Le nom de Mykonos me faisait rêver. J’avais vu des photos représentant les moulins blancs sur un fond
de mer bleu saphir et je croyais aller découvrir une île sauvage digne de l’Odyssée.
Comment, me direz-vous, vous êtes bien ignorante pour ne pas connaître la réputation de Mykonos ! Mea
culpa !
Le paquebot nous débarque vers 9 heures au nouveau port mais le village se masse autour du vieux port.
Nous prenons donc un taxi qui maugrée car la course n’est pas assez longue.
Nous nous engouffrons dans des ruelles au sol pavé de pierres noires entourées de chaux, entre deux
haies de petites maisons aux volets bleus. Mon regard est attiré par les vestiges de la nuit passée, des poubelles salissant le bord des rues. Mykonos ressemble à une ville morte. Personne. Les
magasins sont encore fermés, tout le monde semble dormir.
Nous arrivons dans un endroit de rêve appelé la petite Venise, avec des maisons de bois
délabrées posées sur des pilotis sous lesquels l’eau s’engouffre en rugissant. Le lieu, surrané, romantique à souhait, semble soudain sorti du passé.
Nous décidons d’y prendre un café au bord de l’eau. Les vagues sont si violentes qu’elles viennent
nous fouetter les pieds et nous jettent des embruns au visage.
Et là, nous remarquons que certains se sont réveillés. Car peu à peu ont pris place aux tables des
couples d’hommes de tous âges, soignés et habillés avec coquetterie. Je ne peux détacher mon regard de quelques éphèbes à la beauté hors du commun, peu vêtus, entièrement épilés, fortement
"bodybuildés", qui prennent le soleil d’un air nonchalant en se laissant admirer.
Passe un couple de femmes en train de s’embrasser amoureusement .Je comprends soudain
l’originalité de Mykonos…
Nous demandons au garçon de nous conseiller une plage agréable.
-Pour quoi faire ? répond-il.
-Quid ?
-Il y a les plages pour écouter de la musique douce, d’autres pour la techno, d’autres pour faire un
bon repas, d’autres pour danser, d’autres ...
-Non, une plage pour nager.
Le garçon nous regarde d’un air sceptique et éclate de rire !
Peu à peu, les magasins ont ouvert et des familles se promènent dans les rues, une serviette de plage
sous le bras. Nous décidons donc de les suivre. Des bus alignés les uns contre les autres conduisent à toutes les plages de l’île. Finalement, nous choisissons de nous rendre à une célèbre plage
appelée "Paradise".
Le nom pourrait faire croire à un lieu de rêve. Pourtant il s’agit plutôt d’une plage semblable à
celles des campings populaires, dissimulée par des canisses, où s’entassent une multitude de gens sous un soleil de plomb, au son d’une musique assourdissante. Peu de personnes dans l’eau. Le
garçon du café aurait-il donc raison ? A partir de 17 heures, sous l’effet de l’alcool, l’atmosphère commence à chauffer. Arrive en homme en string léopard qui se met à se trémousser sur un
podium, entouré de filles éméchées qu’il encourage à se déshabiller davantage. Fatigués par la chaleur et le bruit, nous décidons de rebrousser chemin. Nous ne saurons donc jamais ce qui ce cache
réellement sous les mots “ambiance torride des soirées à Paradise”…
De nuit, les rues de Mykonos semblent
métamorphosées. Un festival de lumières. Toutes les boutiques sont ouvertes et ont aligné leurs étals dans les ruelles grouillant de monde. Difficile de se frayer un passage tellement la foule
est intense. Partout, des gens attablés en train de manger. Le nombre des restaurant à Mykonos est impressionnant. Cuisine grecque ou internationale, produits de la mer, un alcool nommé
"raki" mais complètement différent du raki turc et qu’il faut absolument goûter, l’île est célèbre pour sa gastronomie. On ne dort pas à Mykonos, l’effervescence dure jusqu’au matin dans les bars
et les boîtes. Il faut voir les nuits de Mykonos pour savoir ce que signifie le paradis
des noctambules…
Article paru en turc dans le journal N-T Hayat du 29 novembre 2010