un temps resplendissant à Istanbul cependant, tout le monde est cloîtré à la maison. De plus, le masque, qui était déjà obligatoire dans les magasins, les transports en commun, les banques, les coiffeurs, devient obligatoire pour sortir dans la rue dans 28 villes de Turquie. Le ministre de la santé avait déjà prononcé plusieurs fois cette phrase : « Désormais, le masque doit faire partie de votre garde-robe » ! Si je me fie à la réactivité et à la créativité habituelle des Turcs, dans pas longtemps, on vendra les robes avec le masque assorti !

Voilà une robe de mariée de circonstance dans une vitrine de mon quartier…

La fête de la jeunesse et des sports est une date importante dans l’histoire de la république turque car Mustafa Kemal, parti en ferry-boat de Bandirma, débarqua à Samsun le 19 mai 1919 pour y commencer la Guerre d’Indépendance turque.

Rappelons qu’à la fin de la Première Guerre mondiale,  l’Empire ottoman, vaincu, perd une grande partie de ses territoires et que des zones d’influence sont attribuées aux Français, aux Italiens, aux Britanniques et aux Grecs, qui occupent une partie de la Turquie. Mustafa Kemal, qui refuse les clauses du traité de Sèvres, devient le leader de la résistance armée en organisant les congrès d’Erzurum et de Sivas stipulant que la Turquie est une et indivisible. En dépit de l’opposition du sultan qui met sa tête à prix, Mustafa Kemal lève une armée pour s’opposer au gouvernement officiel. Peu à peu, de nombreux Turcs se rallient à sa cause et les forces de Mustafa Kemal gagnent la guerre le 11 octobre 1922. Le traité de Sèvres est remplacé en 1923 par celui de Lausanne, qui rend à la Turquie une partie de ses territoires.

Ce soir, tous les  Turcs confinés se sont mis aux fenêtres pour chanter leur hymne national afin de commémorer cette date symbolisant la reconquête de leur indépendance.

23 au 26 mai : quatre jours de couvre-feu pour la Fête du Sucre

Les autorités sanitaires redoutant que la Fête du Sucre, marquant la fin du Ramadan, ne soit l’occasion, comme le veut la tradition, de nombreuses visites familiales et amicales ne permettant pas le respect de la distanciation sociale, un nouveau-couvre-feu a obligé les Turcs à rester à la maison ; seuls les plus de 65 ans, confinés totalement depuis plus de deux mois, ont eu le droit de sortir pendant 8 heures dimanche.

Le 25 mai, le nombre total des contaminations s’élevait à 157814 et celui des victimes depuis le début à 4369 ; mais la bonne nouvelle est que l’épidémie s’est affaiblie. Cependant, le ministre de la santé a précisé qu’il faut continuer à « apprécier la valeur de sa maison » ! Il est donc probable que les moins de 20 ans et les plus de 65 ans vont encore rester confinés un certain temps… Mais précisons que ceux qui doivent sortir en urgence peuvent le faire : ils appellent un numéro, donnent leur nom et le motif de la sortie et arrive sur leur portable un SMS avec l’autorisation de sortie pour le cas où la personne serait contrôlée.

 

Mercredi 28 mai 2020

Je retourne du supermarché à 10h30 ; le magasin est presque vide le matin, seules deux « personnes âgées » se dépêchent de faire des courses en demandant au caissier de faire vite car elles doivent rentrer à la maison le plus rapidement possible sans se faire prendre (interdiction de sortir des plus de 65 ans et risque d'amende de plus de 400 euros) ; et un jeune avec le masque sous le menton… Visiblement, les gens qui ne sont pas obligés de sortir pour aller travailler continuent à rester chez eux.

Au retour, je continue les habitudes prises pendant la pandémie et adoptées ici par la plupart des femmes : laver avec du savon blanc type « savon de Marseille » tout ce qui vient du dehors…  

 

Vendredi 29 mai- dimanche 31 mai : dernier week-end de confinement

Les chanceux du confinement sont les oiseaux qui s’en donnent une fois de plus à cœur joie en chantant à tue-tête dès l’aube ; ou alors chantaient-ils avant mais les bruits de la ville empêchaient de les entendre…

La ville à 5 h du matin, seuls résonnent les chants d'oiseaux...

2 juin 2020 :  retour à la « vie normale »

Après huit week-end de couvre-feu, c’est une nouvelle étape qui s’amorce en Turquie puisque le « retour à la normale » est effectif aujourd’hui, sauf pour les plus de 65 ans et moins de 18 ans, qui restent confinés. Les déplacements à l’intérieur du pays sont désormais libres. Presque tout rouvre, en premier cafés et restaurants, sauf les théâtres, salles de spectacle ou concert (les spectacles en plein air sont néanmoins autorisés).

Les cafetiers et restaurateurs ont pris des mesures d’hygiène : espacement des tables, prise de température à l’entrée, masque et visière pour les serveurs.

Un magasin équipé de bâches, photo Internet

Dès le matin, c’est par un bruit dont on avait perdu l’habitude que s’est manifestée la résurgence de la vie dite « normale » ; alors que je me trouvais dans mon bureau, mon attention a été attirée par la sirène d’une ambulance au maximum du son et par un charivari de coups de klaxons. Un rapide passage à la fenêtre m’a permis de découvrir un embouteillage monstre dans ma rue, vision qu’on avait un peu oublié dans les matins bercés de chants d’oiseaux.

Un camionneur a fait la une des réseaux sociaux en peignant  à l’arrière de son camion une déclaration d'amour très inventive pour sa belle : "J'ai versé de l'eau de Cologne sur ta route, viens dans mes bras et sois mon Corona"…

Une page historique vint de se tourner avec la fin des restrictions d’urgence sanitaire mais le ministre turc de la santé ne cesse de rappeler que le virus est toujours présent et que même si le nombre de malades s’est considérablement affaibli, on doit redoubler de prudence et continuer à appliquer la désinfection des mains, le port du masque et la distanciation sociale. « Si on ne respecte pas les précautions, on risque de retourner au début », a-t-il conclu. Souhaitons que la discipline personnelle soit suffisante pour empêcher un rebond des contaminations…

En espérant que ce troisième volet du journal du confinement à Istanbul soit le dernier…

 

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26 mai 2020 2 26 /05 /mai /2020 11:48

Nos vénérables académiciens ont tranché et nous ont annoncé que le genre du groupe nominal « Covid-19 » devrait être désormais le féminin ! LE Covid-19 mute en LA Covid-19 !

Leur argument : il s’agit d’un acronyme, le genre du mot principal l’emporte et comme on a traduit l’expression de l’anglais « Corinavirus Disease », le mot doit s’accorder avec « maladie » !

Crise du Covid-19 : Bien sûr, il fallait mettre au féminin ce faquin de fléau !

Depuis le début de la pandémie, en France, on a utilisé l’expression au masculin : « LE » Covid-19 ! Et alors qu’on considère généralement que l’usage doit primer, voilà qu’on cherche à modifier l’usage !

Ce relent de misogynie de l’Académie française nous étonne-t-il ? Que nenni !

On se souvient que l’Académie a résisté jusqu’en février 2019 à la féminisation des noms de métiers et des fonctions !

Autrefois, et toujours en grammaire ! le masculin « l’emportait ». En 1647, Vaugelas écrivait : « Le genre masculin étant le plus noble doit prédominer chaque fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble. »  Mais cette fois, c’est le féminin qui l’emporte, parce que, bien sûr, un fléau, ça ne peut être que féminin, comme les cyclones longtemps baptisés avec des prénoms de femmes ou les grandes maladies (certes, les Académiciens ne sont pas aujourd’hui responsables de l’étymologie…)  la peste, la lèpre, la variole, la tuberculose !

Rappelons qu’il n’y a eu que 9 femmes depuis 1980 admises à l’Académie -5 siègent actuellement- sur 40 académiciens ! Ceci explique cela !

Eh bien, chers académiciens, moi, je refuse vos discriminations inavouées et je continuerai à écrire « LE Covid-19 » !

Crise du Covid-19 : Bien sûr, il fallait mettre au féminin ce faquin de fléau !

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23 mai 2020 6 23 /05 /mai /2020 11:52

« Tout le mal des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas rester en repos dans une chambre »… L’ancienne professeure de philosophie de notre lycée me rappelait récemment, dans une correspondance, cette édifiante citation de Blaise Pascal...

En effet, on n’entend ou ne lit plus sur les réseaux sociaux, les médias, que ce leitmotiv : reprendre vite « comme avant », comme avant la période de confinement… Que signifie cette expression ?

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

Restaurer un monde où 26 personnes détiennent autant d’argent que plus que 50 % des habitants de la planète ?

Où chaque jour, en 2020, 21000 personnes meurent de la faim et de ses conséquences et où les Nations Unies prévoient « une pandémie de faim » avant 2021 ?

Où rien qu’en France, 7 milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres de la population qui travailleront au moins pendant 42 ans pour les enrichir encore et sans même parvenir à s’acheter un deux-pièces ?

Où, au nom du profit, on met des hordes de gens au chômage pour faire fabriquer à des milliers de kilomètres des objets à coût réduit ?

Où, pour gagner toujours plus, les industries agroalimentaires nous gavent d’aliments ultra-transformés et cancérigènes ?

Où le tourisme de masse pollue irrémédiablement la planète, vide de leurs habitants des lieux devenus cauchemardesques, massacre les animaux sauvages, détruit les sites archéologiques, historiques et naturels ?

Où la pollution de notre terre par les métaux lourds, les plastiques, la radioactivité, les pesticides et j’en passe, est devenue telle que les écologistes prévoient une fatale élévation de la température terrestre puis une pénurie d’eau dans moins de trente ans ?

Où la morale, la conscience, la fraternité, la solidarité, la citoyenneté, l’humanisme, deviennent des mots anachroniques provoquant les ricanements de certains ? Où la notion d’amour entre deux personnes a été supplantée par celle de  « plan cul » ? Où le cynisme a vaincu l’innocence ?

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

J’arrête là cette liste qui, loin d’être exhaustive, pourrait encore s’allonger des pages et des pages !

Si c’est ça, reprendre comme avant, moi, je ne veux pas et je n’ai envie que de m’exiler au fin fond d’une campagne isolée pour tenter de recréer une société plus humaine !

A l’inverse, et si nous apprenions à méditer sur nous-mêmes, sur nos valeurs, sur ce qui nous rend heureux ou malheureux ?

 

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

Pour être heureux, doit-on se fixer comme objectif suprême d’acheter vite le nouvel objet technologique dont le capitalisme effréné a, de toute façon, programmé l’obsolescence ?

Pour être heureux, doit-on se gaver de nourritures contaminées aux pesticides et de produits animaux issus de bêtes élevées dans des conditions que l’adjectif « barbare » ne suffit pas à qualifier ?

Pour être heureux, a-t-on besoin d’aller voir de près un ours polaire séquestré sur ce qu’on lui a laissé de banquise et se faire un « selfie » avec lui ? Ou voyager au bout du monde dans des îles soi-disant paradisiaques pendant que de pauvres hères aux mains rongées par l’eczéma trient nos déchets de touristes sur l’île d’à côté ?

Crise du Covid-19 : reprendre « comme avant » pour recréer une société d’enfer ?

Autant revenir à Pascal et chercher à trouver le bonheur « dans sa chambre », c'est-à-dire en nous-mêmes et autour de nous, par la lecture, la pratique des arts, les relations humaines chaleureuses et les sentiments authentiques !

Je n’ai aucune certitude, je vis dans le doute perpétuel et je ne cherche pas à pontifier. Mais il me semble que si la tragique crise du Covid -19 ne nous laisse comme dessein que de revenir « comme avant », ne nous sert pas à méditer sur les défauts de notre mode de vie du début du XXIe siècle et à changer de société, alors, il ne sera même plus utile de continuer à engraisser le mercantilisme, parce qu’à la prochaine crise, nous tomberons tous, riches ou pauvres,  au fond du précipice !

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 12:49

A la recherche du Temps perdu commence dans une chambre où l’on se réveille de bonne heure et se termine sur la chambre du Temps… En effet, la chambre est une sorte de métonymie de l’écriture de Marcel Proust (1871-1922) ; « chapelle mystérieuse », elle occupe une place prépondérante d’un bout à l’autre de l’œuvre.

Reconstitution de la chambre de Proust au Musée Carnavalet

Reconstitution de la chambre de Proust au Musée Carnavalet

Asthmatique dès l’âge de neuf ans, Marcel Proust est un enfant couvé par ses parents ; son père, Adrien Proust, célèbre professeur de médecine, est conseiller du gouvernement pour les épidémies. Pour éviter au petit Marcel les crises d’allergies, on lui interdit les sorties à la campagne mais il effectue des séjours au bord de l’eau, en Normandie, en particulier à Trouville et Cabourg.

Après la mort de ses parents, la santé de Proust se détériore encore et il va s’enfermer pendant quinze ans, pour lutter contre l’asthme mais surtout pour écrire.

Vous pouvez deviner dans quelle détresse je me trouve, écrit Proust à une amie, vous qui m’avez vu les oreilles et le cœur toujours aux écoutes vers la chambre de Maman où sous tous les prétextes je retournais sans cesse l’embrasser, où maintenant je l’ai vue morte, heureux encore d’avoir pu l’embrasser encore. Et maintenant la chambre est vide et mon cœur et ma vie…

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

Obligé de déménager,  il sous-loue à sa tante un appartement au 102, Boulevard Hausmann et s’y installe en 1906. Pour écrire sans être dérangé, il fait tapisser sa chambre de plaques de liège qui amortissent les bruits, n’ouvre pas les volets et ferme hermétiquement les tentures de satin bleu. D’ailleurs, généralement, il vit la nuit et dort le jour, se nourrit peu mais, pratiquant l’automédication, abuse de café, de sédatifs comme le célèbre Véronal de l’époque mais aussi de morphine, alors en vente libre, qu’il s’injecte lui-même pour calmer son asthme.

La pièce est glacée car, malgré sa frilosité,  il refuse que l’on allume le chauffage, redoutant de dessécher l’atmosphère. Cloîtré pour écrire, il se déclare « marié avec son œuvre ».  

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

Moi, l'étrange humain qui, en attendant que la mort le délivre, vit les volets clos, ne sait rien du monde, reste immobile comme un hibou et comme celui-ci ne voit un peu clair que dans les ténèbres. Sodome et Gomorrhe, 1921

Céleste Albaret, la gouvernante mais aussi confidente, qui a partagé les huit dernières années de sa vie, a témoigné en 1970 sur le mode de vie de Proust au moment où il est en pleine élaboration de son œuvre. Il écrit allongé, les genoux relevés, le manuscrit posé sur les genoux, enveloppé dans des couvertures. A côté du lit,  sur une petite table en palissandre, se trouvent son encrier et une quinzaine de porte-plume avec des plumes sergent-major. Il ne sort plus que la nuit, rarement, emmitouflé dans un manteau à col de loutre et doublé de vison, pour aller dîner au Ritz ou partir en quête de brèves aventures amoureuses.

C’est Céleste qui donne à Proust l’idée des fameuses « paperolles », des bouts de papier collés sur le texte quand l’auteur veut effectuer un ajout, et les lui confectionne.

Céleste Albaret dans la chambre de Proust

Céleste Albaret dans la chambre de Proust

En 1919, un nouveau déchirement pour l’écrivain ! Il doit encore déménager, sa tante vendant l’immeuble où il réside, et se séparer cette fois de son mobilier familial. Il s’installe de juin à octobre 1919 dans l’appartement où avait habité l’actrice  Réjane, inspiratrice du personnage de La Berma, rue Laurent-Pichat et ensuite au 44, Rue Hammelin, un « ignoble taudis », à ses dires, où il demeurera jusqu’à sa mort.

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

C’est Céleste qui sera le témoin de la fin de l’œuvre :

Il est arrivé une grande chose cette nuit. C’est une grande nouvelle… Cette nuit, j’ai mis le mot « fin »... Maintenant je peux mourir ... Mon œuvre peut paraître. Je n’aurai pas donné ma vie pour rien...

C’est bien dans une chambre confinée qu’est née en quinze années la « cathédrale » d’ A la recherche du Temps perdu, une des plus grandes  œuvres de la littérature mondiale ...

Se confiner pour écrire : Marcel Proust et sa chambre de liège

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7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 15:39

Pour certains écrivains, le confinement n’est pas une torture mais un choix volontaire ! 

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

En janvier 1844, à l’âge de 23 ans, lors d’une promenade en fiacre, Flaubert est soudain terrassé par une crise d’épilepsie. Cet épisode coïncidant avec l’achat d’une maison de campagne à Croisset, la famille s’y installe en juin pour que le jeune homme puisse y effectuer sa convalescence. Adieu les études de droit qu’on souhaitait lui voir effectuer ! En réalité, pour Gustave, c’est une aubaine ! La maladie- qui d’ailleurs ne durera pas- est tombée à propos pour qu’il puisse se consacrer à son activité favorite, écrire ! Et en dépit de quelques voyages, elle lui servira de prétexte pour tracer désormais sa ligne de conduite : s’enfermer et créer !

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Même la passion amoureuse ne parvient pas à l’arracher à son isolement. En juillet 1843, il rencontre la sulfureuse Louise Colet, belle poétesse qui sert de modèle au sculpteur Pradier.

 

C’est le début d’une ardente passion mais Flaubert ne cesse de repousser les rendez-vous avec Louise, qu’il trouve trop envahissante. Leur célèbre correspondance en conserve le témoignage. Louise, même si elle est mariée à cette époque, ne cesse de solliciter des rendez-vous et Flaubert multiplie les prétextes, en particulier la nécessité de s’occuper de sa mère,  pour les évincer et se consacrer à la rédaction de La Tentation de Saint-Antoine. Au début, Louise, qui n’a pas encore compris le caractère de Gustave, s’inquiète pour sa santé de « reclus ». Flaubert tente de la rassurer :

Je n’ai jamais senti ce que c’était que la fatigue intellectuelle, et il fut une année où j’ai travaillé régulièrement pendant dix mois quinze heures par jour … Quant à la fatigue physique, l’éducation m’a fait un tempérament de colonel de cuirassiers. Sans mes nerfs, partie délicate chez moi, qui me rapproche des gens comme il faut, j’aurais un peu d’affinité avec le fort de la Halle. Sois donc sans crainte, pauvre chérie ; je n’ai pas besoin d’exercice et je vis bien quinze jours sans prendre l’air ni sortir de mon cabinet. 14 octobre 1846.

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Mais peu à peu, Louise comprend que Flaubert n’a qu’un désir profond : rester seul pour écrire ! Car ce dernier ne cache pas que cet amour, qu’il trouve trop passionné, est un obstacle à son travail d’écrivain :

Ce soir je me suis remis au travail, mais en m’y forçant. Depuis six semaines environ que je te connais (expression décente), je ne fais rien. Il faut pourtant sortir de là. Travaillons, et de notre mieux ; puis, nous nous verrons de temps à autre, quand nous le pourrons ; nous nous donnerons une bonne bouffée d’air, nous nous repaîtrons de nous-mêmes à nous en faire mourir ; puis nous retournerons à notre jeûne. 12 septembre 1846.

Son goût de la solitude se double d’une conception très pessimiste des relations humaines. J’ai connu peu d’êtres dont la société ne m’ait inspiré l’envie d’habiter le désert, explique-t-il à Maxime du Camp ;

Alors, bien vite, la relation se dégrade et les lettres qu’un réquisitoire de Louise alternant avec la défense de Gustave. Louise voudrait s’imposer chez son amant, mais il lui refuse l’entrée de sa maison et lui reproche sa jalousie, devenue maladive :

Est-il possible que tu me reproches jusqu’à l’innocente affection que j’ai pour un fauteuil ! 30 septembre 1846

Et tente de lui explique que l’amour ne peut occuper la première place dans sa vie :

30 avril 1847 : Pour moi, l’amour n’est pas et ne doit pas être au premier plan de la vie ; il doit rester dans l’arrière-boutique. Il y a d’autres choses avant lui, dans l’âme, qui sont, il me semble, plus près de la lumière, plus rapprochées du soleil. Si donc tu prends l’amour comme mets principal de l’existence : NON. Comme assaisonnement : OUI.

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Peu à peu, la relation s’effrite jusqu’à se terminer à l’été 1848, Louise se console avec d’autres.  Flaubert la congédie manu militari le 2 août : Merci du souvenir !

Mais dès le retour du voyage en Orient de Gustave, Louise revient à la charge et la liaison reprend de juillet 1851 à mars 1855. Cette fois, la poétesse semble avoir accepté le besoin de claustration de Gustave et la tonalité des lettres a changé : ce ne sont plus des lettres d’amour mais des missives intellectuelles dans lesquelles Flaubert va décrire tout le travail de rédaction de son œuvre la plus célèbre,  Madame Bovary.

C’est en effet 19 septembre 1851 que Flaubert commence la rédaction de ce roman  pour lequel il va littéralement s’enfermer cinq ans, au point de mériter le fameux surnom d’ « ermite de Croisset ».

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure, et où je n’ai rien pour me soutenir qu’une espèce de rage permanente, qui pleure quelquefois d’impuissance, mais qui est continuelle. J’aime mon travail d’un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre. 24 avril 1852

Même les relations avec son entourage lui pèsent :

22 juillet 1852 Mon frère, ma belle-sœur, mon beau-frère [...], j’ai de tout cela plein le dos. Dieu ! Que je suis gorgé de mes semblables ! [...] Quelle admirable invention du Diable que les rapports sociaux ! Ou, le 4 septembre de la même année : Je me suis réservé dans la vie un petit cercle. Mais une fois qu’on entre dedans, je devins furieux, rouge… Que ne peut-on vivre dans une tour d’ivoire ?

Gustave ne vit plus qu’à travers son roman et une petite escapade à Trouville le convainc encore davantage  qu’il n’est fait que pour rester enfermé dans sa chambre :

Loin de ma table, je suis stupide. L’encre est mon élément naturel ! Beau liquide, du reste, que ce liquide sombre ! Et dangereux ! Comme on s’y noie ! Comme il attire ! explique-t-il à Louise le 14 août 1853.

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

D’ailleurs, les affres de la création du livre sont si intenses qu’il compare son travail  à une ascension d’alpiniste :

La perle est une maladie de l’huître et le style, peut-être, l’écoulement d’une douleur plus profonde. N’en est-il pas de la vie d’artiste ou plutôt d’une œuvre d’Art à accomplir comme d’une grande montagne à escalader ?  16 septembre 1853

Toutes les lettres de cette époque reflètent les souffrances de l’écrivain en train de créer ; Flaubert n’est plus qu’un « homme plume », comme il se qualifie lui-même, qui ne veut plus sortir de sa tour d’ivoire !

Et une fois de plus, Louise s’éloigne de lui Elle ne peut plus le comprendre. Jusqu’à ce que le 6mars 1855,  il lui écrive assez cruellement :

J’ai appris que vous vous étiez donné la peine de venir, hier, dans la soirée, trois fois, chez moi. Je n’y étais pas. Et dans la crainte des avanies qu’une telle persistance de votre part Pourrait vous attirer de la mienne, le savoir-vivre m’engage à vous prévenir : que je n’y serai jamais.

 C’est de ce confinement volontaire et de cette misanthropie délibérément assumée que sont nés plusieurs chefs-d’œuvre de la littérature française !

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5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 12:10

En latin, le mot « derelectio » désignait un abandon complet ; puis, les  philosophes mystiques ont utilisé le mot « déréliction » pour qualifier l’état de ceux qui avaient perdu la grâce divine  et sombraient dans un état de solitude extrême. 

Aujourd’hui, c’est la crise du Covid-19 qui nous plonge dans la déréliction. Car oui, nous sommes seuls et abandonnés ! Il ne nous reste plus que notre conscience morale pour tenter de distinguer le vrai du faux, et, à défaut d’acquérir la moindre certitude, de nous définir chacun une attitude, en notre âme et conscience !

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…

D’abord, ce furent les mensonges de l’état affirmant que la maladie, qui n’était de toute façon qu’une « gripette », n’arriverait pas en France. Puis, sa décision de maintenir les élections à la veille de l’ordre de confinement, au grand dam d’une partie du monde médical. Qui croire ? Que croire ? Ensuite, ce furent les discours intempestifs des politiques et même de certains scientifiques en collusion avec le pouvoir, sur l’inutilité des masques alors que l’exemple du monde entier prouvait le contraire et qu’aujourd’hui, on a tourné casaque. Qui croire ? Que croire ? Pour continuer, ce furent les polémiques incessantes sur l’efficacité, l’utilité ou la nocivité de certains traitements contre le virus, avec le monde scientifique fracturé en deux, entre partisans et adversaires de la Chloroquine. Dans la foulée, alors que la loi juge l’homicide, même involontaire, comme un délit, nous avons  entendu avec effroi certains médecins italiens déclarer sur les ondes que faute de lits de réanimation, ils étaient contraints de choisir les patients à sauver ; après, on a  appris qu’en France, une ordonnance du 29 mars 2020 autorisait à utiliser dans les Ehpad le Ritrovil, un sédatif permettant de mourir sans souffrance, pour les personnes âgées, que, par manque de lits d’hôpitaux, on ne cherchait même pas à tenter de soigner ! Certains ont salué cet efficace soulagement de la douleur, d’autres l’ont affublé du sobriquet d’« euthanasie ». Qui croire ? Que croire ? On nous a convaincus que la France était la cinquième puissance mondiale, possédait une infrastructure médicale enviée par toute la planète et on s’est retrouvé avec une pénurie de matériel,  plus de 25000 morts et même les moqueries de certains pays « en voie de développement » qui s’en sortaient mieux que nous et se sont empressés de nous rappeler que nous sommes de bien piètres donneurs de leçons. Qui croire ? Que croire ? Maintenant, ce sont les débats sur l’opportunité de la réouverture des écoles le 11 mai, entre des pédiatres affirmant que cette mesure s’impose et d’autres médecins prévoyant les affres d’une seconde vague d’infection et l’Apocalypse pour la fin juin. Sans parler de l’arrivée sur le marché de la grande distribution de millions de masques à vendre, alors qu’il n’y a pas si longtemps, même le personnel soignant ne disposait pas de cet accessoire… Qui croire ? Que croire ?

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…

Quand je dis que toutes nos certitudes se sont effondrées, je n’exagère pas. Le vrai, déjà si malmené depuis les deux Guerres mondiales, s’est une fois de plus acoquiné avec le faux. Tout ce à quoi nous avons cru « dur comme fer » s’est révélé bancal, nous voilà désemparés, privés de convictions, rongés de défiance et la parole officielle, dorénavant, n’a pas plus de prix que les élucubrations de certains youtubeurs. 

Désormais, nous sommes seuls face à notre absence de foi et d’espoir,  un doute cruel nous gangrène et beaucoup d’entre nous rêvent de partir s’installer avec quelques proches et « happy few », pour reprendre une expression de Stendhal,  dans un hameau abandonné, avec un stock de bougies, trois chèvres et Les Pensées de Pascal comme unique bibliothèque, pour vivre loin de cette société dénaturée par les mensonges et la cupidité et y refaire une sorte de communauté hippie, loin des institutions et de leurs manipulations !

Que notre lucidité, les intuitions de notre for intérieur et ce qui nous reste d’éthique nous viennent en aide pour définir notre future ligne de conduite !

Comment le Covid-19 nous a fait tomber dans la déréliction…
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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 10:20

Vendredi 27 mars 2020 : réduction des déplacements et interdiction des balades

En Turquie, après le confinement total et obligatoire des plus de 65 ans, ce sont les déplacements qui ont été limités : les voyages inter cités individuels sont désormais interdits et les derniers vols internationaux qui restaient, ont été supprimés. Il faudra un laisser passer délivré par la préfecture pour se rendre d’une ville à une autre, en cas de force majeure.  La plupart des trains sont à l’arrêt. Cinq villes et leurs villages  de la région de Rize, où se sont rendus des pèlerins revenant de La Mecque, ont été placés en quarantaine totale.

Les promenades, jogging, parties de pêche ainsi que les balades et pique-nique en forêt sont interdits, les rives du Bosphore sont désormais vides et les contrevenants ont payé des amendes. A ce jour, le nombre des gens contaminés est de 5698 et celui des décès s’élève  à 92 depuis le début.

 

Chaque soir, le ministre de la santé fait une communication : selon lui, la Turquie disposait de 25466 lits de réanimation avant l’épidémie et d’un grand nombre de scanners, ce qui la place, dit-il, dans les pays pouvant lutter efficacement contre la pandémie. Il faut dire que depuis quinze ans, le pays avait considérablement accru ses capacités hospitalières en devenant un important centre de « tourisme médical » pour de nombreux étrangers venus des pays limitrophes et du Moyen-Orient.  Précisons, de plus, que la Turquie ne connaît pas la pénurie de matériel médical, masques compris, dont la fabrication est locale...

En ce qui nous concerne, nous ne sortons plus du tout. Comment occupons-nous notre temps ? J’écris mon nouveau roman et mon époux est en télétravail et prend des cours d’histoire en ligne. Pour les courses, nous avons la chance que dans les villes, les grandes enseignes effectuent la livraison à domicile…

 

Samedi 28 mars 2020 : interdiction des enfants dans les marchés et supermarchés

Le gouvernement a déclaré ne pas décréter de confinement obligatoire pour tous mais a précisé que tous ceux qui ne sont pas obligés d’aller travailler doivent se mettre en quarantaine eux-mêmes. Les enfants n’ont plus de droit d’entrer dans les supermarchés. De ma fenêtre, je regarde la ville, qui d’ordinaire grouille de monde à toute heure du jour et de la nuit,  désormais comme endormie et vivant au ralenti…

Et j’écris, des pages et des pages, il n’y a sans doute que pour les écrivains que le confinement n’est pas une torture…

 

Lundi 30 mars 2020 : arrêt des ferrys et aéroglisseurs

En Turquie, le nombre de contaminations s’élève désormais à 10827 et on compte 168 morts en tout.

Beaucoup de gens ( en particulier ceux qui travaillaient dans les magasins, restaurants et cafés actuellement fermés) se retrouvent en situation précaire après avoir été  mis en congé sans solde. Bien que la Turquie ait annoncé le 18 mars dix-neuf mesures de soutien à l’économie, dans les villes, où des familles entières, avec les aînés, vivent parfois du travail d’une seule ou de deux personnes,  beaucoup se font du souci pour l’avenir.

Chacun se demande de quoi demain sera fait. Pour moi, la question angoissante, qui souvent me donne des insomnies, est de savoir quand les frontières rouvriront et quand les avions fonctionneront pour que je puisse aller voir ma famille en France…

Sinon, le confinement se poursuit dans l’écriture ; je reste dans ma tour d’ivoire…

 

Vendredi 3 avril 2020 : confinement obligatoire des moins de vingt ans, masque obligatoire dans les espaces publics 

On compte à ce jour 20921 cas de contamination en Turquie et 425 morts au total ; 60% des malades se trouvent à Istanbul.

Le pays a pris de nouvelles mesures : interdiction totale de sortir pour les moins de vingt ans, port du masque obligatoire dans tous les espaces où les gens sont regroupés, supermarchés, transports, marchés… En plus des usines de matériel médical, de nombreuses firmes se sont mises à fabriquer des masques et on trouve chez les épiciers des masques noirs en tissu épais lavable, qui peuvent être améliorés en plaçant à l’intérieur un mouchoir en papier plié pour jouer le rôle de filtre.

Le maire d’Istanbul, quant à lui, annonce la distribution de cent mille masques gratuits aux habitants.

La Turquie, qui avait déjà envoyé de l’aide à l’Iran et à la Bulgarie, a offert à l’Italie et à l’Espagne des masques, gants, combinaisons médicales et tests de Coronavirus. Sur les colis de l’aide humanitaire se trouve une citation du célèbre poète et philosophe  Mevlânâ :

« Derrière le désespoir se cachent de nombreux  espoirs. Derrière l’obscurité se cachent de nombreux soleils » et une dédicace, « Avec amour de la part du peuple turc ».

 

 

Photos Internet

Samedi 4 avril 2020

La distribution de masques gratuits a commencé dans les transports en commun d’Istanbul et de plusieurs autres villes. La Turquie compte ce soir 23934 cas de contaminations et le nombre des victimes s’est élevé à 501.

Photo Internet

Mardi 7 avril 2020 : cinq masques gratuits par personne

Il vient d'être créé une application où il suffit de donner son nom et son adresse pour recevoir gratuitement cinq masques que l’on va chercher à la pharmacie avec son numéro. Pour les plus de 65 ans, ce sont des volontaires, parfois des policiers, qui portent à chaque personne 5 masques et une bouteille d’eau de Cologne faisant office de gel. Le ministre de la santé a annoncé que les expériences de traitement à l’aide de plasma sanguin, en donnant aux malades des anticorps de malades guéris du Covid-19 venaient de commencer.

C’est ce soir la plus grosse lune de l’année. Elle reluit sur le Bosphore comme un hyperpère byzantin. Les astrologues se déchaînent pour tenter de lui donner des significations.

 

Mercredi 8 avril 2020 : licenciements interdits durant trois mois 

La France comptabilise désormais 10869 décès dont 541 aujourd’hui et en Turquie, le bilan se monte à 38226 cas de contamination et 87 morts. La Turquie a envoyé ce matin un cargo humanitaire contenant du matériel médical en Macédoine du Nord.

Tous les licenciements sont interdits pendant trois mois. Dans la plaine d’Ovacik des champs entiers se sont couverts de perce neige bleus…

Photo Internet

Quand je pense au déconfinement total, c'est-à-dire au jour où l’on pourra, par exemple, aller dans un concert où on est collé les uns contre les autres sans se soucier des postillons du voisin, je ne me demande pas « quand » car je suppose que c’est comme l’horizon, ça recule au fur et à mesure qu’on avance, mais « comment » ? Comment ? En étant tous immunisés contre la maladie ?  Comment ? Par un vaccin ! 7 milliards et demi d’humains, ça donne le tournis …

Vendredi 10 avril 2020 : annonce du confinement total de tous pour le week-end

Istanbul était une ville endormie depuis deux semaines et le confinement partiel assez bien respecté jusqu'à ce que ce soir : on a annoncé à 22h, le confinement total pour le week-end à partir de minuit  (mais les magasins de première nécessité restent ouverts) ce qui a provoqué une ruée nocturne dans les magasins d'alimentation qui auraient dû fermer à 22h mais sont demeurés ouverts, on s’en doute, pour ne pas rater cette manne ; plus aucune distanciation sociale, plus de masques, la panique... Les efforts de deux semaines réduits à néant en une soirée... Tout le monde est consterné par les images circulant sur les réseaux sociaux…

La place de Taksim vide, photo Internet

La place de Taksim vide, photo Internet

Dimanche 12 avril 2020 : la ville paradis des oiseaux

 

L’ambiance de Pâques est morose mais je me suis contrainte malgré tout à décorer ma table avec les bibelots que j’avais achetés les dernières années dans une boutique de Kurtulus.

 

 

Les martinets sont arrivés, ils passent comme des fusées dans le ciel en criant. Toute la ville est totalement confinée depuis vendredi soir. Un silence incroyable règne, la cité est devenue la propriété des oiseaux qui s’en donnent à cœur joie et des chats, que j’aperçois en nombre de ma fenêtre.  La nature reprend vite ses droits. Sur ma terrasse, je m’amuse à observer une tourterelle qui vient manger mes graines et chercher des brindilles pour confectionner son nid, puis un pigeon qui ramasse des bouts de bois puis un goéland qui emporte carrément un rameau, ma terrasse est devenue un supermarché à oiseaux et ils ne se soucient pas de ma présence !

Istanbul vide, à peine imaginable... Photo Internet

Istanbul vide, à peine imaginable... Photo Internet

Lundi 13 avril 2020 : reconduction de l’interdiction des transports aériens

 

La Turquie réitère la suspension des vols nationaux jusqu’au 20 avril et internationaux jusqu’au 20 mai. Mauvaise nouvelle pour moi, le moment où je pourrai aller voir ma famille en France est encore repoussé et jusqu’à quand ?

 

Avec l’effacement progressif de la présence humaine, les animaux font leur apparition dans les villes ; à Istanbul, des dauphins sont venus folâtrer dans les eaux sous le pont de Galata ; à Bursa, un ours est entré dans la station de téléphérique.

 

 

Ce soir, le nombre des contaminations atteint les 69392 et celui des morts, 1518 au total.

Notons aussi que suite à une loi d’amnistie controversée, votée dans la soirée, la Turquie libère cinquante mille prisonniers de droits communs menacés par la pandémie... 

Jeudi 16 avril 2020 : nouvelles mesures pour soutenir l’économie

 

Les mesures adoptées ce matin consistent en des reports de dettes, allègements de certaines taxes et versement de chômage partiel pour les ouvriers ayant été mis en congé sans solde. Mais beaucoup de personnes demeurent en situation économique très fragile dans les grandes villes. Le confinement total de 31 villes est reconduit pour le week-end prochain.

Ce soir, malheureusement, on dénombre en Turquie 74193 cas de contamination et 1643 morts au total... 

Samedi 18 Avril 2020 : deuxième week-end de confinement total 

Le couvre-feu a commencé vendredi à 24h. La ville d’Istanbul est redevenue étrangement siencieuse, seuls résonnent les roucoulements des oiseaux. Le ministre turc de la santé vient d’annoncer que l’épidémie durera sans doute encore 7 semaines en Turquie et qu’on peut prévoir un retour progressif à la vie normale au début juin. Mais il a aussi précisé que les deux semaines ou trois semaines à venir sont les plus critiques de la pandémie et que la vigilance de chacun doit être renforcée…

Emblème de la nouvelle société de demain ? Un nouvel appareil a fait son apparition à Izmir, le Maskematik, distributeur de masques gratuits dans le métro ; vous introduisez votre carte de transport dans la machine et elle vous donne un masque… Pourquoi y vois-je avec angoisse un emblème de la future société ? Parce que je me dis que SI les dirigeants investissent dans ces machines, c’est qu’ils prévoient qu’on va porter le masque longtemps, même après une accalmie dans l’épidémie…

 

23.26 avril : couvre-feu pour quatre jours

Le 23 avril, le nombre des contaminations au Covid-19 en Turquie s’élève à 101790 cas, avec 2491 victimes et 18491 personnes guéries, pour 40000 tests quotidiens.  Un immense hôpital public d’une capacité de 2 682 lits, dont 458 de soins intensifs, vient d’être inauguré à Başaksehir ; opérationnel à partir du 15 mai, il disposera de la plus grande capacité européenne en soins intensifs et sera en partie dédié aux pandémies… 

La fête nationale du 23 avril, d’ordinaire marquée par de nombreuses cérémonies,  a été fêtée par les Turcs de façon inédite, aux fenêtres et aux balcons des immeubles ! A neuf heures, tout le pays a entonné l’hymne national puis joué de la musique ou frappé sur des tambours. Vendredi, c’était le début du Ramadan et il s’accompagne cette année de mesures exceptionnelles et contraires aux habitudes : interdiction des repas collectifs de rupture du jeûne, en particulier des tentes de quartier, des queues devant les boulangeries pour acheter le pidé, le fameux pain plat du Ramadan, des quêtes du Tambour du Ramadan, des visites dans les lieux de culte et les mausolées ; barrages des rues pour éviter les déplacements et contrôle des prix pour éviter les augmentations…

Pour moi, l’écriture de mon roman continue, j’en suis à ma 458ème heure de travail ; j’ai noté cette fois toutes mes heures depuis le début pour savoir combien de temps est nécessaire à l’élaboration d’un roman historique sur le moyen-âge turc et byzantin ; précisions que cet horaire n’est pas seulement celui de l’écriture mais englobe la lecture de tous les documents historiques indispensables pour traiter un tel sujet. En ce qui me concerne, même sans le virus, j’étais destinée à vivre confinée plusieurs jours par semaine pendant plus d’une année pour arriver au bout de mon nouveau livre…

 

 

Le 24 avril : Le pic de l’épidémie ?

101700 cas de contamination et 115 victimes (total de 2491) : on est semble-t-il, au pic de l’épidémie. La suspension des vols internationaux a été prolongée jusqu’à la fin mai… Le temps est parfois long à la maison; quand je n'écris pas, que fais-je ? Souvent de la cuisine et souvent du pain maison, pour ne pas avoir à sortir...

 

27 avril 2020

Ma journée a commencé par une marche à 7h30 du matin. Les rues étaient désertes, je n'ai rencontré qu'un employé de la mairie, vêtu comme un cosmonaute, qui désinfectait les rues à grands coups de jets et m'a fait profiter au passage du nuage de gouttelettes...

Ma tenue "antivirus", gants, masque, lunettes et foulard sur la tête pour ne pas ramener le virus dans les cheveux...

 

112261 cas, 95 victimes, 2900 au total mais le ministre de la santé pense qu’on vient de dépasser le pic de l’épidémie puisque le nombre des victimes a commencé à décroître et surtout, parce que le nombre des personnes guéries quotidiennement est le double de celui des personnes infectées.

Notons que la personnalité la plus populaire de Turquie en ce moment est justement le ministre de la santé, Fahrettin Koca. Ce médecin de 55 ans, qui a pris la parole presque chaque soir depuis le 10 mars pour donner à la population des nouvelles de la pandémie, a su inspirer confiance même aux opposants politiques de son parti par son effort de transparence, la cohérence de ses discours et sa maîtrise de la situation.

A suivre pour une 3ème partie du journal du confinement à Istanbul, en espérant qu’il se caractérisera par de bonnes nouvelles ! Et pour finir, les roses de ma terrasse…

 

Covid-19 : Journal du confinement à Istanbul, II, 27 mars-27 avril 2020

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15 avril 2020 3 15 /04 /avril /2020 11:33

La crise du Covid-19 remet cruellement les pendules à l’heure ; ce ne sont pas les pays les plus développés qui se révèlent les mieux préparés face à une urgence sanitaire de cette ampleur ! Je n’en prendrais pour exemple que la désormais célèbre pénurie de masques qui touche certains pays européens, mais pas le monde entier, vu que des pays bien plus pauvres que les six premiers de la planète sont devenus les petits chanceux qui  avaient conservé leurs fabriques nationales de masques !

Ce que nous montre la crise, c’est que le discours des philosophes, que l’on rabâche dans les lycées juste pour préparer le Bac, sans vraiment jamais se l’approprier ni en digérer la « substantifique moelle », se révèle d’une amère actualité…

Jean-Jacques Rousseau, un des plus merveilleux auteurs non seulement du XVIIIe mais aussi de la littérature mondiale,  nous mettait en garde il y a plus de deux siècles :

« Le grand devient petit, le riche devient pauvre, le monarque devient sujet : les coups du sort sont-ils si rares que vous puissiez compter d’en être exempt ? »

Cette simple phrase s’applique si bien à la situation actuelle !

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

Nous avons honteusement développé un capitalisme barbare qui exploite les trois-quarts de la population pour que d’autres puissent se déplacer en hélicoptère privé ; selon les économistes, au début de 2019, 26 personnes possédaient autant d’argent que 3.8 milliards des plus pauvres de notre terre. Et chaque jour, d'après les Nations Unies, 25000 personnes meurent de la faim dans le monde ! Toutes les six secondes, un enfant décède de la malnutrition et de ses conséquences ! Cette idéologie dévoyée du rendement a mis au chômage des milliers d’ouvriers et d’ouvrières, faisant fi de leur désespoir et de leur misère, pour aller faire fabriquer nos produits à l’autre bout de la planète. Et cela pour enrichir toujours les mêmes personnes.  

Enfin, pour mettre en œuvre ce dogme de la rentabilité, nous avons honteusement pillé et massacré la nature et ses créatures ; elle prend sa revanche et nous rappelle que nous sommes impuissants face à elle ; tout le monde a pu voir sur les réseaux sociaux le cerf se promenant dans une église en France, les marsouins folâtrant dans les canaux de Venise, l’ours visitant une station de téléphérique et les dauphins s’ébattant dans les eaux du centre-ville en Turquie, les crocodiles vautrés sur les plages touristiques au Mexique…

Photo du journal Hürriyet

Photo du journal Hürriyet

Cela fait des années que les écologistes tirent la sonnette d'alarme et prônent la décroissance en nous rappelant que si nous continuons notre mode de vie actuel, notre avenir sera fait d’incendies géants, d’inondations, de cataclysmes de toutes sortes induits par notre destruction systématique de la nature.

Et voilà que soudain, la décroissance s’impose à nous ! L’économie mondiale est à l’arrêt  pour un virus alors que notre arrogance nous avait fait oublier que cent ans auparavant, vingt millions de personnes avaient perdu la vie dans la pandémie de grippe espagnole… Les pays les plus développés vacillent, le riche devient pauvre, comme le dit Rousseau ! Et l’on a vu aussi que dans les populations sur nourries, certaines personnes sont prêtes à se bagarrer avec leurs congénères pour un simple pain !

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

Alors, demain ?

Si, après qu’on ait réussi à éradiquer le virus, on reprend notre vie « d’avant » comme si de rien n’était, si on continue à n’avoir pour ambition que de remplir nos chariots de supermarché de marchandises cancérigènes aux emballages polluants ou à se procurer des appareils issus des dernières technologies en s’empressant de jeter les autres, devenus démodés ;  si on continue à faire travailler, pour des salaires de misère, ceux qui ont porté la société à bout de bras en période de pandémie pendant que d’autres se hâteront de recommencer à les exploiter ; si l’on se remet à couper les forêts et à polluer toute la planète par les pesticides, les fongicides, les engrais, le transport aérien des marchandises,  si, si si… il n’est pas difficile d’imaginer la suite : la vie au XXI e siècle risque de se changer en cauchemar  pour ceux et celles qui auront survécu à la pandémie. Car la nature n’a pas dit son dernier mot, elle peut élaborer d’autres virus, d’autres catastrophes planétaires voire éradiquer notre espèce en quelques décennies…

Souhaitons que la crise du Covid-19 incite les états à une réflexion réaliste sur l’état de notre monde et à en tirer les conséquences pour métamorphoser la société en retournant aux valeurs fondamentales. Ce ne sera pas chose aisée, les oppresseurs et les grands financiers tenteront de reprendre la main.

L’éthique, nue et timide,  va devoir se frayer un passage dans les broussailles piquantes du lucre…

Souhaitons cependant qu’un nouvel humanisme supplante enfin la mentalité du profit et de la rentabilité à tout prix…

Souhaitons, souhaitons…

Et si l'on profitait de la crise du Covid-19 pour écouter les philosophes ?

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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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