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7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 15:39

Pour certains écrivains, le confinement n’est pas une torture mais un choix volontaire ! 

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

En janvier 1844, à l’âge de 23 ans, lors d’une promenade en fiacre, Flaubert est soudain terrassé par une crise d’épilepsie. Cet épisode coïncidant avec l’achat d’une maison de campagne à Croisset, la famille s’y installe en juin pour que le jeune homme puisse y effectuer sa convalescence. Adieu les études de droit qu’on souhaitait lui voir effectuer ! En réalité, pour Gustave, c’est une aubaine ! La maladie- qui d’ailleurs ne durera pas- est tombée à propos pour qu’il puisse se consacrer à son activité favorite, écrire ! Et en dépit de quelques voyages, elle lui servira de prétexte pour tracer désormais sa ligne de conduite : s’enfermer et créer !

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Même la passion amoureuse ne parvient pas à l’arracher à son isolement. En juillet 1843, il rencontre la sulfureuse Louise Colet, belle poétesse qui sert de modèle au sculpteur Pradier.

 

C’est le début d’une ardente passion mais Flaubert ne cesse de repousser les rendez-vous avec Louise, qu’il trouve trop envahissante. Leur célèbre correspondance en conserve le témoignage. Louise, même si elle est mariée à cette époque, ne cesse de solliciter des rendez-vous et Flaubert multiplie les prétextes, en particulier la nécessité de s’occuper de sa mère,  pour les évincer et se consacrer à la rédaction de La Tentation de Saint-Antoine. Au début, Louise, qui n’a pas encore compris le caractère de Gustave, s’inquiète pour sa santé de « reclus ». Flaubert tente de la rassurer :

Je n’ai jamais senti ce que c’était que la fatigue intellectuelle, et il fut une année où j’ai travaillé régulièrement pendant dix mois quinze heures par jour … Quant à la fatigue physique, l’éducation m’a fait un tempérament de colonel de cuirassiers. Sans mes nerfs, partie délicate chez moi, qui me rapproche des gens comme il faut, j’aurais un peu d’affinité avec le fort de la Halle. Sois donc sans crainte, pauvre chérie ; je n’ai pas besoin d’exercice et je vis bien quinze jours sans prendre l’air ni sortir de mon cabinet. 14 octobre 1846.

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Mais peu à peu, Louise comprend que Flaubert n’a qu’un désir profond : rester seul pour écrire ! Car ce dernier ne cache pas que cet amour, qu’il trouve trop passionné, est un obstacle à son travail d’écrivain :

Ce soir je me suis remis au travail, mais en m’y forçant. Depuis six semaines environ que je te connais (expression décente), je ne fais rien. Il faut pourtant sortir de là. Travaillons, et de notre mieux ; puis, nous nous verrons de temps à autre, quand nous le pourrons ; nous nous donnerons une bonne bouffée d’air, nous nous repaîtrons de nous-mêmes à nous en faire mourir ; puis nous retournerons à notre jeûne. 12 septembre 1846.

Son goût de la solitude se double d’une conception très pessimiste des relations humaines. J’ai connu peu d’êtres dont la société ne m’ait inspiré l’envie d’habiter le désert, explique-t-il à Maxime du Camp ;

Alors, bien vite, la relation se dégrade et les lettres qu’un réquisitoire de Louise alternant avec la défense de Gustave. Louise voudrait s’imposer chez son amant, mais il lui refuse l’entrée de sa maison et lui reproche sa jalousie, devenue maladive :

Est-il possible que tu me reproches jusqu’à l’innocente affection que j’ai pour un fauteuil ! 30 septembre 1846

Et tente de lui explique que l’amour ne peut occuper la première place dans sa vie :

30 avril 1847 : Pour moi, l’amour n’est pas et ne doit pas être au premier plan de la vie ; il doit rester dans l’arrière-boutique. Il y a d’autres choses avant lui, dans l’âme, qui sont, il me semble, plus près de la lumière, plus rapprochées du soleil. Si donc tu prends l’amour comme mets principal de l’existence : NON. Comme assaisonnement : OUI.

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Peu à peu, la relation s’effrite jusqu’à se terminer à l’été 1848, Louise se console avec d’autres.  Flaubert la congédie manu militari le 2 août : Merci du souvenir !

Mais dès le retour du voyage en Orient de Gustave, Louise revient à la charge et la liaison reprend de juillet 1851 à mars 1855. Cette fois, la poétesse semble avoir accepté le besoin de claustration de Gustave et la tonalité des lettres a changé : ce ne sont plus des lettres d’amour mais des missives intellectuelles dans lesquelles Flaubert va décrire tout le travail de rédaction de son œuvre la plus célèbre,  Madame Bovary.

C’est en effet 19 septembre 1851 que Flaubert commence la rédaction de ce roman  pour lequel il va littéralement s’enfermer cinq ans, au point de mériter le fameux surnom d’ « ermite de Croisset ».

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure, et où je n’ai rien pour me soutenir qu’une espèce de rage permanente, qui pleure quelquefois d’impuissance, mais qui est continuelle. J’aime mon travail d’un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre. 24 avril 1852

Même les relations avec son entourage lui pèsent :

22 juillet 1852 Mon frère, ma belle-sœur, mon beau-frère [...], j’ai de tout cela plein le dos. Dieu ! Que je suis gorgé de mes semblables ! [...] Quelle admirable invention du Diable que les rapports sociaux ! Ou, le 4 septembre de la même année : Je me suis réservé dans la vie un petit cercle. Mais une fois qu’on entre dedans, je devins furieux, rouge… Que ne peut-on vivre dans une tour d’ivoire ?

Gustave ne vit plus qu’à travers son roman et une petite escapade à Trouville le convainc encore davantage  qu’il n’est fait que pour rester enfermé dans sa chambre :

Loin de ma table, je suis stupide. L’encre est mon élément naturel ! Beau liquide, du reste, que ce liquide sombre ! Et dangereux ! Comme on s’y noie ! Comme il attire ! explique-t-il à Louise le 14 août 1853.

Se confiner pour écrire : Gustave Flaubert ou l’Ermite de Croisset...

D’ailleurs, les affres de la création du livre sont si intenses qu’il compare son travail  à une ascension d’alpiniste :

La perle est une maladie de l’huître et le style, peut-être, l’écoulement d’une douleur plus profonde. N’en est-il pas de la vie d’artiste ou plutôt d’une œuvre d’Art à accomplir comme d’une grande montagne à escalader ?  16 septembre 1853

Toutes les lettres de cette époque reflètent les souffrances de l’écrivain en train de créer ; Flaubert n’est plus qu’un « homme plume », comme il se qualifie lui-même, qui ne veut plus sortir de sa tour d’ivoire !

Et une fois de plus, Louise s’éloigne de lui Elle ne peut plus le comprendre. Jusqu’à ce que le 6mars 1855,  il lui écrive assez cruellement :

J’ai appris que vous vous étiez donné la peine de venir, hier, dans la soirée, trois fois, chez moi. Je n’y étais pas. Et dans la crainte des avanies qu’une telle persistance de votre part Pourrait vous attirer de la mienne, le savoir-vivre m’engage à vous prévenir : que je n’y serai jamais.

 C’est de ce confinement volontaire et de cette misanthropie délibérément assumée que sont nés plusieurs chefs-d’œuvre de la littérature française !

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4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 11:15

La fausse lettre de « confinement » de Madame de Sévigné diffusée sur les réseaux sociaux  (joli pastiche élaboré par Jean-Marc Banquet d’Orx, dans lequel l’épistolière écrivait à sa fille pour lui parler d’une épidémie, et si bien écrit qu’à première lecture, nombreux sont ceux et celles qui sont tombés dans le piège !) permet de rappeler, qu’en réalité, à l’époque de la marquise, et aussi au siècle suivant, on vit dans la terreur des épidémies ! En particulier celles de « La Petite Sœur », c'est-à-dire la variole, alors appelée « petite vérole ». Plusieurs fois, la marquise parle à sa fille de la maladie et lui donne des conseils pour qu’elle se tienne éloignée des lieux contaminés et ne risque pas de gâter sa beauté de  « plus jolie fille de France » !

Madame de Sévigné et les épidémies

En voilà quelques exemples :

6 mai 1671 : Mais, ma bonne, pourquoi avez-vous été à Marseille ? Monsieur de Marseille mande ici qu’il y a de la petite vérole : puis-je avoir un moment de repos que je ne sache comme vous vous portez ?

5 août 1671 : Je vous conjure, ma chère bonne, de vous bien conserver ; et s’il y avait quelques enfants à Grignan qui eussent la petite vérole, envoyez-les à Montélimar : votre santé est le but de tous mes désirs…

25 novembre 1671 : J’ai appris par mes lettres de Paris la mort de votre premier président… Je ne sais comment je n’ai pas eu l’esprit de vous conseiller ce que vous avez fait, moi qui craignais également de vous voir affronter la petite vérole à Aix, ou retourner sur vos pas à Grignan : il n’y avait qu’à ne bouger d’où vous êtes ; vous avez pris le bon parti…

18 décembre 1671 : M. de Coulanges m’attend pour m’amener chez lui, où il dit que je loge, parce qu’un fils de Madame de Bonneuil a la petite vérole chez moi. Elle avait dessein très-obligeamment d’en faire un secret, mais on a découvert le mystère…

10 février. 1672 : Ma chère fille, après bien des alarmes et de fausses espérances, nous avons perdu le pauvre Chevalier… La fièvre le prit en venant de Paris, et la petite vérole, avec une telle corruption, qu’on ne pouvait durer dans sa chambre…

13 avril 1672 : Vous m’obéissez pour n’être point grosse, je vous en remercie de tout mon cœur ; ayez le même soin de me plaire pour éviter la petite vérole…

5 février 1674 : On avait cru que Mademoiselle de Blois avait la petite vérole, mais cela n’est pas. On ne parle point des nouvelles d’Angleterre ; on juge par là qu’elles ne sont pas bonnes. On a fait un bal ou deux à Paris dans tout le carnaval ; il y a eu quelques masques, mais peu. La tristesse est grande…

24 juillet 1675 : Mme de Montlouet a la petite vérole : les regrets de sa fille sont infinis ; la mère est au désespoir aussi de ce que sa fille ne veut pas la quitter pour aller prendre l’air, comme on lui ordonne…

Madame de Grignan peinte par Mignard en 1669

Madame de Grignan peinte par Mignard en 1669

On voit que les épidémies sont une constante préoccupation pour la marquise. Car si tout le monde ne meurt pas de la maladie, dont la létalité est très élevée, ceux qui en réchappent restent marqués à vie ! Mademoiselle de Lespinasse, la Princesse Palatine, Mirabeau, font partie des « grêlés » ! Louis XIV, Voltaire, Chateaubriand, Goethe, contractèrent la maladie mais sans en conserver les stigmates.

Madame de Sévigné a-t-elle eu le pressentiment que la variole causerait des ravages dans sa famille ?  Car la petite vérole emporta non seulement l’épistolière en personne à Grignan en 1696, mais aussi son petit-fils Louis-Provence de Grignan en 1704 et sa fille Françoise 1705 à Marseille !

De quelques « grêlés » célèbres…

 

Lorsque Julie de Lespinasse, après avoir quitté le salon de Madame du Deffand, s’installe dans la demeure où elle passera les douze dernières années de sa vie, se produit un événement tragique : elle contracte la petite vérole ! Elle avait refusé l’inoculation, croyant déjà avoir attrapé la variole dans sa jeunesse. C’est D’Alembert, qui, au mépris de la contagion, se met à la veiller jour et nuit : « Elle est assez marquée de la petite vérole, écrit-il à Hume, mais sans en être défigurée le moins du monde »… Puis, il tombe malade lui-même, frôle la mort et c’est au tour de Julie de le veiller : «  Il faut, écrit-il, que le diable, qui nous guette l'un et l'autre, ne sache pas son métier… » Au dire des contemporains, Julie garda sur le visage de telles cicatrices que son teint en fut « gâté », ce qui n’éclipsa pas, cependant sa grâce de salonnière…

En ce qui concerne Voltaire, il contracte la maladie en 1723 et tombe malade au point de rédiger son testament. Plus tard, dans ses Lettres philosophiques, il consacrera de nombreuses lignes à vanter l’inoculation.

Quant à Mirabeau, on disait que sa légendaire laideur était encore accentuée par les profondes cicatrices de la petite vérole dont il avait souffert dans la petite enfance…

L’inoculation

Au XVIIIe siècle, les Turcs pratiquent ce que l’on nomme l’inoculation, ancêtre de la vaccination, procédé sans doute venu de Chine. En 1712, un voyageur, Aubry de la Mottraye, signale que les jeunes Circassiennes sont inoculées : « Les jeunes Circassiennes sont vendues par leurs parents en vue de peupler les harems des riches Turcs. Si leur visage n’est jamais grêlé, c’est que les vieilles du pays les piquent en cinq endroits différents et mêlent au sang de leurs plaies du pus d’un autre enfant déjà atteint de la petite vérole ».

Quelques années plus tard, Lady Montaigu, épouse de l’ambassadeur anglais, séjourne à Istanbul et s’émerveille de voir que l’on y pratique la vaccination contre la maladie ; elle fait même « inoculer » ses enfants…

Le médecin suisse Tronchin, qui eut les honneurs d’un article dans L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,  fut un des ardents défenseurs de l’inoculation en Europe et il la pratiqua en France en 1755 pour la première fois ; en 1774, Louis XVI et ses frères furent inoculés publiquement. De nombreux nobles invitèrent Tronchin à Paris pour faire vacciner leurs enfants, en dépit des résistances de la médecine officielle. Il fallut attendre 1864 pour qu’Ernest Chambon répande la « vaccine animale »…

 

Comme ces exemples le montrent, confiants dans les progrès de l’époque moderne, nous avons eu un peu tendance à oublier, dans les pays développés, que les épidémies ont jalonné notre histoire…

 

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13 février 2020 4 13 /02 /février /2020 10:53
Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu

« Je n’écris pas seulement pour mes lecteurs et lectrices. J’écris pour les disparus, pour ceux qui ont écrit avant moi ; j’écris pour les murs et les pierres, pour la mémoire gravée dans les strates de la ville ; j’écris pour tous les écrivains d’Istanbul ; j’écris pour les amoureux de l’Istanbul de demain… »

La Trilogie d’Istanbul :

Fenêtres d’Istanbul 

Grimoire d’Istanbul 

Secrets d’Istanbul 

 

La Sultane Mahpéri

Sultane Gurdju Soleil du Lion

 

Mes Istamboulines

Janus Istanbul

Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu
Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu

Mes livres sur Internet

http://www.gitayayinlari.com/fr/

Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu
Livres sur Istanbul et la Turquie : Gisèle Durero-Köseoglu

Editions franco-turques GiTa Yayinlari d’Istanbul

http://www.gitayayinlari.com/fr/

 

Mon autre blog : Littérature au Firmament

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4 octobre 2019 5 04 /10 /octobre /2019 20:15

Oral Bac de français 2020 : l'explication linéaire

 

Pour rappel, le nouvel oral de français comporte deux parties :

 

Première partie de 12 minutes, 12 points

L’examinateur choisit dans le descriptif un texte d’une vingtaine de lignes que l’élève est chargé d’analyser.

-L’élève procède à la lecture à haute voix du passage choisi par l’examinateur = 2 points.

-Puis il effectue l’explication linéaire du passage = 8 points.

-Enfin, il répond à une question de grammaire sur le texte que lui aura donnée l’examinateur = 2 points

 

Deuxième partie de 8 minutes, 8 points

Il s’agit d’un entretien, d’un dialogue avec l’examinateur.

-Tout d’abord, l’élève choisit une des œuvres étudiées en classe et la présente à l’examinateur en justifiant son choix.

-Puis, l’examinateur lui pose des questions et dialogue avec lui pour évaluer sa maîtrise de l’expression orale et sa connaissance de l’œuvre.

Baudelaire, peinture de Federica Masini

 

La nouvelle définition des épreuves se caractérise donc par le grand retour de l’explication  linéaire !

 

Après une quarantaine d’années où on l’avait vilipendée au profit de la lecture méthodique puis analytique, la voilà de retour !

 

Mais il ne s’agit pas de revenir en arrière, ce n’est pas la lecture linéaire de grand-papa, elle demande de la méthode !

 

 

 

Qu’est-ce qu’une lecture ou explication linéaire ?

 

C’est une explication qui suit la progression du texte (on disait autrefois qu’il s’agissait d’une explication « ligne à ligne », d’où son nom…) ; en réalité, on devrait plutôt dire paragraphe par paragraphe, ou strophe par strophe, ou partie du texte par partie du texte.  

 

Il s’agit donc d’étudier le texte en suivant l’ordre chronologique de ses « mouvements », c’est-à-dire de son plan, entre deux et quatre parties.

 

La méthode de l'explication linéaire

Baudelaire illustré par Carlo farneti

Baudelaire illustré par Carlo farneti

1 Votre introduction 

 

Présentation générale de l’œuvre avec, si c’est important, les causes ou les circonstances de son écriture par l’auteur ; genre du texte et son sujet, situation du texte dans l’œuvre ou le parcours.

 

2 Lecture expressive du texte à haute voix (notée sur deux points)

 

3 Une rapide présentation des  mouvements du texte ce qui vous conduira à définir l’enjeu de l’explication (la problématique)

 

A la fin de la lecture, présentez rapidement les deux ou trois mouvements (parfois quatre, mais plus rarement)  que vous avez identifiés ;  vous pouvez leur donner à chacun un titre (comme des « axes de lecture ») ; puis, vous définirez l’enjeu de l’explication (la problématique, appelée aussi « piste de lecture »).

 

 

4. Développer l’explication en suivant les mouvements du texte que vous avez définis

 

Vous étudiez l’un après l’autre, en suivant l’ordre chronologique du texte, les deux ou trois mouvements (ou parties) que vous avez identifiés.

 

Attention, ne séparez jamais l’étude de ce qui est dit (le fond) de la façon de le dire (la forme). Le danger principal est de tomber dans la paraphrase, c’est-à-dire de « raconter le texte », ou en caricaturant, de redire en moins bien ce que l’auteur, lui, a bien dit ! Vous devez donc demeurer très attentif aux procédés littéraires employés.

 

5 Conclure en effectuant la synthèse sur l’enjeu de l’explication.

 

N’oubliez pas, pour enrichir votre explication, de proposer à la fin la fameuse « ouverture », qui peut consister en une mise en parallèle avec un autre texte de l’œuvre intégrale ou du parcours, une planche d’histoire de l’art ou tout simplement un élément emprunté à votre culture personnelle…

 

 

 

Cet article n’est pas définitif, il pourra comporter des ajustements en fonction des remarques des professeurs et des élèves…

 

Bon courage !

 

Suivez mon blog ; dans mon prochain article, je vous donnerai un exemple rédigé d’explication linéaire…

 

 

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2 octobre 2019 3 02 /10 /octobre /2019 10:05

Ce texte s’adresse aux élèves de Première générale qui, à ce stade de l’année, se posent encore des questions sur ce qui les attend et aussi aux parents saisis par le doute !

 

 

Le nouveau Bac de français : ce qui a changé.

-Il comporte, comme par le passé, une épreuve écrite et une épreuve orale mais la nature des épreuves est modifiée (abandon de la question sur corpus et de l'écriture d'invention à l'écrit et refonte de l'oral).

-Les œuvres à étudier sont imposées par un programme national. Le Bac de français comporte comme avant quatre objets d’étude mais impose un choix d’œuvres (qui sera renouvelé par moitié chaque année) à l’intérieur de chaque objet d’étude.

-Attention, les coefficients du Bac de français ont changé : coefficient 10 au total, 5 pour l’écrit, 5 pour l’oral, soit le même coefficient que le Grand Oral de Terminale !

-La lecture linéaire, abandonnée depuis les années 80, fait son grand retour à l’oral.

-L’oral comporte une question de grammaire sur deux points, ce qui est nouveau.

 

Le programme : quels sont les objets d’étude ?

Les objets d’étude ont peu changé, même si la dénomination est différente ; on retrouve les 4 grands genres littéraires, avec la poésie, l’argumentation, le roman et le théâtre. Pour chaque objet d’étude, le professeur choisit dans le programme national une œuvre à étudier ; l’élève a donc 4 œuvres intégrales à lire et à analyser.

Programme de la classe de Première de la voie générale

Objet d'étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

- Victor Hugo, Les Contemplations, livres I à IV / parcours : Les Mémoires d'une âme.

- Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal / parcours : Alchimie poétique : la boue et l'or.

- Guillaume Apollinaire, Alcools / parcours : Modernité poétique ?

 

Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020

Objet d'étude : La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle 

- Montaigne,  Essais, « Des Cannibales », I, 31 ; « Des Coches », III, 6 [translation en français moderne autorisée] / parcours : Notre monde vient d'en trouver un autre.

- Jean de La Fontaine, Fables (livres VII à XI) / parcours : Imagination et pensée au XVIIe siècle.

- Montesquieu, Lettres persanes / parcours : Le regard éloigné.

 

Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020

Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

- Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves / parcours : individu, morale et société.

- Stendhal, Le Rouge et Noir / parcours : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.

- Marguerite Yourcenar : Mémoires d'Hadrien / parcours : Soi-même comme un autre. 

Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020

Objet d'étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

- Jean Racine, Phèdre / parcours : Passion et tragédie.

- Beaumarchais, Le Mariage de Figaro / parcours : La comédie du valet.

- Samuel Beckett, Oh ! Les Beaux jours / parcours : Un théâtre de la condition humaine.

Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020

Mais aussi d’autres textes

 

Tableau de Matisse

A chaque œuvre intégrale choisie est associé un parcours d’étude (une problématique) comportant des textes d’autres auteurs au choix du professeur. Il peut y avoir aussi des lectures complémentaires (cursives) et des études de planches d’histoire de l’art non obligatoires.

Les instructions officielles conseillent de faire étudier pour chaque objet d’étude 3 textes tirés de l’œuvre choisie et 3 textes illustrant le parcours associé. Le Descriptif des activités fourni par le professeur en fin d’année comportera donc au minimum 24 textes et illustrations...

 

Emile Zola par Manet en 1868

Emile Zola par Manet en 1868

Les épreuves

L’écrit

Il ne comporte plus que deux travaux d'écriture au choix ; durée = 4 heures, coefficient 5

 

-Un commentaire portant sur un texte littéraire en lien avec un des objets d’étude mais qui n’est pas extrait des œuvres du programme officiel (pour éviter un texte déjà étudié en classe).

 

-Une dissertation sur une question littéraire portant sur l’une des œuvres du programme et son parcours associé.

Baudelaire par Courbet en 1847

Baudelaire par Courbet en 1847

L’oral

 

Préparation = 30 minutes, oral = 20 minutes, coefficient 5

 

Comme par le passé, l’élève se rend à l’oral avec le Descriptif des activités fourni par le professeur. Comme je l’ai indiqué plus haut, ce descriptif comporte un minimum de 24 textes et illustrations.

 

L’oral comprend deux parties, différentes de celles de l'ancien Bac ; on note l’abandon de la lecture analytique, le retour à la lecture linéaire et l’apparition d’une question de grammaire.

 

Première partie de 12 minutes, 12 points

L’examinateur choisit dans le descriptif un texte d’une vingtaine de lignes que l’élève est chargé d’analyser.

-L’élève procède à la lecture à haute voix du passage choisi par l’examinateur = 2 points.

-Puis il effectue l’explication linéaire du passage = 8 points.

-Enfin, il répond à une question de grammaire sur le texte que lui aura donné l’examinateur = 2 points

 

Deuxième partie de 8 minutes, 8 points

Il s’agit d’un entretien, d’un dialogue avec l’examinateur.

-Tout d’abord, l’élève choisit une des œuvres étudiées en classe et la présente à l’examinateur en justifiant son choix.

-Puis, l’examinateur lui pose des questions et dialogue avec lui pour évaluer sa maîtrise de l’expression orale et sa connaissance de l’œuvre.

 

Tableau de Cézanne

 

Le nouveau Bac de français sera-t-il plus difficile ?  

Pas vraiment, car les objets d’étude sont « classiques », le nombre des textes étudiés sera à peu près le même et il n’y a plus que deux épreuves au choix à l’écrit au lieu de trois.

Mais il faut préciser que le programme impose des œuvres d’un haut niveau de lecture (impossibilité désormais pour le professeur de moduler la difficulté en glissant dans son programme un ou deux livres de lecture plus facile)…

 

La nouvelle difficulté s’incarne aussi dans la question de grammaire sur 2 points ; de nombreux élèves vont devoir réviser sérieusement les notions qu’ils avaient négligées au Collège ou en Seconde !

 

Et il ne faudra pas tomber dans la paraphrase en effectuant la lecture linéaire. Dans un prochain article, je vous livrerai les secrets de cette dernière… 

Bon courage !

 

Tableau de Fantin-Latour en 1877

Tableau de Fantin-Latour en 1877

Suivez mon blog : dans les jours suivants, je publierai des mises au point sur chacune des épreuves…

Synthèse sur le nouveau Bac de français Première générale 2019.2020
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11 mars 2019 1 11 /03 /mars /2019 12:39

Mardi 26 mars 2019, à 19h15, Hakan Günday est, avec le célèbre romancier français Philippe Claudel, l'invité de l'Institut français d'Istanbul sur le thème : "Du livre au film: comment adapter et valoriser une oeuvre littéraire ?"

Une rencontre que les amateurs de littérature ne doivent pas manquer...

Philippe Claudel et Hakan Günday à l'Institut français d'Istanbul le 26.03.2019

En France, tout le monde connaît Philippe Claudel, auteur collectionnant les prix littéraires et auteur du fameux roman Les Ames grises..

Philippe Claudel et Hakan Günday à l'Institut français d'Istanbul le 26.03.2019

En ce qui concerne Hakan Günday, les lecteurs et lectrices de mon blog littéraire Littérature au Firmament, Littérature-Edebiyat, connaissent mes articles sur cet auteur que je considère comme un des plus doués de la nouvelle génération de romanciers turcs.
 

Philippe Claudel et Hakan Günday à l'Institut français d'Istanbul le 26.03.2019

Pour ceux et celles qui n'auraient pas le temps d'aller sur mon blog Littérature au Firmament, voilà la copie de l'article consacré au roman Encore de Hakan Günday  en 2016 : vous pouvez aussi cliquer sur le lien suivant pour accéder à l'original :

Roman ENCORE ou la chute en Hadès

 Mon roman coup de cœur des derniers jours est celui d’Hakan Gurday intitulé « Encore », édité par Galaade en 2015, traduit en français par Jean Descat, et lauréat du Prix Médicis Etranger 2015.

Hakan Gunday avait déjà remporté le Prix du Meilleur Roman de l’année en Turquie en 2011 avec  D’un extrême l’autre,  puis le Prix France-Turquie en 2014 pour Ziyan.

« Encore » est effroyable histoire de passeurs de clandestins, publiée en turc en 2011 aux Editions Dogan sous le titre « Daha », soit avant l’immense flot migratoire des récentes années.

Œuvre prémonitoire, pourrait-on dire.

Philippe Claudel et Hakan Günday à l'Institut français d'Istanbul le 26.03.2019

La phrase d’incipit est un coup de fouet : « Si mon père n’avait pas été un assassin, je ne serais pas né…».

D’emblée, on sait qu’on ne fera pas dans la dentelle.

Le narrateur est, au début, un enfant de neuf ans à qui son père enseigne une morale terrible : chacun sa peau. Et à qui il apprend que, pour sauver la sienne, mieux vaut arracher vite la bouée de sauvetage des mains d’un vieillard et le regarder sombrer plutôt que de s’exposer à couler soi-même.

Philippe Claudel et Hakan Günday à l'Institut français d'Istanbul le 26.03.2019

Les quatre chapitres, qui portent chacun le nom d’une technique picturale, mettent donc en scène Gaza, enfant abandonné par sa mère (du moins, d’après ce que lui raconte son père car…), lui-même violenté par des clandestins ; maltraité par son père, un passeur de migrants qui enferme ces pauvres hères dans une citerne dissimulée dans son jardin- jusqu’à deux cents- et les y fait attendre parfois jusqu’à trois semaines, sans commodités autres que des seaux, rationnant la nourriture et l’eau alors qu’ils ont payé huit mille dollars pour leur passage, avant de les entasser dans un camion avec lequel ils gagneront la côte pour tenter de passer en Grèce.

Au fil de toutes ces atrocités, Gaza se pique au jeu de la cruauté et découvre le plaisir d’exercer sur les réfugiés la tyrannie dont il subit lui-même les affres ; bref, Gaza devient un tortionnaire, qui fait payer l’eau à ses victimes criant « encore » car elles ont trop soif…  Et, grâce à une caméra lui permettant d’espionner les malheureux enfermés dans la citerne, se livre à des études sur la dynamique du groupe et la prise de pouvoir, qu’il consigne soigneusement dans des dossiers de son ordinateur. Ce qui n’est pas sans rappeler les méthodes employés par certains Nazis…

 

Image de publicité du film tiré du roman

Image de publicité du film tiré du roman

Les âmes sensibles pourront me demander les raisons pour lesquelles j’ai aimé ce roman ( en particulier les deux premiers chapitres, soit 212 pages-choc, le deuxième frôle les sommets de ce que j’appellerai un « surréalisme barbare » en transformant le héros en « pharaon enfermé vivant dans sa tombe » ; j’avoue avoir été moins fascinée par les deux derniers chapitres... )

Si je l’ai apprécié, c’est surtout parce qu’il est d’une actualité terrible ; on savait déjà que les passeurs étaient des monstres ; n’a-t-on pas entendu, depuis deux ans, de multiples histoires de migrants étouffés dans des camions, noyés à cause d’embarcations qui ne flottent pas ou de gilets de sauvetage ne contenant que du coton ?

Ce roman nous dit bien que les passeurs ne sont pas seulement des trafiquants mais surtout des assassins, commettant en connaissance de cause, et presque impunément, des crimes contre l’humanité.

Un roman qui nous rappelle aussi que tous les enfants n’ont pas la chance de naître dans une famille dont ils seront les rois choyés ; certains sont des enfants de criminels.

Un roman, enfin, écrit à l’acide, dont le narrateur-personnage est, au sens propre et au sens figuré, « coincé au fond d’un charnier, sous ces ruines humaines, dans une cellule aux parois de chair et de pierre »…

Le sujet des migrants n’a pas fini de nous faire dresser les cheveux sur la tête. Voilà les articles de mon blog Gisèle Ecrivaine d’Istanbul qui y sont consacrés :

« Necromare », la Méditerranée-tombeau, notre honte à tous ! 3.09.2015

La Méditerranée-tombeau 2 : Et pourtant, ne le savait-on pas déjà ? 4.09.2015

La Méditerranée-tombeau 3 : Une larme de plus pour le journal du désespoir… 20.01.2016

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17 octobre 2017 2 17 /10 /octobre /2017 19:04

Aujourd’hui, 17 octobre 2017, fut un jour marqué d’une pierre blanche : car nous avons eu la chance de recevoir la visite, dans notre lycée, de la plus célèbre écrivaine turque, Ayse Kulin.

Par sa grâce naturelle, sa gentillesse, sa modestie et la passion avec laquelle elle parle de l’écriture, Ayse Kulin a captivé l’auditoire composé d’adolescents. Son charisme a charmé, au sens propre, l’assemblée.

Pour les lecteurs passionnés de littérature, voilà donc le compte-rendu de la causerie.

Rencontre avec Ayse Kulin : passion et émotion

Quand a-t-elle commencé à écrire ?

Elle a écrit très tôt mais elle ne parvenait pas à se faire publier. C’est avec le roman Son nom, Aylin qu’elle est devenue soudain célèbre, remportant alors plusieurs prix littéraires.

Deux citations d’Ayse Kulin

«J’ai été «crée pour être écrivaine, c’est pour cela que j’écris »…

(Traduction de « Yazmak uzere tasarlandim onun için yaziyorum » »

« J’écris au fil de la vie qui passe »

(Traduction de « Hayat akarkin yaziyorum)

Comment et où écrit-elle ?

Elle écrit partout, à la maison, à l’extérieur, en voyage. Elle explique qu’elle a appris à écrire même au milieu du bruit, dans le bus, le métro, dans la cuisine, en préparant le repas. Dans les transports en commun, elle observe les autres. Elle ne se déplace jamais sans son ordinateur, mettant à profit le plus petit laps de temps pour écrire.

Rencontre avec Ayse Kulin : passion et émotion

Quels conseils donnerait-elle à un écrivain en herbe ?

-Beaucoup lire

-Etre un bon observateur

-Tenir un journal pas seulement des faits mais surtout des sentiments ressentis à l’égard de ces faits

Combien de temps met-elle pour écrire un livre ?

Elle a l’avantage d’écrire très vite, elle met un an en moyenne pour composer un roman (elle n’a pas d’autres ressources que l’écriture). Mais le livre Sevdalinka, qui imposait de nombreuses recherches historiques, lui a demandé un temps de travail plus long. Elle explique qu’elle pleurait en lisant les documents qui lui ont servi à écrire le roman. D’ailleurs, elle considère son voyage en Bosnie-Herzégovine, où elle a recueilli des témoignages bouleversants sur les horreurs perpétrées pendant la guerre de l’ex-Yougoslavie, comme un des tournants de son existence, car elle a été déçue par l’absence de réaction des Européens face à la barbarie. Cet épisode de la causerie fut particulièrement émouvant, certains avaient les larmes aux yeux lorsque l’écrivaine évoqua  cette « blessure qui saigne encore »…

Rencontre avec Ayse Kulin : passion et émotion

« Le livre est une leçon de vie »

Ayse Kulin raconte une anecdote intéressante : un jour qu’elle se trouvait à la fenêtre, chez sa mère, elle a vu un pauvre hère en train de fouiller les poubelles, elle s’est mise en colère car il salissait le trottoir et elle l’a morigéné. Puis, après une invitation sur un plateau de télévision avec l’écrivaine Nalan Turkeli,  elle s’est plongée dans la lecture du livre Etre une femme dans un bidonville (Varosta kadin olmak), a découvert les rudes conditions d’existence de ceux qui vivent en triant les ordures de la ville et a eu honte de sa colère contre le miséreux. « Ce livre a constitué un point de non-retour. Maintenant, c’est contre ce système qui force les gens à fouiller les poubelles que je m’indigne », précise-t-elle.

Les livres qu’elle est le plus heureuse d’avoir écrit ?

Ce sont les romans Türkan et Le Pont (Köprü)

Türkan est un roman consacré à la célèbre doctoresse Türkan Saylan. Spécialiste de dermatologie, elle s’est consacrée au traitement des lépreux, jusqu’à parvenir à éradiquer la maladie. Puis, elle a crée une fondation, « Kardelen », soit, « Le Perce-Neige », pour faire étudier les filles des milieux défavorisés…

L’absence de pont sur l’Euphrate, empêchant d’acheminer à temps les blessés ou les femmes sur le point d’accoucher, accablait les habitants d’une région déshéritée… Le Pont raconte comment ils sont parvenus, à l’aide du préfet, à construire sur le fleuve le pont qui leur sauva la vie…

Au sujet du roman Füreyya…

Ce livre raconte la chute de l’Empire ottoman et les débuts de la république à travers la destinée d’une femme, la grande céramiste turque Füreyya…

Au sujet de « Dernier train pour Istanbul » (Nefes Nefese)

C’est en constatant que des Israéliens venaient assister aux obsèques d’anciens diplomates turcs en poste en France durant la Seconde Guerre mondiale qu’Ayse Kulin a découvert l’action qu’ils avaient menée pour sauver des Juifs de la déportation.

(voir à ce sujet mon article « Dernier train pour Istanbul ou le suspense à bout de souffle » https://giselelitterature.blogspot.com.tr/2017/10/ayse-kulin-dernier-train-pour-istanbul.html

http://gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com/2017/10/ayse-kulin.dernier-train-pour-istanbul-ou-le-suspense-a-bout-de-souffle.html)

Un jour de pluie, alors qu’Ayse Kulin se rendait au Musée du Judaïsme d’Istanbul pour consulter les archives, il se mit à pleuvoir à seaux. C’est alors qu’elle fit connaissance avec une dame qui s’était réfugiée là pour échapper à l’averse ; or, il se trouve que cette dernière avait justement fait partie des passagers du dernier train pour Istanbul… Il y eut en réalité trois wagons qui en l’espace de deux mois, conduisirent à Istanbul 300 familles juives de France. Au passage, Ayse Kulin a rappelé aussi l’action de Monseigneur Roncalli (futur pape Jean XXIII), qui, en poste à Istanbul, fabriqua de faux certificats de baptême qu’il fit acheminer en France et en Allemagne par la valise diplomatique des consuls de Turquie…

« Le livre nous ouvre les portes d’un monde que nous ne connaissons pas. Dans chaque livre, il y a quelque chose qui va nous toucher. La lecture des romans développe notre faculté d’empathie.  Les livres nous rendent meilleurs car, sans nous en rendre compte, nous engrangeons des connaissances. Il faut lire en ouvrant son cœur… »

 

Le dernier roman d’Ayse Kulin s’intitule Kanadı Kırık Kuşlar, soit, Les Oiseaux aux ailes brisées…

 
Rencontre avec Ayse Kulin : passion et émotion
Rencontre avec Ayse Kulin : passion et émotion
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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 13:46

Tous les gens qui me connaissent savent que j’adore le mauve et le violet.  Alors, j’ai profité des vacances pour me livrer à une petite mise en scène de mon univers subjectif et littéraire du parme au pourpre…

My vintage violets. Du mauve au violet

« La vérité en un sens est violette »

Philippe Sollers, 2006

My vintage violets. Du mauve au violet

Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour,

Franche d'ambition, je me cache sous l'herbe;

Mais si sur votre front je puis me voir un jour,

La plus humble des fleurs sera la plus superbe.

Jean Desmarets de Saint-Sorlin, 1641, madrigal pour La Guirlande de Julie

My vintage violets. Du mauve au violet
My vintage violets. Du mauve au violet

Rien qu'une touffe de violettes pâles, une touffe de ces fleurs faibles et presque fades… Fleurs parmi les plus insignifiantes et les plus cachées. Infimes. A la limite de la fadeur. Nées de la terre ameublie par les dernières neiges de l'hiver. Et comment, si frêle, peuvent-elles seulement apparaître, sortir de terre, tenir debout ? 

Philippe Jaccottet, 1995.

 

Ô, l’Oméga, rayon violet de ses yeux

Arthur Rimbaud, « Voyelles », 1870  

My vintage violets. Du mauve au violet

Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller, depuis que j'avais lu la Chartreuse, m'apparaissant compact, lisse, mauve et doux ; si on me parlait d'une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait le plaisir de penser que j'habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui n'avait de rapport avec les demeures d'aucune ville d'Italie, puisque je l'imaginais seulement à l'aide de cette syllabe lourde du nom de Parme, où ne circule aucun air, et de tout ce que je lui avais fait absorber de douceur stendhalienne et du reflet des violettes.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913

My vintage violets. Du mauve au violet

ELSBETH – La pâle fleur de l’aubépine peut devenir une rose, et un chardon peut devenir un artichaut ; mais une fleur ne peut en devenir une autre : ainsi qu’importe à la nature ? on ne la change pas, on l’embellit ou on la tue. La plus chétive violette mourrait plutôt que de céder si l’on voulait, par des moyens artificiels, altérer sa forme d’une étamine.

FANTASIO : – C’est pourquoi je fais plus de cas d’une violette que d’une fille de roi.

Alfred de Musset, Fantasio, 1834

 

My vintage violets. Du mauve au violet

 

Votre odeur s’exaspère en l’ombre et dans le soir,

Violettes, ô fleurs douces au désespoir,

Violettes du soir !

Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910

My vintage violets. Du mauve au violet
My vintage violets. Du mauve au violet

La nuit m’envoie ses violettes

Reçois-les car je te les jette

Le soleil est mort doucement

Comme est mort l’ancien roman

De nos fausses amours passées

Les violettes sont tressées

Si d’or te couronnait le jour

La nuit t’enguirlande à son tour.

Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou, posthume, 1947)

My vintage violets. Du mauve au violet

Pour finir dans les senteurs, petite collection d’eaux de violettes, de gauche à droite : eau de violettes Honoré Payan de Grasse, déodorant à la violette de Yardley, violette de l’Artisan parfumeur à Grasse, eau de violette La Tourrettane (Tourettes-sur-Loup), Eau de violettes Berdoues de Toulouse et Violette de Fragonard…

My vintage violets. Du mauve au violet

La couverture violette de mon dernier roman, Sultane Gurdju Soleil du Lion, suite de La Sultane Mahpéri, roman historique sur les sultans seldjoukides d'Anatolie...

My vintage violets. Du mauve au violet
My vintage violets. Du mauve au violet
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22 janvier 2016 5 22 /01 /janvier /2016 09:55

La nouvelle est tombée ce matin, Tahsin Yücel n’est plus !

Photo du Journal Radikal

Photo du Journal Radikal

Décédé à l’âge de 83 ans, le maître, diplômé du Lycée de Galatasaray et d’un Doctorat de littérature française de l’Université d’Istanbul, où il avait ensuite exercé le métier de professeur, a composé une œuvre immense, comportant critiques littéraires, romans, nouvelles, essais et traductions de grands écrivains français.

Auteur d’une quinzaine de romans et recueils de nouvelles, qui passent au crible la société turque de la seconde partie du XXe siècle et se livrent à la satire de la société de consommation et du profit, dans une langue moderne et originale, Tahsin Yücel était l’une des figures de proue des lettres turques du XXe siècle.

On peut lire en français, en particulier Vatandas (traduction de Noémi Cingoz, Editions du Rocher, 2004), Les cinq derniers jours du prophète, qui a reçu en 1993 le prix littéraire Orhan Kemal ((traduction de Noémi Cingoz, Editions du Rocher, 2006), La Moustache (traduction de Noémi Cingoz, Actes Sud, 2009), Sous le soleil de Bernanos, Itinéraire en Artois avec Tahsin Yucel, réalisé par Timour Mudidine en collaboration avec le photographe Philippe Dupuich (Temps présent, 2010) et le roman Le Gratte-ciel (traduction de Noémi Cingoz, Actes Sud, 2012)…

 

Jour triste pour les lettres turques : Tahsin Yücel s’en est allé…

Les cinq derniers jours du prophète, sont le récit de la dégradation physique d’un poète rebelle surnommé « le prophète » et qui croit que ses rêves vont se réaliser...

Jour triste pour les lettres turques : Tahsin Yücel s’en est allé…
Jour triste pour les lettres turques : Tahsin Yücel s’en est allé…

La Moustache est une fable philosophique racontant comment la moustache de Cumali devient un symbole pour un village tout entier...

Jour triste pour les lettres turques : Tahsin Yücel s’en est allé…

Le Gratte-ciel est une fiction satirique qui nous projette en 2073 : un magnat de l’immobilier, qui a édifié un nombre incalculable de gratte-ciels, voit son nouveau projet contrecarré par un vieil homme, petit propriétaire d’une parcelle jouissant d’un merveilleux panorama, qui refuse de lui vendre son bien… Pour le faire plier, tous les moyens machiavéliques seront bons…

Jour triste pour les lettres turques : Tahsin Yücel s’en est allé…

La littérature française doit une fière chandelle à Tahsin Yücel qui a traduit en turc plus de 70 livres d’auteurs français dont Balzac, Flaubert, Gide, Proust, Camus, Malraux, Desnos, Queneau, pour n’en citer que quelques exemples.

En décembre 2012, Tahsin Yucel avait reçu le prix littéraire du Comité France-Turquie, pour l’ensemble de son œuvre et en particulier pour son roman Le Gratte-ciel.

En 2013, le journal Aujourd’hui la Turquie publiait un article où le grand écrivain expliquait son amour de la langue française (propos recueillis par Ayşıl Akşehirli et Benoît Berthelot en mars 2011) :

J’ai terminé l’école primaire en 1945, une belle époque ou de nombreuses bourses étaient accordées aux écoliers sans moyens financiers. J’ai perdu mon père à l’âge de 1 an, nous n’étions pas riches. J’ai très bien réussi l’examen écrit national, et deux mois après je recevais une lettre m’annonçant que je pouvais poursuivre mes études au Lycée francophone de Galatasaray. Ça a été la plus grande chance de ma vie. J’y ai passé huit ans, comme interne. Puis j’ai voulu continuer mes études en philologie française, mais il me fallait de l’argent. Comme je publiais déjà quelques articles dans une revue littéraire, le patron m’a proposé de travailler par demi-journées pour sa maison d’édition. Je traduisais du français au turc, j’avais toujours un livre sur la table. Je traduisais même chez moi ! Je pense avoir traduit 70 livres dans ma vie, personne n’a autant traduit le français que moi en Turquie. J’ai arrêté il y a cinq ans. Et j’ai pris ma retraite de professeur au début de ce siècle. 

Etre francophone c’est d’abord connaître la langue, mais pour moi ce n’est pas seulement ça. A partir de la langue il y a la culture, le pays, le peuple. Moi qui suis écrivain et romancier turc, j’ai lu beaucoup plus de romans et d’études en français qu’en turc. C’est un fait, et ce n’est pas seulement lié à ma profession. Dans ma vie, le français occupe une très grande place. C’est une partie de mon existence.

En 2010, ma précieuse photo avec Tahsin Yücel au Cemiyet de Galatasaray…

En 2010, ma précieuse photo avec Tahsin Yücel au Cemiyet de Galatasaray…

Paix à l’âme de Tahsin Yücel, connu non seulement pour son œuvre mais aussi pour sa gentillesse, son sourire, sa tolérance et sa modestie.

Que repose en paix ce grand écrivain turc lauréat de nombreux prix, expert en littérature française et dont  l’œuvre  « colossale » ne peut que susciter une admiration sans borne…

 

Photo Internet

Photo Internet

Le dernier voyage de Tahsin Yücel, vendredi 23 janvier à la mosquée de Sisli, à Istanbul...

Jour triste pour les lettres turques : Tahsin Yücel s’en est allé…

Mon blog 2 : Littérature-Edebiyat-Gisèle-Durero-Koseoglu

http://giselelitterature.blogspot.com.tr/

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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 20:01

Livre avec CD, Editions franco-turques GiTa, Istanbul, 2012

Janus Istanbul ou le mélange des cultures

Quatrième de couverture

 

Janus, le dieu aux deux visages, s’ennuie, les humains l’ont oublié.

Jusqu’au jour où s’installe dans la maison construite sur les ruines de son temple, un jeune couple mixte, Chloé et Hakan. Voilà de quoi redonner de l’énergie, mais aussi des tourments, à ce gardien de la diversité. Car une nouvelle mission va lui incomber : aider Petit Janus, l’enfant du couple, à assumer la richesse de ses origines différentes.

Mêlant satire et poésie, drame et comique, la pièce de théâtre musical, Janus Istanbul, soutenue par les compositions d’Erol Köseoglu, pose le problème de l’identité dans le mélange des cultures, de la tolérance et de l’acceptation des différences. Mais en musique…

Pièce de théâtre musical Janus Istanbul, Gisèle Durero, Erol Koseoglu
Pièce de théâtre musical Janus Istanbul, Gisèle Durero, Erol Koseoglu

La scène se passe à Istanbul, dans une maison ancienne construite sur les ruines de ce qui fut jadis le temple de Janus, le dieu au double visage. Oublié par les humains, celui qui fut le gardiendes portes, du changement, des passages mais aussi le symbole de l’ambivalence, s’ennuie et se chamaille avec Janus Bis, son autre lui-même.

Mais l’arrivée dans la maison d’un jeune couple mixte, va lui redonner de l’énergie. Comment aider Chloé et Hakan à fusionner harmonieusement cette nouvelle part d’eux-mêmes avec l’ancienne ? Sa mission ne s’arrêtera pas là. A la naissance de Petit Janus, l’enfant du couple, Janus ne sait plus où donner de la tête. Car si le mélange des cultures est facile à résoudre entre gens qui s’aiment, il n’en est pas de même lorsque ces derniers sortent de leur bulle protectrice et affrontent le regard de la société.

Janus Istanbul illustre donc pose donc le problème de l’identité dans le mélange des cultures et de l’acceptation des différences de l’autre.

Satirique lorsqu’elle aborde le problème du déracinement, des préjugés culturels et de l’intolérance, pathétique lorsque les personnages, confrontés à des difficultés qu’ils croient insolubles, sombrent dans le désespoir, la pièce est aussi un spectacle musical. 

Le CD :   Le CD, enregistré et réalisé au Studio We Play d’Istanbul, est la création d’Erol Köseoglu, qui a composé les morceaux, joué tous les instruments et interprété les chansons de la pièce.

CD en français

CD en français

Les dix morceaux de musique et les huit chansons composés par Erol Köseoglu, épousent le dilemme des personnages, en mélangeant la plainte de l’accordéon aux accords de la guitare électrique, la guitare classique à la batterie. La Chanson de Janus, la Valse des amoureux,  la chanson C’est si simple l’amour, la chanson Bonnes pour l’Orient, la chanson Carpe Dieml’Accordéon Ghetto, pour ne citer que quelques exemples, font partie intégrante de l’intrigue, qu’ils approfondissent et soutiennent de façon essentielle.

CD en turc

CD en turc

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  • : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d’Istanbul
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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