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4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 20:28

(Suite des deux journaux du confinement du 25.03.2020  et 28.04.2020)

1 mai-3 mai : trois jours de couvre-feu

Une fois de plus, la ville d’Istanbul a été plongée dans le silence trois jours. Mais il est à noter que certains ont attendu la levée du couvre-feu dimanche à minuit pour s’empresser de sortir et aller manger un « kebab » à une heure du matin ! Ou se sont précipités dans les bus en pleine nuit pour aller « prendre l’air » ! En réalité, ce sont des exceptions car la plupart des gens respectent parfaitement les consignes.

Une rue déserte de mon quartier, d’habitude très animée…

Il a été annoncé que le confinement du week-end se poursuivrait jusqu’à la fin mai. La bonne nouvelle est que le nombre de contaminations quotidiennes diminue : 126045 cas, 3397 morts dont 61 aujourd’hui 3 mai, cependant le nombre de victimes quotidiennes a baissé et celui des guéris est de deux fois et demi supérieur à celui des nouveaux infectés… 

Comme toujours, les Turcs ne sont pas en reste pour concevoir de nouveaux objets en fonction des circonstances : visières, casquettes et chapeaux à visière (1.80 euros la visière)  deviennent, en plus des masques,  les accessoires « in » de la pandémie !

Voilà la tenue des caissiers-caissières, livreurs, pharmaciens etc

5 mai 2020

Une série de mesures de « déconfinement » progressif ont été annoncées hier soir par le gouvernement pour le lundi 11 mai, tout en précisant qu’en cas d’affaiblissement de la vigilance , on retournerait aussitôt à des plus règles plus strictes : réouverture des magasins, des coiffeurs et centres commerciaux à condition de respecter certaines mesures d’hygiène ; levée de l’interdiction des déplacements inter cités pour sept provinces sauf pour Istanbul, Ankara et Izmir  mais le couvre-feu du week-end sera maintenu dans 21 grandes villes ; permission aux 65 ans et plus, qui étaient en confinement total, de sortir le dimanche de 11h à 15h, aux moins de 14 ans de sortir quatre heures le vendredi et aux 14-20 ans, quatre heures le mercredi. Les universités pourront reprendre leur calendrier, en particulier, pour les examens, le 15 juin mais les écoles demeurent fermées jusqu’en septembre.

On se déguise...

9-10 mai : deux jours de couvre-feu

Quand on n’est pas obligé de sortir pour aller travailler, on ne parvient plus à faire la différence entre la semaine et le week-end et on perd la notion du temps. Quelle est la question récurrente du matin : quel jour sommes-nous aujourd’hui ? Car les jours se suivent et se ressemblent ! Je crois que ce qui me manque le plus est de me promener dans la nature ou d’effectuer des visites des quartiers insolites d’Istanbul comme nous le faisions régulièrement avec mon époux.  Cependant, le confinement me pèse moins qu’à d’autres car de toute façon (en dehors de mes heures de travail de professeur de littérature qui me faisaient traverser une partie de la ville) cela fait des années que j’ai l’habitude de me « confiner » pour écrire…

 

11 mai : « déconfinement » partiel mais poursuite des mesures d’hygiène

Les magasins et les coiffeurs ont ouvert aujourd’hui en Turquie comme en France et les grands centres commerciaux, dont la réouverture avait été controversée, ont connu l’affluence dès le matin, avec de longues queues. Le ministre de la santé a mis en garde dès hier soir sur Twitter : Il faut continuer à rester à la maison si on n’est pas obligé de sortir…

D’ailleurs, les mesures sanitaires continuent : les mairies désinfectent rues,  parcs, jardins d’enfants et transports en commun...

Photo Hurriyet

Les coiffeurs ont adopté des mesures sanitaires inédites : réception d’une seule personne à la fois, port du masque et de la visière, désinfection des sièges et des surfaces avant et après le passage de la personne et abandon du brushing pour éviter, en cas de maladie, de propager le virus dans l’air…

Photo Haberturk

Dans la rue, presque tout le monde porte un masque ; les habitants de la Turquie respectent bien les mesures sanitaires et on se sent en sécurité…

16 au 19 mai : quatre jours de couvre-feu pour le 19 mai

La fête nationale du 19 mai se trouvant un mardi, un pont a été décidé du 16 au 19, pas pour partir en vacances mais pour un couvre-feu de quatre jours ! Il fait un temps resplendissant à Istanbul cependant, tout le monde est cloîtré à la maison. De plus, le masque, qui était déjà obligatoire dans les magasins, les transports en commun, les banques, les coiffeurs, devient obligatoire pour sortir dans la rue dans 28 villes de Turquie. Le ministre de la santé avait déjà prononcé plusieurs fois cette phrase : « Désormais, le masque doit faire partie de votre garde-robe » ! Si je me fie à la réactivité et à la créativité habituelle des Turcs, dans pas longtemps, on vendra les robes avec le masque assorti !

Voilà une robe de mariée de circonstance dans une vitrine de mon quartier…

La fête de la jeunesse et des sports est une date importante dans l’histoire de la république turque car Mustafa Kemal, parti en ferry-boat de Bandirma, débarqua à Samsun le 19 mai 1919 pour y commencer la Guerre d’Indépendance turque.

Rappelons qu’à la fin de la Première Guerre mondiale,  l’Empire ottoman, vaincu, perd une grande partie de ses territoires et que des zones d’influence sont attribuées aux Français, aux Italiens, aux Britanniques et aux Grecs, qui occupent une partie de la Turquie. Mustafa Kemal, qui refuse les clauses du traité de Sèvres, devient le leader de la résistance armée en organisant les congrès d’Erzurum et de Sivas stipulant que la Turquie est une et indivisible. En dépit de l’opposition du sultan qui met sa tête à prix, Mustafa Kemal lève une armée pour s’opposer au gouvernement officiel. Peu à peu, de nombreux Turcs se rallient à sa cause et les forces de Mustafa Kemal gagnent la guerre le 11 octobre 1922. Le traité de Sèvres est remplacé en 1923 par celui de Lausanne, qui rend à la Turquie une partie de ses territoires.

Ce soir, tous les  Turcs confinés se sont mis aux fenêtres pour chanter leur hymne national afin de commémorer cette date symbolisant la reconquête de leur indépendance.

23 au 26 mai : quatre jours de couvre-feu pour la Fête du Sucre

Les autorités sanitaires redoutant que la Fête du Sucre, marquant la fin du Ramadan, ne soit l’occasion, comme le veut la tradition, de nombreuses visites familiales et amicales ne permettant pas le respect de la distanciation sociale, un nouveau-couvre-feu a obligé les Turcs à rester à la maison ; seuls les plus de 65 ans, confinés totalement depuis plus de deux mois, ont eu le droit de sortir pendant 8 heures dimanche.

Le 25 mai, le nombre total des contaminations s’élevait à 157814 et celui des victimes depuis le début à 4369 ; mais la bonne nouvelle est que l’épidémie s’est affaiblie. Cependant, le ministre de la santé a précisé qu’il faut continuer à « apprécier la valeur de sa maison » ! Il est donc probable que les moins de 20 ans et les plus de 65 ans vont encore rester confinés un certain temps… Mais précisons que ceux qui doivent sortir en urgence peuvent le faire : ils appellent un numéro, donnent leur nom et le motif de la sortie et arrive sur leur portable un SMS avec l’autorisation de sortie pour le cas où la personne serait contrôlée.

 

Mercredi 28 mai 2020

Je retourne du supermarché à 10h30 ; le magasin est presque vide le matin, seules deux « personnes âgées » se dépêchent de faire des courses en demandant au caissier de faire vite car elles doivent rentrer à la maison le plus rapidement possible sans se faire prendre (interdiction de sortir des plus de 65 ans et risque d'amende de plus de 400 euros) ; et un jeune avec le masque sous le menton… Visiblement, les gens qui ne sont pas obligés de sortir pour aller travailler continuent à rester chez eux.

Au retour, je continue les habitudes prises pendant la pandémie et adoptées ici par la plupart des femmes : laver avec du savon blanc type « savon de Marseille » tout ce qui vient du dehors…  

 

Vendredi 29 mai- dimanche 31 mai : dernier week-end de confinement

Les chanceux du confinement sont les oiseaux qui s’en donnent une fois de plus à cœur joie en chantant à tue-tête dès l’aube ; ou alors chantaient-ils avant mais les bruits de la ville empêchaient de les entendre…

La ville à 5 h du matin, seuls résonnent les chants d'oiseaux...

2 juin 2020 :  retour à la « vie normale »

Après huit week-end de couvre-feu, c’est une nouvelle étape qui s’amorce en Turquie puisque le « retour à la normale » est effectif aujourd’hui, sauf pour les plus de 65 ans et moins de 18 ans, qui restent confinés. Les déplacements à l’intérieur du pays sont désormais libres. Presque tout rouvre, en premier cafés et restaurants, sauf les théâtres, salles de spectacle ou concert (les spectacles en plein air sont néanmoins autorisés).

Les cafetiers et restaurateurs ont pris des mesures d’hygiène : espacement des tables, prise de température à l’entrée, masque et visière pour les serveurs.

Un magasin équipé de bâches, photo Internet

Dès le matin, c’est par un bruit dont on avait perdu l’habitude que s’est manifestée la résurgence de la vie dite « normale » ; alors que je me trouvais dans mon bureau, mon attention a été attirée par la sirène d’une ambulance au maximum du son et par un charivari de coups de klaxons. Un rapide passage à la fenêtre m’a permis de découvrir un embouteillage monstre dans ma rue, vision qu’on avait un peu oublié dans les matins bercés de chants d’oiseaux.

Un camionneur a fait la une des réseaux sociaux en peignant  à l’arrière de son camion une déclaration d'amour très inventive pour sa belle : "J'ai versé de l'eau de Cologne sur ta route, viens dans mes bras et sois mon Corona"…

Une page historique vint de se tourner avec la fin des restrictions d’urgence sanitaire mais le ministre turc de la santé ne cesse de rappeler que le virus est toujours présent et que même si le nombre de malades s’est considérablement affaibli, on doit redoubler de prudence et continuer à appliquer la désinfection des mains, le port du masque et la distanciation sociale. « Si on ne respecte pas les précautions, on risque de retourner au début », a-t-il conclu. Souhaitons que la discipline personnelle soit suffisante pour empêcher un rebond des contaminations…

En espérant que ce troisième volet du journal du confinement à Istanbul soit le dernier…

 

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  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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