Ballade contre la guerre en Ukraine ou comment on se fait arnaquer, nous, les humanistes pacifistes…
On a grandi dans le refrain du « plus jamais ça ».
Quarante ans après, nos grands-mères stockaient encore le tissu dans l’armoire,
Le savon sous le lavabo
Et chuchotaient toujours le martyre d’Hélène Vagliano,
A Cannes, son corps brûlé au fer des forçats,
Villa Montfleury de maudite mémoire.
Nos parents effaçant la vengeance
Fredonnaient « Give Peace a Chance ».
Le soir, il y avait un vieux copain de mon père qui venait boire
pour oublier ses cauchemars
D’Indochine et quand il était ivre,
Il racontait des histoires d’infirmières empalées
sur des bambous poussant d’un mètre en une nuit,
D’araignées géantes tuées au fusil.
Moi, je jouais avec mon livre.
On disait : « Elle est trop petite, elle ne peut pas comprendre, elle lit ses contes de fées »…
Après, nos profs en hypokhâgne disaient qu’il n’y aurait plus jamais de guerre
Parce qu’on était tous solidaires.
Mais quand on regardait les livres sur l'étagère,
Il y avait des listes : Israël, la Corée, l’Algérie, le Vietnam, le Liban, le Biafra et chaque jour la mort de Gavroche.
Il y avait les « boat people », les caboches écrasées au Cambodge à coup de pioche.
Je me revois un dimanche dans la rue avec ma tirelire, « Un franc pour un enfant »…
Puis, la vie a continué cahin-caha, bon an, mal an,
Avec l’Afghanistan, l’Iran et l’Irak, le Golfe, la Yougoslavie, la Tchétchénie,
Le Zaïre, l’Irak, le Tchad, la Somalie, le Yemen, la Syrie, la Lybie, le Mali
Et Dieu sait combien j’en omets
Tant sont nombreux ceux qui se sont étripés.
Les migrants, on leur a vendu des gilets de sauvetage bourrés de coton
Des pneumatiques à l’abandon.
Pendant qu’on sirotait un pot au bord de mer,
On envoyait des mercenaires
Pour couler leurs bateaux
En Méditerranée-tombeau,
Ou on les a vendus aux portes de l’Europe,
Contre un migrant, un euro et des breloques.
Cedric Herrou a été jugé, Carola Rackete interpellée
Délits de solidarité.
Aujourd’hui, on exhume la hache mal enterrée
Le calumet a cessé de fumer.
Il y en a qui veulent la guerre en feignant d’œuvrer pour la paix.
Et nous, marionnettes manipulées
On n’a plus qu’une seule vérité,
Un monolithe manichéen
Corseté d’airain.
Pourtant, la vérité n’est ni blanche ni noire elle est multicolore ou grise.
Je hais les propagandes et leur emprise.
Ça me laisse perplexe que des dames qui auraient laissé crever de faim un migrant sur leur seuil
Cousent de petits sacs à dos
Et des drapeaux
A clouer sur les cercueils.
Tant mieux si les cœurs cadenassés se déverrouillent
Mais ils ne s’ouvrent qu’à l’endoctrinement
Parce qu’ils ont vu les réfugiés avec des chats blancs
Et des chiens morts de trouille.
Pauvres civils ukrainiens suppliciés,
Immolés par la grande assemblée des nations
« On n’arrive pas à faire de négociations »,
Rackettés par des bandits
« File-moi tes dollars ou ton cul et je t’emmène loin d’ici »,
De quelle machination êtes-vous le jouet ?
A qui profite le chaos ?
Demain, lorsque les marchands d’armes et les va-t’en guerre auront gagné
Quand on sera étranglé au garrot,
Ukraine exterminée, Russie anéantie, Europe ensevelie, Afrique affamée,
On pourra toujours faire apprendre aux enfants « Barbara » de Prévert.
« Oh Barbara
Quelle connerie la guerre »…
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