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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 11:55

Le 17 décembre, pour célébrer l’anniversaire de la mort du célèbre poète et philosophe mystique Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ,  ont lieu dans de nombreux endroits de Turquie, les cérémonies nocturnes de Şeb-i Aruz, soit, la « nuit de noces » ou « la nuit de l’union », appelée ainsi par les croyants qui considèrent que c’est la date à laquelle Mevlânâ a rejoint Dieu.

 

Cette envoûtante cérémonie est effectuée par des « derviches tourneurs » qui sont d’authentiques « semazen », ceux qui pratiquent la danse giratoire appelée « sema », célébrant ainsi de tout leur cœur la mémoire du célèbre philosophe qui, au XIII e siècle, créa leur confrérie.

Précisons que les « semazen » dont je parle sont éloignés de tout fanatisme religieux, ont la particularité de vénérer la République fondée par Atatürk, dont ils prient pour le repos de l’âme et considèrent les femmes comme leurs égales, ce qu’ils prouvent en les acceptant dans la cérémonie du « sema » ( ce qui n’est pas le cas de tous les derviches tourneurs). Ils se nomment eux-mêmes les « amoureux universels de Mevlânâ », dont ils propagent le message de paix, fraternité, tolérance et amour.

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Pour tenter de faire comprendre leur passion, je me contenterai de citer une anecdote que m’a racontée un « semazen » avec lequel j’ai eu la chance de parler :

Un homme, arrivant près du couvent de la confrérie, remarque des tombes sur lesquelles figurent des dates de mort telles que : « 3 ans », « 7 ans », « douze ans »…

Intrigué, il demande aux membres de la confrérie pourquoi leur cimetière renferme tant de tombes d’enfants. Y-a-t-il eu une catastrophe ? Une épidémie ?

-Non, répond un derviche. C’est que la date réelle de la naissance d’une personne ne signifie rien pour nous. Pour nous, la vraie date de naissance, c’est celle où la personne a « rencontré » Mevlânâ.  C’est pour cela que nous indiquons la durée de vie en nombre d’années passées à pratiquer le « sema »…  

 

Je n’oublierai jamais la première fois où je me rendis à Konya, au début de mon installation en Turquie. A cette époque, je ne savais presque rien de Mevlânâ, sauf qu’il était le fondateur de l’ordre des Derviches Tourneurs. Mais lorsque je fus entrée dans le mausolée, appelé « türbe », j’ai été si impressionnée par l’atmosphère qui s’en dégageait que j’ai tout de suite éprouvé le besoin de mieux connaître ce poète et philosophe. Je me suis alors plongée dans la lecture de ses livres essentiels, le Mesnevi et le Divan-ı Kebir que depuis, je n’ai jamais cessé de relire.

           Ancienne carte postale de la tombe de Mevlânâ

17 décembre : « nuit de noces » de Djelaleddin Rûmi dit Mevlânâ

Si on me demandait ce que la lecture de Mevlânâ a apporté à ma vie, la première réponse serait : il m’a émerveillé par sa tolérance. Au XIIIe siècle où, dans le reste du monde, on se battait souvent au nom de la religion, il n’hésite pas à prêcher l’amour et le respect de l’autre, quel qu’il soit. D’ailleurs, sa citation la plus célèbre, que l’on trouve reproduite dans une infinité de livres n’est-elle pas : « Viens, viens, viens ! Qui que tu sois, viens ! Que tu sois infidèle, idolâtre, païen, viens ! Notre confrérie n’est pas la confrérie du désespoir. Même si tu as renié cent fois ta parole, viens quand même… »

C’est après avoir effectué des recherches sur Mevlânâ que j’ai ensuite écrit deux romans historiques sur les Seldjoukides d’Anatolie, La Sultane Mahpéri et Sultane Gurdju Soleil du Lion…, dont Mevlânâ est un des personnages puisqu’il inspire tous ceux et celles qui le rencontrent…

 

A l’automne 2018, j’ai eu la chance d’être invitée par l’université de Selçuk à Konya pour parler de mes livres.
 

 

Les personnes qui m’ont merveilleusement reçue m’ont conduite dans tous les lieux « mystiques » de Konya, pour les voir ou revoir…

Ici, sur la tombe d'Eva de Vitray-Meyerovitch, la grande spécialiste du soufisme, qui avait émis le voeu d'être inhumée à Konya non loin du mausolée de Mevlânâ...

...

 

Le merveilleux musée de Konyanuma qui offre des panoramas géants sur l’histoire du lieu…

 

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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 12:40

En ce début de semaine de Toussaint et de Fête des Défunts, voilà une petite visite mémorielle dans le très célèbre cimetière du Château de Nice.

Si je lui ai attribué le qualificatif de « marin », c’est qu’il offre un imprenable panorama sur la baie de la ville et laisse entrevoir, entre les branches des arbres, le bleu de la mer.

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

Elevé en 1783 sur les ruines de la citadelle détruite par Louis XIV, il possède autour de 2800 tombes disposées en terrasses, dont certaines sont de véritables mausolées ; d’autres sont ornées de statues gigantesques dont les sculpteurs ont remporté huit Prix de Rome et qui permettent de le comparer au cimetière de Gênes.

Le mausolée Grosso, surmonté d'un ange gigantesque...

Le mausolée Grosso, surmonté d'un ange gigantesque...

Un bel éphèbe appelé le "gardien des cendres"...

Un bel éphèbe appelé le "gardien des cendres"...

On y trouve beaucoup de sépultures de personnages historiques (Léon Gambetta, Emil Jellinek, fondateur de Mercedes…),  célébrités du monde des arts (Alfred Van Cleef, joaillier, Gaston Leroux, écrivain, René Goscinny, auteur de bandes dessinées, Georges Lautner, cinéaste) ou Anglais qui ont fait la réputation de la Côte d’Azur. Notons que même dans certaines tombes récentes, les familles perpétuent la tradition de la statuaire.

Le mausolée Delfin symbolisant les étapes de la vie…

Le mausolée Delfin symbolisant les étapes de la vie…

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…
Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…
Des vers de Leconte de Lisle...

Des vers de Leconte de Lisle...

A côté se trouve le cimetière juif, dont l’entrée se caractérise par un cénotaphe à la mémoire des déportés.

« Cette urne contient des cendres de nos martyrs assassinés dans les chambres à gaz et les fours crématoires d’Auschwitz, Pologne »

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

La deuxième colonne grave dans le marbre le souvenir des horreurs de la guerre : « Cette urne contient du savon à la graisse humaine fabriqué par les Allemands du III e Reich avec les corps de nos frères déportés. »

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

Une stèle qui a attiré mon attention par le nom des Camondo, célèbre famille ottomane qui avait émigré en France au XIXe siècle (où leurs descendants ont connu un tragique destin, cent ans plus tard, lors de la Seconde Guerre mondiale, disparaissant tous à Auschwitz…) et dont plusieurs monuments perpétuent encore le souvenir à Istanbul, comme  l’Escalier Camondo, l’Immeuble Camondo ou le mausolée d’Abraham Camondo...

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…

Je finirai par quelques vers de Baudelaire enjoignant à ne pas oublier les défunts :

 Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille...

Le cimetière « marin » du Château de Nice, une page d’histoire…
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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 18:13

 

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Atatürk sortant de l'Assemblée nationale turque

 

 

        Il a proclamé l’égalité entre les hommes et les femmes.

 

             “Si elles montrent leurs visages à la patrie et que leurs yeux puissent regarder la patrie avec attention, il n’y a plus rien à craindre.”(1935)

 

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        Il a enlevé aux femmes turques le voile symbolisant leur oppression.

 

            “Je vois parfois des femmes, un foulard sur la tête, qui se cachent la face avec une écharpe ou une pièce de tissu ressemblante... Que signifie ce bizarre accoutrement, cette sauvage tenue  pour une mère civilisée, une fille de notre patrie ? Il ne fait que rendre comique notre nation et doit être changé sur-le-champ.” (1925)

 

Ataturk.jpg

 

        Il leur a permis d’étudier, de posséder un métier, d’être l’unique épouse de leur conjoint, d’hériter, de voter.

 

           “La cause de l’échec de notre société  vient du manque d’intérêt que nous avons manifesté aux femmes et de la place subalterne à laquelle nous les avons reléguées. Vivre signifie être en activité. Ce qui veut dire que si une partie de la société est en activité pendant que l’autre ne peut pas travailler, cette société est paralysée.”(1925)

 

Fotoğraf T.C Başbakanlık Basın yayın ve Enformasyon G.

Atatürk et sa fille adoptive Sabiha Gökçen, première femme pilote de Turquie

Fotoğraf T.C Başbakanlık Basın yayın ve Enformasyon G.M

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 07:20

Chaque année se déroulent le 25 avril les cérémonies de commémoration des martyres de la bataille terrestre des Dardanelles ou Campagne de Gallipoli, qui opposa les soldats anglais, russes et français aux troupes de l’Empire ottoman, de l’Allemagne et de l’Empire Autro-Hongrois,  entre le 25 avril 1915 et le 9 janvier 1916 et se termina par la victoire de l’Empire ottoman.

(Toutes les illustrations de cet article sont copiées sur Internet, merci aux auteurs)...

Le mausolée face à la mer...

Le mausolée face à la mer...

Le 25 avril, jour du débarquement franco-britannique, est aussi « la Journée de l’Anzac », celui du débarquement du Corps armé australien et néo-zélandais.

Le cimetière des Anzac...

Le cimetière des Anzac...

Cette année, date du centenaire, les cérémonies revêtent une solennité particulière et des touristes et journalistes du monde entier sont venus se recueillir sur le site pour honorer la mémoire des dizaines de milliers de morts au combat.

Le cimetière turc...

Le cimetière turc...

Mustafa Kemal aux Dardanelles...

Mustafa Kemal aux Dardanelles...

Le cimetière français des Dardanelles

Le cimetière français des Dardanelles

Texte copié sur le site de l’Ambassade de France à Ankara :

« La France était représentée par son ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, qui a présidé la cérémonie au cimetière français, et par le vice-amiral d’escadre Yves Joly, commandant la zone, la région et l’arrondissement maritime Méditerranée, représentant le chef d’Etat-major des Armées. Des soldats français de la base de l’OTAN d’Izmir, des marins de la frégate Cassard, positionnée au large du cimetière français, ainsi que des membres d’associations d’anciens combattants étaient également présents. »

Extraits du discours de Jean-Yves Le Drian (copiés sur le site de l’Ambassade de France à Ankara).

« Cent ans après, les croix de fer de Seddülbahir et les tombes blanchies par le soleil de la péninsule rappellent le sacrifice de ces soldats.

En ce jour solennel, la France rend hommage à ses poilus du front d’Orient, aux 80 000 hommes du Corps expéditionnaire d’Orient et de la Marine française qui sont venus défendre leur patrie sur cette terre lointaine, théâtre de l’un des épisodes les plus tragiques de notre histoire. Marins, zouaves, tirailleurs sénégalais, algériens, légionnaires, 10 000 soldats français et coloniaux sont tombés devant Gallipoli. Ni l’ampleur des pertes, ni la violence de la guerre, n’ont diminué la bravoure de ces hommes. Leur courage et leur sens du sacrifice ne seront jamais oubliés.

Je pense également aux soldats anglais, australiens, néo-zélandais, mais aussi aux combattants turcs qui ont perdu la vie dans ces mêmes combats.

Le 25 avril ne célèbre pas une victoire. Il commémore la bataille des Dardanelles telle qu’elle s’est jouée ici. Il honore la mémoire de toutes les nations qui ont combattu, et c’est bien là le sens que Mustapha Kemal avait voulu donner à cette cérémonie.

Gallipoli incarne donc aujourd’hui, plus que jamais, la réconciliation des belligérants d’hier, la fraternité de nos peuples, la détermination de nos pays à lutter de longue date ensemble en faveur de la paix… »

 

Dardanelles, 25.04.2015 : Centenaire de la bataille terrestre
Un soldat français aux Dardanelles

Un soldat français aux Dardanelles

Paix aux âmes de ces soldats de tous les bords qui ont tant souffert et sont venus mourir sur cette presqu’île de Gallipoli, parfois si loin de leur terre natale…

Dardanelles, 25.04.2015 : Centenaire de la bataille terrestre

Émile Verhaeren, Les Ailes rouges de la guerre, « La patrie aux soldats morts », 1016.

Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,

Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans

Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,

Où plus que jamais douce apparut la lumière.

On n’osait plus songer au réveil des champs d’or

Que l’aube revêtait de sa gloire irisée ;

La guerre occupait tout de sa sombre pensée

Quand au fond des hameaux on apprit votre mort.

Depuis votre départ, à l’angle de la glace,

Votre image attirait et les cœurs et les yeux,

Et nul ne s’asseyait sur l’escabeau boiteux

Où tous les soirs, près du foyer, vous preniez place.

Hélas ! où sont vos corps jeunes, puissants et fous,

Où, vos bras et vos mains et les gestes superbes

Qu’avec la grande faux vous faisiez dans les herbes ?

Hélas ! la nuit immense est descendue en vous.

Vos mères ont pleuré dans leur chaumière close ;

Vos amantes ont dit leur peine aux gens des bourgs ;

On a parlé de vous tristement, tous les jours,

Et puis un soir d’automne on parla d’autre chose.

Mais je ne veux pas, moi, qu’on voile vos noms clairs.

Vous qui dormez là-bas dans un sol de bataille

Où s’enfoncent encor les blocs de la mitraille

Quand de nouveaux combats opposent leurs éclairs.

Je recueille en mon cœur votre gloire meurtrie,

Je renverse sur vous les feux de mes flambeaux

Et je monte la garde autour de vos tombeaux,

Moi qui suis l’avenir, parce que la Patrie.

Dardanelles, 25.04.2015 : Centenaire de la bataille terrestre

Un beau roman en anglais sur cette période :

Leyla Yidirim

Gallipoli 1915 : Unfulfilled Promesses, Editions GiTa, 2014

Dardanelles, 25.04.2015 : Centenaire de la bataille terrestre
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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 15:47

Une première en Turquie : pour la commémoration du 24 avril 1915, une cérémonie du souvenir a été organisée dans l'Eglise Meryem Ana du Patriarcat arménien de Kumkapi ; le ministre Volkan Bozkir représentait le gouvernement et un message du président Erdogan, envoyé en arménien, y a  été lu, dont voici un petit extrait :  " Je veux redire encore une fois que nous connaissons les tragédies vécues dans le passé par le peuple arménien et que nous en partageons la douleur avec sincérité. Et je veux que vous sachiez que les portes de notre coeur seront ouvertes à jamais aux descendants, venus de tous les pays, des Arméniens de l'Empire ottoman".

 

Photo Hurriyet

Photo Hurriyet

Photo radikal
Photo radikal

Le soir du 22 avril a eu lieu, au Palais des Congrès d'Istanbul, un grand concert intitulé "In memoriam 24 avril", en souvenir des intellectuels arméniens morts en 1915.

Le célèbre chanteur Livaneli au concert "In memoriam" (photo Radikal)

Le célèbre chanteur Livaneli au concert "In memoriam" (photo Radikal)

A Taksim, comme dans de nombreuses autres villes de Turquie, ont eu lieu des rassemblements de commémoration.

Istanbul le 24 avril 2015
Istanbul le 24 avril 2015

Le journal arménien Agos a consacré tout son numéro d'aujourd'hui à la mémoire des Arméniens de Turquie.

Je terminerai pas ces deux photos d'Arméniens d'Istanbul fin XIXe ou début XXe :

Un couple de mariés...

Un couple de mariés...

Ma photo préférée, celle de Nazareth...

Ma photo préférée, celle de Nazareth...

Istanbul le 24 avril 2015
Istanbul le 24 avril 2015
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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 21:47
Turquie : et si on protégeait les arbres ?

Lors de la première semaine de novembre, une nouvelle a fait la une des journaux turcs : l’arrachage de 6000 oliviers à Yirca, près de Manisa, en vue de la construction d’une centrale thermique. Toutes les télés ont montré le film du maire du village et des paysannes en train de pleurer. Finalement, le Conseil d’Etat a décidé d’interrompre les travaux, mais les oliviers avaient été déracinés…

La Turquie fait partie des cinq premiers producteurs mondiaux d’huile d’olive. Ce dramatique épisode de l’arrachage des oliviers de Yirca, qui a bouleversé le pays tout entier, tant la détresse des paysannes et du maire était touchante, est emblématique : il est urgent de protéger les arbres en Turquie !

Turquie : et si on protégeait les arbres ?
Turquie : et si on protégeait les arbres ?

A Istanbul, on a tellement déboisé le bout du Bosphore que la semaine dernière, un sanglier est venu se perdre dans le village de Bebek… Faute de trouver des glands, les sangliers se convertissent en citadins pour fouiller les poubelles…

Aujourd’hui encore, les mauvaises nouvelles concernant les arbres affluent : à Yalova, un projet de route nécessitant la coupe de deux cents arbres a provoqué la colère des habitants ; hier, les journaux révélaient qu’un million et demi de mètres carrés de la forêt de Fatih allaient peut-être faire l’objet d’un projet immobilier ; que la presqu’île de Datça, une merveille de la nature sauvage, allait être ouverte à la construction ; qu’à Marmaris, on envisagerait de vendre l’île de Karaca…

La beauté inégalée de Datça, photo Internet, merci aux auteurs...

La beauté inégalée de Datça, photo Internet, merci aux auteurs...

Pourtant, la Turquie possède une flore exceptionnelle, avec une multitude d’espèces d’arbres, différentes en fonction des régions.

Un platane "orientalis" colossal, en Thrace...

Un platane "orientalis" colossal, en Thrace...

Les arbres majestueux du parc de Tarabya, à Istanbul

Les arbres majestueux du parc de Tarabya, à Istanbul

Les épicéas des montagnes de  la Mer Noire

Les épicéas des montagnes de la Mer Noire

Les envoûtantes frondaisons des monts de la Mer Noire, vers Camlihemsin…

Les envoûtantes frondaisons des monts de la Mer Noire, vers Camlihemsin…

Certains arbres sont si anciens et gigantesques qu’on les a nommés « arbres commémoratifs »…

Les arbres séculaires du palais de Topkapi...

Les arbres séculaires du palais de Topkapi...

Jardins de Topkapi...

Jardins de Topkapi...

Turquie : et si on protégeait les arbres ?

Souhaitons que la protection et la sauvegarde du patrimoine naturel devienne une priorité en Turquie…

Turquie : et si on protégeait les arbres ?

Et pour finir, ces quelques vers d’Hugo dédiés aux arbres :

Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,

Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,

Dans votre solitude où je rentre en moi-même,

Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime!

L'arbre de vie, un des motifs traditionnels de l'art turc

L'arbre de vie, un des motifs traditionnels de l'art turc

Dryade, sur le site mythobyfleur

Dryade, sur le site mythobyfleur

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 11:00

La colline de la sultane Adilé, appelée aussi "Validebag" est le second espace vert de la rive asiatique d’Istanbul, classé comme site naturel depuis 1999, avec ses dix hectares plantés d’arbres séculaires.

Photo du site Agaclar.net, merci aux auteurs

Photo du site Agaclar.net, merci aux auteurs

Il y a deux cents ans, le sultan Selim III (1798-1807) y fit édifier pour sa mère, la sultane Mihrichah, un kiosque de campagne, qui fut plus tard offert par Abdulmecit à sa propre mère, Bezmialem. Cette dernière, important des milliers d'espèces venues de tout le pays et de l’étranger, convertit le parc en jardin botanique. Il échut ensuite en héritage à la famille Altunizade, qui y édifia le kiosque d’Ismail Zuhtu Pacha, qui l’offrit au sultan Abdulaziz. Enfin, ce dernier en fit cadeau à sa fille Adilé, pour laquelle l’architecte Nigogos Balyan construisit un merveilleux petit palais, aujourd’hui employé comme « maison des professeurs » (en Turquie, les professeurs ont des « maisons » dans lesquelles ils peuvent, à prix modestes, aller se restaurer ou demeurer quelques jours comme dans un hôtel ; certaines d’entre elles sont situées dans des édifices historiques).

Photo de Remzi Aydin sur le site Panoramio

Photo de Remzi Aydin sur le site Panoramio

Quelles sont donc les richesses de la colline de la sultane Adilé, un des poumons verts d’Istanbul ?

Environ sept mille arbres, dont des cèdres de l’Atlas et de l’Himalaya, toutes sortes de pins, des paulownias, des hêtres, des arbres fruitiers ; 117 espèces d’oiseaux venant y nicher, dont des rossignols ; des milliers de plantes et d’insectes.

Quel est le sujet de la colère des amoureux des arbres ?

Dryade, madame Thenadier, Deviant Art
Dryade, madame Thenadier, Deviant Art

La construction d’une mosquée et de parcs à voitures. La colline avait déjà fait en 2006, l’objet d’un projet d’aménagement qui, suscitant la colère des riverains, avait été abandonné. Puis, en, 2009, un parcours de course y a été aménagé, c’est là qu’a eu lieu le championnat de cross européen. Finalement a été crée la « Fondation des Volontaires de Validebag » pour protéger le site.

Photo du site Panoramio

Photo du site Panoramio

Depuis une semaine, suite à un début d’arrachage des arbres, les volontaires (accusés par leurs adversaires de s’opposer à la construction d’une mosquée mais affirmant qu’ils ne font que défendre la nature et les arbres) se mobilisent jour et nuit, dans le froid et la pluie, pour s’opposer aux bulldozers et occupent le site. De nombreux affrontements ont déjà eu lieu avec les forces de l’ordre. Les voitures placées en barrière pour empêcher le passage des bulldozers ont été enlevées par la fourrière.

Photo du journal Vatan du mardi 28 octobre

Photo du journal Vatan du mardi 28 octobre

Istanbul : Mobilisation des amoureux des arbres

Comment cette histoire se terminera-t-elle ? On sait, depuis les événements du Parc Gezi en juin 2013, qu’à Istanbul, le sujet de la coupe des arbres est particulièrement sensible. On sait aussi que la ville d’Istanbul sera candidate, en 2017, au titre de « capitale européenne verte ».

Souhaitons que tout finisse dans la concorde et la survie des arbres…

Istanbul : Mobilisation des amoureux des arbres

Aux dernières nouvelles, mardi 28 à 15 heures, les manifestants ont été repoussés par des balles en plastique et les bulldozers sont entrés sur le site...

Arbre qui pleure,  document Internet

Arbre qui pleure, document Internet

Magic the Gathering: Dryad Arbor by Cryptcrawler, Deviant Art

Magic the Gathering: Dryad Arbor by Cryptcrawler, Deviant Art

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 14:36

Republication d'anciens articles que la nouvelles version d'overblog a jetés aux oubliettes....

Je dédie cet article à Nina d’Istanbul, dont je partage l’amour pour les arts traditionnels….

 

Ce sont des créations de femmes, un art du quotidien, perpétué depuis des siècles. Un art populaire souvent jugé comme mineur, déconsidéré, parfois. Pourtant, ce sont tout simplement des œuvres d’art. Ils se nomment en turc “Yemeni” ou “Yazma”.

 

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Certains semblent dessiner les pétales de la passion

 

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             Combien d’heures de travail pour inclure ces perles, boutons et coquillages ?

 

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Certains s’ornent de perles

   

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D’autres de paillettes

 

 

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Un coffre venu de Maras qui, grâce à ses parois vitrées, laisse admirer les dentelles

 

 

A SUİVRE...

 

 

Lien vers mes livres sur Amazon.fr link

Ataturquie.fr link

En Turquie, Editions GiTa  link

Lien vers le site Gisèle, Ecrivain français d’Istanbul link
 

 

 

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 14:32

Republication d'anciens articles que la nouvelle version d'overblog a jetés aux oubliettes...

  J’admire particulièrement les femmes d’Anatolie car elles sont capables de soulever des montagnes. Au village, elles prennent en charge la plupart des travaux, la maison, les enfants, les champs, les animaux ; elles cousent, brodent, tricotent, portent leur un univers à bout de bras ; elles savent tout faire. Tout en parlant, sans même regarder leur ouvrage, elles font naître sous leurs doigts des rivières de fleurs, de fruits ou de motifs géométriques.

 

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      Quand elles s’installent à Istanbul, elles travaillent encore, se battent comme de petites guerrières pour faire étudier leurs filles et souvent, elles y arrivent. Elles ont compris une chose, c’est que la liberté des femmes passe par l’école puis par l’indépendance économique. Ces femmes-là, rien ni personne ne pourra les faire retourner en arrière ni les replonger dans un quelconque asservissement.

 

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Mais dès que la vie citadine leur offre un instant de répit, leurs doigts de fées se remettent à faire danser le crochet avec le fil.

 

Brodeuses de foulard, j’aime les fleurs nées de vos rêves…

 

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 Ceux-la ont presque quatre-vingt-dix ans, ils ont été témoins de la naissance de la république turque

  

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Ceux-la datent de l’époque ottomane, leur soie est si fragile qu’on craint de les manipuler.

 

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Au sujet des foulards, le début de la nouvelle "Jülide", dans Mes Istamboulines (2010, Editions GiTa, en vente en France sur Amazon.fr et Ataturquie.fr) link

 

 

Cela faisait vingt-trois ans qu’elle préparait le trousseau de sa fille Jülide. Plus exactement, depuis le jour où cette seconde Jülide avait vu le jour, un an  après que la première, une petite  magnifique, n’eut été emportée par une maladie mystérieuse que l’on avait attribuée au mauvais œil.

Le trousseau contenait tout ce qu’une Anatolienne peut s’enorgueillir de confectionner pendant deux décennies, dessus de lit, draps brodés, serviettes de toilette gansées de dentelle, rideaux de cuisine, housses ouvragées pour les machines, napperons, plus une batterie de cuisine complète et un service en porcelaine. Au fil des ans, la collection s’était accrue de tous les cadeaux qu’elle avait pu recevoir. Chaque fois qu’on lui offrait un objet qu’elle trouvait joli, elle disait avec fierté : « Je le garde pour le trousseau de Jülide.» Son appartement d’Istanbul étant trop exigu, elle s’empressait chaque été de transporter au village, où elle partait en vacances, toute nouvelle pièce ajoutée au trésor. Il dormait dans des coffres de bois fermés à clé, si nombreux qu’on avait dû leur consacrer une chambre complète, elle-même soigneusement verrouillée.

Conserver, préserver, telle était sa devise. Il y avait aussi les cent vingt foulards de tête en étamine bordée de dentelle à l’aiguille. Elle se disait parfois que Jülide, élevée à Istanbul et habituée à y vivre tête nue, n’en aurait pas l’usage mais c’était un détail superflu, l’important était qu’on puisse les exposer le jour venu, avec le reste du trousseau, dans la maison du village où on se rendrait pour les noces. Et les voisines défileraient pour contempler ces merveilles.

Et chacun commenterait : « Voilà un trousseau de princesse ! »

 

  STP64174

 

 

   

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En Turquie, Editions GiTa  link

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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 08:37

La Turquie est en deuil après la terrible catastrophe minière de Soma, près de Manisa, qui a déjà coûté la vie à 282 personnes ; malheureusement, les sauveteurs sont pessimistes et redoutent que le bilan des victimes ne s’alourdisse encore car on estime que plus de cent mineurs sont encore coincés dans les galeries, certains à 2400 mètres sous terre.

Photo copiée sur Internet, merci aux auteurs...

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C’est la plus tragique catastrophe minière qu’ait connu la Turquie jusqu’à ce jour. Et les cris de colère s’élèvent avec les cris de douleur. L'indignation gronde contre les discours officiels tentant de présenter cet accident comme faisant partie des "risques du métier". Des manifestations de protestation ont éclaté dans toutes les grandes villes. N'oublions pas que la Turquie occupe, hélas, le troisième rang, dans la liste noire du péril minier.

En effet, contrairement aux mines d’autres pays, la mine ne comportait pas de pièces étanches de survie ( permettant à quarante personnes de survivre trente jours), elle n’avait que des refuges précaires dans les galeries ;  les mineurs ne disposaient que d'un masque d’une autonomie de trente minutes. La plupart d’entre eux ont été asphyxiés par le monoxyde de carbone.

Vision tragique des 5000 mètres carrés de tombes creusées jusqu'à ce matin... Photo Internet

Vision tragique des 5000 mètres carrés de tombes creusées jusqu'à ce matin... Photo Internet

Quelles que soient leurs tendances politiques, les journaux révèlent les terribles conditions de travail des mineurs : 45 minutes de marche sous terre pour atteindre la galerie, 8 heures de travail quotidien 6 jours sur 7 pour un salaire moyen de 400 euros par mois. De nombreux politiques, journalistes, spécialistes, affirment que la gravité de l’accident est la conséquence de graves négligences dans la sécurité.  

Document copié sur Internet, merci aux auteurs...

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Quoi qu’il en soit, nous sommes tous et toutes sous le choc devant tant de deuils et de souffrances. Comment ne pas penser à ces pauvres hommes, beaucoup de jeunes, lentement asphyxiés, à ces femmes qui ont perdu leur époux, leurs enfants, leurs pères, leurs frères ? Face à une telle tragédie, on se sent impuissant. Nos problèmes quotidiens nous semblent soudain ridicules face à la douleur des autres, à qui on ne peut rien  offrir de plus que nos condoléances et notre compassion .  

Quel est donc le prix de la vie d’un mineur ? On aurait espéré qu'en 2014, les descriptions de Germinal  ne soient qu’un mauvais souvenir…

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Femmes de Soma, je pense à vous ce soir,

A vos hommes, vos fils, vos frères, votre père

Creusant pour quatre cents euros par mois l’enfer

Et qui ne rentreront plus, le visage noir,

A vos hommes couchés sous la terre…

Femmes de Soma, je pense à vous ce soir

A vos douleurs indicibles, votre désespoir

Quand vous regarderez le souterrain

Où Cerbère

Et ses vingt-mille euros de salaire

Ont englouti votre destin

Femmes de Soma, que votre âme

Etincèle comme une flamme

Un tison de prières

Pour réchauffer les gisants sans suaire

Murés avec vos cœurs dans le charbon…

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Présentation

  • : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d’Istanbul
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  • La Trilogie d'Istanbul : Fenêtres d’Istanbul, Grimoire d’Istanbul, Secrets d’Istanbul. La Sultane Mahpéri, Mes Istamboulines, Janus Istanbul (avec Erol Köseoglu), Sultane Gurdju Soleil du Lion.
Contributions : Un roman turc de Claude Farrère, Le Jardin fermé, Un Drame à Constantinople...
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Livres de Gisèle Durero-Köseoglu

2003 : La Trilogie d’Istanbul I,  Fenêtres d’Istanbul.

2006 : La Trilogie d’Istanbul II, Grimoire d’Istanbul.

2009 : La Trilogie d’Istanbul II, Secrets d’Istanbul.

2004 : La Sultane Mahpéri, Dynasties de Turquie médiévale I.

2010 : Mes Istamboulines, Récits, essais, nouvelles.

2012 : Janus Istanbul, pièce de théâtre musical, livre et CD d’Erol Köseoglu.

2013 : Gisèle Durero-Köseoglu présente un roman turc de Claude Farrère,  L’Homme qui assassina, roman de Farrère et analyse.

2015 : Parution février: Sultane Gurdju Soleil du Lion, Dynasties de Turquie médiévale II.

 

 

 

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