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15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 17:18
Turquie : larmes de sang pour Özgecan

Nos larmes vont à Özgecan, violée, martyrisée, sauvagement assassinée et enterrée le jour de la Fête des Amoureux… 

On a entendu tellement de phrases révoltantes depuis deux  ou trois ans, tellement de déclarations misogynes qu’on en a la nausée ; les crimes contre les femmes ont augmenté de 1400 % depuis sept ans. Nous, femmes, nous ne devons plus permettre qu’une jeune fille de vingt ans ne devienne la proie des bourreaux parce qu’elle est montée dans un minibus toute seule.

Nous ne devons plus permettre qu’un homme écrive impunément  qu’une fille de six ans peut être donnée en mariage ou qu’une fille qui étudie deviendra une prostituée.

Nous ne devons plus permettre que chaque jour, une femme en moyenne perde la vie ou se fasse violenter. Si quelqu’un peut se dresser contre le règne des ténèbres, ce sont les femmes, c’est nous. Halte à l’obscurantisme !

Les mairies éclairées de Turquie devraient organiser pour les femmes des séances gratuites de self-défense ! Face à tant de barbarie, il ne suffit plus de se désoler, de pleurer, d’écrire ; il faut apprendre aux femmes à se défendre comme des Amazones.

La pauvre Özgecan a vaillamment résisté à son agresseur mais elle ne savait pas se battre contre un couteau. Les femmes ne doivent plus être des brebis que l’on conduit à l’abattoir.

Turquie : larmes de sang pour Özgecan

Ce matin, je me suis en sursaut vers cinq heures du matin et j’ai pensé à Özgecan. Elle a pris le minibus pour rentrer de l'université à la maison, et tous les passagers étant descendus, elle s'est retrouvée seule avec le chauffeur, qui a modifié son itinéraire habituel pour la conduire dans un endroit désert.

La pauvre jeune fille a été violée, poignardée, achevée avec une barre de fer ; ensuite, le violeur, avec l’aide de deux acolytes qu'il avait appelés en renfort, lui a coupé les mains pour qu’on ne retrouve pas les traces d’ADN sous ses ongles, a arrosé le cadavre d’essence et  a tenté de le brûler pour effacer les traces de son monstrueux crime.

Si je donne ces détails horribles, c’est pour que tout le monde comprenne à quelle barbarie peut se livrer un "père de famille", si la femme qu’il a décidé de violer ne se laisse pas faire. J’imagine déjà le procès : des avocats "garants de la morale traditionnelle" vont trouver à l’assassin des circonstances atténuantes, arguant du fait que cet ancien bijoutier, était en dépression car il avait été contraint de devenir chauffeur de minibus après avoir fait faillite ; un autre prétendra qu’Özgecan avait regardé le chauffeur dans les yeux et qu’il y avait vu une invitation ; un troisième dira qu’elle portait un pantalon moulant, une mini-jupe…

Bref, tous ces arguments fallacieux et iniques dont on nous abreuve quand une innocente se fait violer ! Alors, nous, femmes, nous perdons le sommeil ! Nous imaginons le martyre de la jeune fille, la douleur de ceux qui l’aimaient ! Nous sommes des mères et Ozgecan est notre fille à toutes !

Nous ne voulons plus de ce monde où certains hommes ne nous considèrent que comme une paire de cuisses ! Nous ne sommes ni des pondeuses ni des courtisanes et nous ne devons pas accepter les discours de ceux (ou celles, hélas ! parfois…) qui prétendent que l’égalité entre les sexes n’existe pas. J’y crois fermement : c’est par les femmes que les grands changements se réalisent !

 

Les femmes ont exigé de porter le cercueil d'Özgecan.,.

Les femmes ont exigé de porter le cercueil d'Özgecan.,.

Nous, femmes de Turquie, demandons aux instances juridiques turques d'infliger une peine exemplaire aux assassins d'Özgecan, jeune fille martyre !

Ajout du 23 février : Bravo et merci à tous les hommes turcs qui, dans de nombreuses villes de Turquie, depuis dix jours, manifestent (parfois en portant des jupes), pour signifier leur solidarité avec les femmes et dénoncer les discriminations dont elles sont trop souvent , encore, victimes !

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  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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